Robinhood veut révolutionner la Bourse et le private equity en s’appuyant sur les cryptos

La dernière initiative du courtier américain pour se diversifier fait franchir une nouvelle étape aux technologies qui sous-tendent les cryptomonnaies. Les actions américaines désormais proposées sous forme de «tokens» sur le marché européen ont été saluées par les analystes et inaugurent un accès facilité à une large gamme d’actifs numériques.
Agefi-Dow Jones
Robinhood a signé cet été une entrée fracassante sur le Nasdaq.
Robinhood a rejoint la Bourse en 2001  - 

Après l’argument du prix et de la vitesse, Robinhood déploie un nouvel angle d’attaque pour séduire les investisseurs individuels européens : les tokens. Ce nouvel outil d’investissement leur permettra de miser sur plus de 200 actions et fonds indiciels (ETF) cotés aux Etats-Unis, a annoncé la société californienne de services financiers lundi lors d’une conférence organisée à Cannes. L’actif sous-jacent sera détenu par Robinhood ou un de ses partenaires, tandis que les clients recevront un jeton numérique (token) authentifié par une blockchain.

En parallèle, Robinhood a également élargi son offre de trading de cryptomonnaies aux résidents de l’Union européenne (UE) et a annoncé le lancement de nouveaux instruments à effet de levier comme un contrat à terme perpétuel sur les cryptomonnaies, sans date d'échéance.

Cette nouvelle offre sans frais de gestion, à l’exception d’une commission de change de 0,1%, est vue comme un moyen pour Robinhood d'élargir fortement sa clientèle. Sa présentation en début de semaine a propulsé l’action Robinhood à un nouveau sommet historique sur le Nasdaq.

A la clôture de mercredi, avec un titre à 97,98 dollars, Robinhood, coté en Bourse depuis l'été 2021, affiche une progression de près de 163% en Bourse depuis le début de l’année et de 336% sur un an, selon les données de FactSet. En parallèle, le Nasdaq Composite affiche une progression de seulement 5,6% depuis janvier et de 13,1% sur un an.

La valorisation du groupe s’est également envolée en matière de ratio cours sur bénéfices. Le PER atteint désormais 76,9 à horizon fin 2025 et 64,6 à fin 2026, d’après FactSet. A titre de comparaison, ce ratio est en moyenne de 30,2 à fin 2025 et 25,3 à fin 2026 pour les entreprises du Nasdaq Composite.

Démocratiser les placements dans le non-coté

Parmi les actions «tokenisées» par Robinhood figureront même certaines sociétés non cotées comme OpenAI et SpaceX. Ces dernières étaient jusqu’ici la chasse gardée des investisseurs institutionnels et d’un cercle étroit de riches particuliers, même si elles figuraient déjà dans le portefeuille de certains fonds d’investissement.

Robinhood «se renforce dans les cryptos et ces lancements de nouveaux produits lui offrent des perspectives importantes de revenus et de bénéfices à l’avenir», commente Brett Knoblauch de Cantor Fitzgerald.

La plateforme «va chercher à démocratiser l’accès au non-coté en utilisant l’infrastructure de la blockchain pour tokeniser les actions des entreprises hors marché», souligne également l’intermédiaire, qui confirme son avis «surpondérer», tout en relevant son objectif de cours de 89 à 100 dollars. Aux yeux de Cantor, le courtier fait désormais figure de titre «à posséder impérativement dans le secteur».

De son côté, KeyBanc a quasiment doublé son objectif de cours, qui passe de 60 à 110 dollars à la suite de ce lancement. Deutsche Bank conserve sa recommandation d’achat et relève sa cible de 85 à 96 dollars.

A lire aussi: Robinhood rachète la plateforme d’échange crypto Bitstamp

Une infrastructure numérique pour le système financier

L’utilisation des tokens permettra aussi aux clients européens de Robinhood d’accéder à une autre fonctionnalité tout juste introduite par la firme : le staking de cryptomonnaies telles que l’ether ou le solana. Ce mécanisme propose à l’utilisateur de mettre ses actifs à la disposition de la plateforme pour qu’elle s’en serve pour valider des transactions en blockchain. Il reçoit en échange une rémunération comparable à des intérêts.

Egalement lancée aux Etats-Unis, cette option doit permettre à Robinhood de combler son retard sur les principaux acteurs du staking tels que Binance, Kraken ou Coinbase.

En revanche, le recours aux tokens n’est pas prévu à ce stade sur le marché américain et vise uniquement à attirer les épargnants européens. L’analyste de Cantor Brett Knoblauch juge qu’une extension de la «tokenisation» aux Etats-Unis semble peu probable dans un avenir proche : «nous prévoyons des obstacles réels pour les actions comme pour le capital-investissement tokenisés, le cadre n’existe pas encore pour que cela soit mis en place».

La portée de ces produits dérivés issus du monde des cryptos reste à déterminer. Mais l’ambition du PDG de Robinhood, Vlad Tenev, est clairement affichée: «Nos dernières offres posent les fondations pour que les cryptos deviennent la colonne vertébrale du système financier mondial».

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