Bruxelles veut placer l’UE au premier plan dans la course technologique mondiale

La présidente de la Commission entend développer une capacité européenne de production de semi-conducteurs, essentiels notamment pour les groupes automobiles ou de serveurs informatiques.
Clément Solal, à Bruxelles
Ursula von der Leyen, présidente de la CE, a prononcé son discours sur l'état de l'Union 2021 devant le Parlement européen à Strasbourg le 15 septembre 2021.
Ursula von der Leyen, présidente de la CE, lors de son discours sur l'état de l'Union devant le Parlement européen à Strasbourg le 15 septembre 2021.  -  Crédit European Union

Nous devons créer ensemble un écosystème européen des semi-conducteurs à la pointe du progrès», a lancé la présidente de la Commission européenne (CE) mercredi matin face au Parlement européen de Strasbourg. A l’occasion de son allocution annuelle sur l’état de l’Union, Ursula von der Leyen a annoncé la présentation prochaine d’une «nouvelle loi sur les semi-conducteurs» (European Chips Act), laquelle visera à développer massivement les capacités de production dans le marché unique. Objectif affiché : produire, d’ici à 2030, 20% des semi-conducteurs du monde au sein de l’UE, soit un doublement de sa part actuelle.

Cette nouvelle initiative s’appuiera sur le Projet important d’intérêt commun européen (PIIEC) - un mécanisme qui vise à promouvoir les investissements communs des Etats membres volontaires dans des domaines industriels stratégiques - déjà initié et auquel se sont progressivement joints 22 Etats membres. «Cela montre que le format des alliances de quelques Etats membres ‘volontaires’ est bonne pour amorcer des initiatives, qui peuvent ensuite être portées au niveau communautaire. Cet ‘European chips act’ visera à accorder plus de moyens financiers avec la création d’un Fond européen consacré aux semi-conducteurs. Enfin, l’accent sera mis sur la coopération avec d’autres partenaires extérieurs pour assurer plus de diversification dans les approvisionnements», pronostique Elvire Fabry, de l’Institut Jacques Delors.

«C’est aussi le signe que les Européens veulent compter dans la course au leadership technologique, poursuit cette spécialiste du commerce international. Car les ruptures d’approvisionnement actuelles nous laissent déjà entrevoir les problèmes de production de biens technologiques stratégiques ou de consommation courante, comme les voitures hybrides, auxquels nous serions exposés demain alors que la digitalisation de l’économie s’accélère».

Influence grandissante de Thierry Breton

«Il ne s’agit pas seulement de notre compétitivité mais il en va de notre souveraineté technologique. Accordons-lui donc toute notre attention», a ainsi plaidé la présidente de la CE. Un discours qui semble témoigner de l’influence grandissante du Commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton au sein de l’exécutif européen. «C’est du Thierry Breton dans le texte. Jamais, en début de mandat, la présidente n’aurait prononcé ces mots. Cela montre le poids qu’il a acquis dans cette Commission. Il a réussi à imposer ses thèmes car la pandémie nous a révélé nos vulnérabilités», glisse une source européenne.

Autonomie stratégique

Les pénuries subies par de nombreuses entreprises européennes ont placé tout en haut de l’agenda européen l’objectif de renforcement de la résilience des chaînes d’approvisionnement et le concept d’autonomie stratégique défendus par le Français. Un changement de paradigme incarné par la nouvelle stratégie industrielle présentée par Bruxelles en mai dernier. Sur la base d’une analyse de 5.200 produits importés dans l’Union, les services de la Commission y avaient recensé 137 «écosystèmes industriels sensibles» - dans lesquels l’UE est fortement dépendante - et 34 autres «particulièrement vulnérables» en raison de leur faible potentiel de diversification et de substitution par une production dans l’UE. Parmi ces produits, dont la moitié des importations sont originaires de Chine, figurent notamment les batteries, les matières premières, les principes actifs pharmacologiques ou encore l’hydrogène.

En plus de multiplier les contacts avec les différents écosystèmes industriels afin de diversifier les chaînes d’approvisionnement, Bruxelles mise à l’avenir sur la création de nouvelles alliances industrielles, réunissant les autorités nationales, les régions, les instituts de recherche industrielle et toutes les parties prenantes sur l’ensemble de la chaîne de valeurs, sous réserve que celles-ci ne nuisent pas à la concurrence. De telles alliances européennes ont déjà été initiées concernant l’hydrogène propre et la production de batteries.

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