
SVB met en lumière la fragilité des banques régionales américaines

Les déclarations du président des Etats-Unis Joe Biden sur la «solidité» du secteur bancaire outre-Atlantique et la réaction rapide des autorités ont contribué à une accalmie de bien courte durée sur les marchés. La menace d’une crise de liquidité frappant des banques régionales de taille moyenne n’est pas écartée. Tandis que la Réserve fédérale (Fed) étudierait le retour à des règles plus strictes, incluant des stress tests pour ces banques, les agences de notation – qui n’ont pas réagi avant la faillite de SVB vendredi 10 mars– sont cette fois résolues à ne pas rater le prochain maillon faible.
Quatorzième banque américaine, First Republic Bank a été placée sous surveillance négative par S&P Global Ratings mardi, tandis que Moody’s revoit sa notation en vue d’une possible dégradation. Ancienne filiale de Merrill Lynch et Bank of America, passée dans le giron d’un consortium d’investisseurs dont Colony Capital et General Atlantic en 2010, First Republic Bank est spécialisée dans la banque privée et la gestion d’actifs. Du fait du profil de sa clientèle composée d’Américains fortunés, la plupart de ses dépôts ne sont donc pas assurés puisqu’ils excèdent la limite de 250.000 euros par déposant prise en charge par l’Agence fédérale de garantie des dépôts (FDIC). Une limite que la FDIC n’a cependant pas hésité à outrepasser dans le dossier SVB.
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Fuite des dépôts
Alors que la faillite de SVB a provoqué une crise de confiance, les agences de notation s’inquiètent ainsi de la «forte volatilité des dépôts» à laquelle est exposée First Republic Bank. Selon l’agence Bloomberg, les clients des banques régionales ont commencé à transférer leurs fonds vers les grandes banques. Bank of America aurait ainsi vu ses dépôts gonfler de 15 milliards de dollars depuis la faillite de SVB.
Par ailleurs, First Republic Bank présente un profil de refinancement plus risqué, pointent les agences. Pour rassurer sur sa liquidité, la banque basée à San Francisco a annoncé dimanche 12 mars qu’elle avait obtenu une rallonge de 70 milliards de dollars auprès de la Fed, de la Federal Home Loan Bank, la banque parapublique qui refinance les prêteurs locaux, ainsi qu’auprès de JPMorgan. Et c’est sans compter les nouvelles facilités annoncées lundi par la Fed en vue de soutenir la liquidité des banques américaines.
Des pertes latentes dans les portefeuilles obligataires
Bien qu’elles saluent cet accès supplémentaire à la liquidité, les agences de notation jugent que First Republic Bank pourrait tout de même se retrouver fragilisée en cas de fuite des dépôts plus importante qu’anticipé. Elle pourrait alors se retrouver contrainte, tout comme SVB, de vendre des actifs. Or, du fait de la remontée des taux, son portefeuille d’obligations détenues à long terme a perdu de la valeur. Selon Moody’s, le niveau de pertes non réalisées de ses obligations détenues à échéance (HTM) et disponibles à la vente (AFS) représenterait un coût de 37,7% sur son ratio de capital CET1. En cas de vente forcée de ses titres, la réalisation de ces pertes aurait donc un impact non négligeable.
First Republic Bank n’est pas la seule banque de taille moyenne qui suscite des inquiétudes. Moody’s a annoncé étudier une possible dégradation de la note de cinq autres banques régionales. Parmi elles, Intrust, une banque du Midwest (Kansas, Arkansas) présente «un faible niveau de capitalisation». Le niveau de pertes non réalisées dans son portefeuille obligataire qui pourraient se cristalliser en cas de vente forcée représente, selon l’agence, 91% de son ratio de capital CET 1. L’impact est de plus de 50% dans le cas de Zions, une banque de l’Utah, fortement positionnée sur le segment des petites entreprises, et de UMB, la banque du Missouri, qui compte parmi ses actionnaires BlackRock et Vanguard. Sur la liste des banques sous surveillance, figurent encore Comerica, un important prêteur d’entreprises au Texas, et Western Alliance, une grosse banque de l’Arizona.
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