
Oney Bank, la filiale de BPCE et d’Auchan, est chahutée par la remontée des taux

Avis de tempête sur le crédit à la consommation. Selon plusieurs sources concordantes interrogées par L’Agefi, Oney Bank, la filiale commune de BPCE et d’Auchan, devrait boucler l’année 2022 avec un résultat « tout juste à l’équilibre ». Le spécialiste du crédit à la consommation distribué sur les lieux de vente d’Auchan et de la galaxie Mulliez (Leroy Merlin, Décathlon, Boulanger, Alinea) avait enregistré en 2021 un résultat avant impôt de 40 millions d’euros, en repli de 34,5% en raison notamment de la « baisse de la fréquentation en magasins » et des charges dues aux investissements « dans le digital et le développement en Europe, notamment en Allemagne », selon la communication financière de BPCE. Depuis que le groupe bancaire a pris 51% du capital de la filiale d’Auchan Holding (Elo) en 2019, les résultats d’Oney sont consolidés dans les comptes de BPCE.
Au premier semestre 2022, Oney, qui est intégrée au pôle digital et paiements de BPCE dirigé par Yves Tirode, a enregistré une croissance de ses revenus nets de 4,7%, tandis que les frais de gestion sont « en croissance pour accompagner le développement de l’activité ». Leader du paiement fractionné dans l’Hexagone, Oney tire surtout ses revenus du crédit à la consommation traditionnel sur les lieux de vente, c’est-à-dire les prêts personnels et les crédits renouvelables. La filiale de BPCE, qui opère en France, mais aussi en Belgique, aux Pays-Bas, en Espagne, au Portugal, en Italie, en Pologne et en Roumanie, a subi de plein fouet l’impact de la remontée des taux sur les coûts de refinancement « plus brutal qu’anticipé », selon une source au fait du dossier.
Le crédit conso à la peine
Alors que les pure players du paiement fractionné comme Klarna paient le coût de leurs investissements mais subissent moins l’impact de la remontée des taux, les acteurs comme Oney au modèle hybride font face aux secousses sur le marché du crédit à la consommation. « La remontée des taux peut affecter le paiement fractionné, en plus de la remontée du coût du risque. Mais la force du modèle réside dans le fait qu’à date ce sont les commerçants partenaires qui paient, contrairement au crédit à la consommation sur le lieu de vente. Les acteurs du crédit à la consommation, eux, subissent une baisse des volumes finançables du fait du recul de la consommation dans le contexte inflationniste et des niveaux bas du taux d’usure », explique Mark Bennett, managing director chez Alvarez&Marsal.
Les groupes bancaires qui investissent dans les acteurs du paiement fractionné souhaitent « capter la clientèle par le BNPL (buy now pay later)pour tenter de lui vendre du crédit classique, mais ce modèle de cross selling reste très difficile à trouver car les clientèles sont différentes », ajoute Gauthier Labalette, director au sein du cabinet. Chez Oney, les revenus tirés du BNPL ont crû de 8% au premier semestre 2022. Le paiement fractionné est de plus en plus plébiscité par les Français, notamment dans le contexte inflationniste. « Mais il ne compense pas encore les pertes dans le crédit à la consommation, qui a longtemps été la vache à lait des groupes bancaires », remarque Gauthier Labalette.
Contacté par L’Agefi, Oney indique « enregistrer une bonne dynamique commerciale. Mais notre résultat est affecté, comme tous les acteurs du secteur, par le contexte macroéconomique et financier. » La coentreprise de BPCE et d’Auchan aurait, en conséquence, décidé de geler les embauches jusqu’à nouvel ordre, indiquent plusieurs sources concordantes. « Nous temporisons les recrutements pour le moment », précise Oney.
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