
Un amendement législatif fait chuter en Bourse les banques polonaises
Le secteur bancaire polonais est victime des luttes politiques qui s’exacerbent en Pologne à l’approche des élections législatives du 25 octobre. Les députés ont en effet adopté dans la nuit de mercredi à jeudi un amendement à un projet de loi qui déboucherait pour le secteur bancaire sur un quasi-doublement de la charge afférente aux emprunts immobiliers libellés en francs suisses.
Certaines banques ont perdu jusqu’à 24% en séance hier suite à cette décision, Getin Noble Bank, la plus exposée à ce type de crédits, ayant terminé sur un plongeon de 19%, contre une chute de 13,5% pour Millenium, filiale de la banque portugaise BCP.
Afin de bénéficier de taux d’intérêt moins élevés, plus d’un demi-million de Polonais ont souscrit à un emprunt immobilier en francs suisses, la plupart d’entre eux entre 2007 et 2008. Depuis lors, l’appréciation de 80% de la devise helvétique contre le zloty a pris à la gorge ces emprunteurs, le montant de leurs prêts étant devenu dans certains cas supérieur à la valeur de leur bien en monnaie locale. Un mouvement accentué par l’abandon du «peg» avec l’euro décidé par la Banque nationale suisse en janvier dernier.
Selon la nouvelle mouture du projet de loi, les banques supporteraient 90% du coût lié à un allègement de ces crédits immobiliers, contre une proportion initialement prévue de 50% qui leur aurait coûté environ 9,5 milliards de zlotys (2,3 milliards d’euros). «Ces dispositions ont été prises de façon non professionnelle», a déclaré Krzysztof Pietraszkiewicz, président de la fédération bancaire polonaise. «Cet accroissement augmente significativement la perte potentielle pour le secteur bancaire», a de son côté estimé Maciej Marcinowski, analyste chez Trigon à Varsovie. La société de courtage estime que la mise en place de cette mesure pourrait coûter aux banques 19 milliards de zlotys sur trois ans, alors que le secteur représente environ 8% du produit intérieur brut du pays.
La Plateforme civique, parti actuellement au pouvoir, s’est déclarée opposée à cette «solution populiste», en jugeant qu’il valait mieux en revenir au texte initial. Le régulateur financier polonais a de son côté demandé une étude sur l’impact de cette mesure sur la stabilité du secteur bancaire, si elle devait être définitivement votée. Le projet de loi doit encore être approuvé par le Sénat, dont la prochaine réunion est prévue pour le 2 septembre, avant d’être signé par le président Bronislaw Komorowski.
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