
Scor chamboule la succession de Denis Kessler

La séparation des fonctions de président et de directeur général était une demande récurrente de plusieurs actionnaires de Scor. Le réassureur a finalement accéléré le processus : il a annoncé ce lundi que Denis Kessler quittera la direction générale du groupe à l’issue de l’assemblée générale qui se tiendra le 30 juin 2021, «pour des raisons personnelles». Mais le dirigeant emblématique de Scor conservera la fonction de président du conseil d’administration, une fois son mandat renouvelé lors de l’AG 2021. Ce mouvement intervient un an avant l’échéance originellement prévue pour scinder les pouvoirs.
Autre coup de théâtre : c’est Laurent Rousseau, actuel directeur général adjoint de Scor Global P&C, président de Scor Europe et membre du comité exécutif du groupe qui prendra la suite de Denis Kessler. Et non Benoît Ribadeau-Dumas, qui avait pourtant été nommé directeur général adjoint de Scor le 1er janvier 2021 dans cette perspective.
«Les conditions n’étaient pas réunies»
Cette décision du comité des rémunérations et des nominations constitue donc une surprise. Laurent Rousseau faisait en effet lui-même partie de la «short-list» des candidats à la succession de Denis Kessler cet automne avant que Benoît Ribadeau-Dumas, ancien directeur de cabinet d’Edouard Philippe à Matignon, ne lui soit préféré. Le conseil d’administration s’est justifié en déclarant que «les conditions n’étaient pas réunies pour que Benoît Ribadeau-Dumas, qui n’avait pas exercé préalablement de responsabilités dans le secteur de l’assurance ou de la réassurance avant de rejoindre le groupe, prenne les fonctions de directeur général de Scor dès juin 2021».
Ce discours officiel appuierait la thèse selon laquelle l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) n’aurait pas agréé la nomination de Benoît Ribadeau-Dumas en tant que dirigeant effectif, comme l’exige la réglementation des assureurs. Mais certains observateurs penchent plutôt pour un désaccord entre le directeur général adjoint et le PDG historique de Scor. «Laurent Rousseau est un fidèle parmi les fidèles de Denis Kessler», fait remarquer un bon connaisseur du secteur. «Sa nomination permet à Denis Kessler d’avoir quelqu’un de proche et de continuer à assurer sereinement la présidence du groupe», continue-t-il.
Un nouveau mandat
Cette accélération du calendrier, provoquant en dégât collatéral le départ de Benoît Ribadeau-Dumas, ne calmera donc pas certains minoritaires qui regrettent toujours que Denis Kessler brigue un autre mandat de président. Si, par exemple, Catherine Berjal, co-fondatrice de la société de gestion activiste Ciam, se dit «très satisfaite» de la séparation des fonctions de directeur général et de président chez Scor, elle estime qu’il «n’y a aucune raison pour que Denis Kessler prolonge sa présidence». En 2019, Ciam avait déjà réclamé lors de l’assemblée générale que ces fonctions soient séparées.
Le sujet de la succession de Denis Kessler, qui fête ses 70 ans cette année, n’est donc pas encore clos. Cela n’est pas très surprenant : cela fait maintenant plus de cinq ans que le dirigeant prépare le passage de témoin. En 2016 déjà, il avait annoncé prévoir sa suite à la demande du conseil d’administration, avant que celui-ci ne lui accorde un nouveau mandat en 2017 courant, jusqu’à cette année. Ce sera finalement, sauf nouveau coup de théâtre, pour un mandat supplémentaire, à condition de repousser la limite d'âge du président au-delà des 70 ans.
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Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse