
Coinbase joue sur du velours pour son entrée en Bourse

Assurément, la flambée récente du bitcoin tombe à pic pour Coinbase. La plateforme américaine de cryptomonnaies a dégagé 322 millions de dollars (263,6 millions d’euros) de bénéfices pour 1,2 milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2020. Ces comptes placent le groupe américain en position de force alors qu’il se prépare à entrer en Bourse, sur le Nasdaq, dans les prochains jours. Coinbase est ainsi une des rares «licornes» à être (déjà) rentable pour son entrée en Bourse.
Cotation directe
Coinbase a délaissé l’introduction en Bourse traditionnelle (IPO) pour opter pour une cotation directe – popularisée avec succès par le géant du streaming musical Spotify – où aucune nouvelle action n’est vendue, les actionnaires existants pouvant vendre directement leurs actions sur le marché, le jeu de l’offre et de la demande se chargeant de fixer le prix d'équilibre. Coinbase n’a dévoilé ni la date à laquelle il envisage d’entrer sur le Nasdaq, ni le prix auquel ses actions ont été échangées dernièrement sur des marchés privés. Le groupe américain avait annoncé son intention de se coter en décembre dernier, officialisant des informations de presse.
Les chiffres, révélés ce jeudi dans son formulaire S-1 déposé auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC), donnent le premier aperçu détaillé des performances financières de Coinbase. La plateforme s’est lancée en 2012 comme une manière simple pour les utilisateurs d’acheter du bitcoin. Depuis, elle a ajouté une pôle de trading professionnel et une variété de services bancaires pour l’industrie florissante des cryptomonnaies.
La plateforme d’échanges de cryptomonnaies dit compter plus de 43 millions d’utilisateurs dans une centaine de pays, et 2,8 millions d’utilisateurs actifs par mois. Coinbase indique en outre avoir enregistré 456 milliards de dollars de transactions sur sa plateforme depuis ses débuts.
Rentabilité
Les 322 millions de dollars de bénéfices réalisés en 2020 sont à comparer à ses 30 millions de pertes déplorées en 2019, et son chiffre d’affaires en 2020 a bondi de 140% depuis les 533 millions de dollars qu’il avait gagnés en 2019.
Son bond n’est pas surprenant, étant donné que Coinbase réalise la plus grande partie de son chiffre d’affaires grâce aux commissions sur les transactions. Et alors que l’intérêt dans les cryptomonnaies a flambé en fin d’année dernière, avec un prix du bitcoin passé d’environ 10.000 dollars en septembre à plus de 30.000 dollars à la fin de l’année. Il s’échange actuellement autour de 50.000 dollars, avec un pic de 58.354 dollars atteint ce mois-ci et une capitalisation boursière de 1.000 milliards de dollars.
Le formulaire déposé auprès de la SEC révèle aussi l’identité des investisseurs phare de Coinbase. Le capital-risqueur Marc Andreessen détient ainsi plus de 5,5 millions d’actions, pour 14,2% des droits de vote, suivi par le fondateur et directeur général de Coinbase Bran Armstrong, avec 2,7 millions d’actions (21,8% des droits de vote), et son co-fondateur Fred Ehrsam (9% des droits de vote).
77 milliards de dollars de capitalisation
Dans une lettre aux investisseurs, Bran Armstrong présente le groupe comme «une société avec une vision ambitieuse : créer plus de liberté économique pour toute personne et entreprise. Chacun mérite d’accéder à des services financiers qui puissent l’aider à lui donner les moyens d’avoir une meilleure vie pour lui-même et ses proches, mais aujourd’hui nous sommes loin de cette vision».
Coinbase, dont la capitalisation pourrait atteindre 77 milliards de dollars à cette occasion, est une des introductions en Bourse les plus attendues de l’année. Son approbation par le régulateur boursier américain pour une cotation représenterait une victoire emblématique pour les avocats des cryptomonnaies.
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Katmandou - Le 8 septembre, l’étudiant Aditya Rawal a vu 14 personnes tomber devant lui sous les balles de la police près du Parlement népalais où il manifestait contre le blocage des réseaux sociaux et la corruption du gouvernement. Il s’est précipité, les mains en l’air, pour aider l’un de ses camarades quand il a été lui-même atteint à un bras et au ventre. «J’avais entendu quelque part qu’en levant les deux mains, ils ne nous tireraient pas dessus», raconte à l’AFP ce jeune spécialiste de marketing numérique de 22 ans, depuis son lit d’un hôpital de la capitale Katmandou. «Mais j'étais leur cible», ajoute-t-il. Ce lundi-là, Aditya Rawal avait rejoint le cortège de milliers de jeunes, réunis sous la bannière de la «Génération Z», qui dénonçaient un gouvernement à leur yeux corrompu et incapable de satisfaire leurs exigences, notamment en matière d’emploi. Plus de 20% des jeunes Népalais de 15 à 24 ans sont au chômage, selon les estimations de la Banque mondiale. «Il y avait eu beaucoup de manifestations auxquelles participaient des personnes plus âgées, mais lors de la nôtre, ils ont eu recours à des armes à feu», se désole-t-il. Au lendemain de la manifestation, la colère s’est prolongée dans les rues de la capitale, où les principaux symboles du pouvoir - Parlement, bâtiments gouvernementaux, résidences d'élus - ont été incendiés ou détruits. Selon le dernier bilan officiel, ces émeutes, les plus graves depuis l’abolition de la monarchie au Népal en 2008, ont fait au moins 72 morts. Et 191 blessés étaient encore hospitalisés dimanche, comme Aditya Rawal. Le Premier ministre KP Sharma Oli n’a eu d’autre choix que de démissionner, remplacé vendredi par l’ex-cheffe de la Cour suprême Sushila Kalki, 73 ans, à la tête d’un gouvernement provisoire jusqu’aux élections prévues le 5 mars 2026. «Du courage» L’infirmière Usha Khanal, 36 ans, raconte avoir soigné des blessés avec des gants «imbibés de sang» au milieu des gaz lacrymogènes tirés à proximité par les forces de l’ordre. L’hôpital public de Katmandou a admis 458 manifestants blessés, six y sont morts dont quatre âgés de moins de 30 ans. «Nous voulons un gouvernement transparent, sans corruption et pas une dictature», met en garde Aditya Rawal. «S’il n’y a pas de changement, nous avons encore le temps de nous battre.» La cousine d’Aditya Rawal, Puja Kunwar, 20 ans, reste à son chevet depuis lundi. «Il a agi pour notre pays», assure la jeune femme, «cela me donne vraiment du courage». Dans le même service, Subash Dhakal, un manifestant de 19 ans grièvement blessé aux genoux, a été informé par ses médecins. Il devra rester alité pendant six mois. Les sacrifices des victimes «ne doivent pas être vains», souligne-t-il. «Ce que nous avons fait a fait tomber le gouvernement et permis d’en nommer un autre (...) nous ne voulons pas que le pays retourne en arrière». Sa mère enseignante dans une école publique, Bhawani Dhakal, 45 ans, lui avait donné de l’argent pour rejoindre en bus les manifestations depuis leur ville natale, à 30 km de Katmandou. Elle raconte avoir elle-même manifesté, il y a quelques mois, avec des collègues contre un projet de loi sur l'éducation. Sans résultat. «C’est incroyable qu’ils aient réussi à susciter un tel changement en seulement vingt-quatre heures», se félicite-t-elle. «Nos enfants ont fait partir tous les dirigeants corrompus.» Subash Dhakal est tout aussi fier. «Je n’ai aucun regret,» affirme-t-il. «Je ne l’ai pas fait que pour moi mais pour tout le monde, de ma famille à tous les frères. La douleur (de ma blessure) est éphémère, elle aura surtout permis des changements». Glenda KWEK and Anup OJHA © Agence France-Presse -
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