Accor révèle la valeur mésestimée de son «lifestyle»

En vendant une partie de son réseau d’hôtels «lifestyle», Accor a mis en lumière un actif caché et bien valorisé.
Julien Marion, Agefi-Dow Jones
Le groupe hôtelier Accor
En Bourse, l’action Accor recule de 3% depuis le début de l’année.  -  RK.

Accor monétise un actif de haute qualité. Le groupe hôtelier a annoncé mardi soir être entré en négociations exclusives avec un groupe d’investisseurs qataris pour céder 10,8% d’Ennismore, son réseau d’hôtels «lifestyle».

Le montant total de l’opération s’inscrit à 185 millions d’euros, ce qui implique une valeur d’entreprise de plus de 2 milliards d’euros. A l’issue de la transaction, dont la clôture est prévue sur la seconde partie de 2022, le groupe dirigé par Sébastien Bazin conservera le contrôle de la société avec 62,2% du capital.

Bien que saluée par plusieurs analystes, cette cession n’a pas permis au titre d'échapper à la morosité générale du marché mercredi. L’action Accor a perdu 1,7% en clôture alors que le SBF 120 a terminé en baisse de 0,8%. «On aurait pu espérer une meilleure réaction de la part du marché car le ‘deal’ est positif et permet de cristalliser de la valeur. Mais il est difficile de résister aujourd’hui aux craintes sur l’environnement économique et inflationniste», remarque un analyste parisien.

Via cette opération, Accor met toutefois en exergue la valeur d’un actif sous-estimé par le marché. La vente de 10,8% du capital d’Ennismore fait ressortir un multiple «élevé» de valeur d’entreprise, représentant environ 18 fois l’excédent brut d’exploitation (Ebitda) attendu en 2023, apprécie Jefferies.

Un segment en forte croissance

Pour Bernstein, Accor dévoile la valeur d’un «actif caché», jusque-là relégué au second plan par le reste de son portefeuille. «Cette cession d’une participation minoritaire met en valeur la qualité des actifs ‘lifestyle’ d’Accor qui n'étaient pas forcément appréciés à leur juste valeur», résume Bruno de la Rochebrochard, analyste chez Bryan Garnier & Co.

Ennismore réunit une douzaine de marques, dont Mama Shelter, Mondrian et Gleneagles. Accor entend apporter à cette société ses participations dans Rixos et Paris Society. Ennismore comptera alors plus de 130 hôtels, contre environ 5.300 pour l’ensemble du groupe hôtelier en 2021. Cette société se focalise sur le segment «lifestyle» dont Accor souligne la «croissance rapide», avec un revenu par chambre disponible (RevPAR) - indicateur clé du secteur - qui a déjà «largement» dépassé les chiffres de 2019.

D’autres cessions sont probables à moyen terme, prévoit Bernstein. Accor détient toujours 30% d’AccorInvest, son ex-filiale immobilière, mais pourra repasser sous ce seuil à partir de mai 2023.

De plus, le groupe possède encore les murs d’hôtels en Australie via la société Mantra, rachetée en 2018. «Nous visons à être 100% ‘asset light’, la cession des murs d’hôtels est d’actualité et sera possible dès que nous aurons une bonne visibilité en Australie pour promouvoir au mieux un business plan auprès des investisseurs potentiels», a déclaré le groupe à l’agence Agefi-Dow Jones dans un courriel.

Bel été en vue mais automne nuageux

La vente de la participation de 3,3% dans le groupe hôtelier chinois Huazhu reste également sur la table, Accor jugeant cet actif non stratégique. La société assure toutefois ne pas être dans la «précipitation». «Le cours de Bourse de Huazhu est 50% plus faible que lors de la dernière transaction et nous n’avons pas de besoin urgent de liquidité», fait-elle valoir. En février 2021, Accor a cédé 1,5% de Huazhu pour 239 millions d’euros.

Ce réservoir de cessions constitue un catalyseur potentiel pour le groupe. Bernstein estime que les futures opérations de vente de la société pourraient financer un plan de rachats d’actions relutif.

A court terme, la prudence reste de mise sur le secteur. «La saison estivale sera belle pour les groupes hôteliers. Mais à partir de l’automne, les craintes économiques risquent de peser sur la demande de voyages et les ménages pourraient serrer la vis sur les dépenses discrétionnaires», explique Bruno de la Rochebrochard, de Bryan Garnier & Co.

Bernstein, qui a réitéré son conseil à «surperformance», considère néanmoins que le groupe français pourrait réserver de bonnes surprises lors de la publication de ses résultats semestriels. Plusieurs de ses marchés clé, comme la France ou l’Australie, ont enregistré de bonnes performances d’activité en mai ou en avril, selon le bureau d'études. Accor dévoilera ses comptes le 28 juillet.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles Bourse

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...

beymedias-1.svg