
« Mobilité, santé... nous créons six écosystèmes en interne »

Quel sens donnez-vous à la « disruption technologique » ?
Jacques Richier - La rupture technologique est importante partout, mais n’a pas le même impact dans des activités BtoB (business to business) – comme la réassurance particulièrement intéressée par la Blockchain – et dans l’assurance BtoC (business to consumer) ou en BtoBtoC. Sur le plan technologique, la rupture ne vient pas des objets connectés en soi, mais de la capacité à traiter les données et à inventer de nouveaux services grâce aux informations recueillies. Par ailleurs, la technologie entraîne une accélération globale et polymorphe, qui répond aux attentes des individus et permet le développement de nouveaux usages comme de l’économie collaborative. Il faut rester alerte pour saisir tout ce qui émerge. Pour autant, le terme de « disruption » est-il adapté ? Le jour où ces comportements généreront 50 % de notre chiffre d’affaires, la réponse sera claire. Pour l’instant, nous pensons que le partage de véhicules ou de logements, les échanges de services, etc. représenteront 5 % de notre chiffre d’affaires dommages en 2020. Mais il ne faut pas passer à côté. Ainsi, nous avons créé une offre dédiée aux véhicules semi-autonomes il y a un an et demi. Sur ce segment, notre part de marché est plus importante qu’en assurance automobile globalement (10 %). Aujourd’hui, les voitures avec un dispositif de stationnement automatique, capables de gérer la direction, l’accélération ou le freinage, constituent 2 % à 3 % du parc. La proportion pourrait être de 25 % à 30 % en 2025.
Comment veillez-vous à « tout ce qui émerge » ?
Nous avons notre accélérateur de start-up au stade Allianz Riviera de Nice. Il ne s’agit pas d’un incubateur : les entreprises ont déjà une activité. Nous en avons sélectionné six en juin, pour la « 5e saison ». Nous continuons à accompagner les précédentes, notamment pour leurs levées de fonds. Certaines réalisent des PoC (proof of concept) chez nous, des réalisations expérimentales concrètes. Nous observons ce que chacune fait différemment de nous et ce qui aurait un sens dans notre activité. Dès lors, il y a trois approches : l’intégration, le partenariat et l’investissement. Nous avons donc aussi lancé le fonds InnovAllianz en juin 2016, géré par Idinvest. L’objectif est de créer un continuum avec tous ces éléments, mais aussi avec les initiatives lancées en interne chez Allianz France, dans le cadre du plan stratégique 2015-2020 « Innovation et confiance ».
Votre organisation va-t-elle changer ?
Notre organisation fonctionnelle n’a pas besoin de changer. Nos méthodes et approches de travail, en revanche, oui. Pour appréhender l’évolution de nos métiers, nous allons mettre en place six écosystèmes dans les prochains mois. Après « Ma mobilité », écosystème pilote lancé le 6 novembre, « Ma santé » verra le jour en janvier. En tant qu’assureur auto, nous devons nous préparer à assurer la mobilité. Delphine Asseraf (directrice digital, marque & communication, NDLR) est « leader » de l’écosystème « Ma mobilité ». Pendant de ce qui existe sur le marché, avec des constructeurs automobiles, des start-up et leurs plates-formes de partage, des équipementiers, des opérateurs de télécommunications, des villes, etc., cet écosystème rassemble plus de 120 personnes qui travaillent en squads* pour un fonctionnement agile. Nous avons pu constater la grande efficacité de cette méthode de travail pour prendre en charge la multiplicité des changements réglementaires dans l’assurance-vie avec des spécialistes de la distribution, de la communication aux assurés, du fichier des contrats (Ficovie) et des systèmes d’information. Ces neuf derniers mois, nous avons travaillé à la définition même des écosystèmes dans lesquels Allianz France s’inscrit et du rôle du management dans ce nouveau fonctionnement.
Comment les collaborateurs sont-ils impliqués ?
On ne peut pas dire que les usages changent à l’extérieur et que rien ne bouge en interne. Nous avons une réflexion en cours sur l’avenir du management et le travail collaboratif. D’ores et déjà, dans les squads, il n’y a plus de managers, mais des « animateurs ». Et les collaborateurs sont tous volontaires. Pour cela, il faut faire évoluer la culture d’entreprise. Cela passe par l’« Allianz Lab° » et les « Innovathons », des dispositifs d’intrapreneuriat qui permettent à nos collaborateurs de développer leurs idées tout au long de l’année. Par ailleurs, fin novembre, les équipes travailleront pendant deux jours sur le big data. Tous les deux ans, nous avons aussi nos « Grands défis », des concours d’innovation participative ouverts à l’ensemble de nos collaborateurs et agents. Cette année, il porte sur la simplification. Plus largement, nous organisons aussi, au siège, des conférences – comme avec le directeur général de Twitter fin octobre – à fin pédagogique pour que chaque collaborateur participe sans crainte a priori à la transformation de notre environnement.
Pourquoi avoir choisi la mobilité pour roder vos écosystèmes ?
C’est là qu’il y a le plus d’initiatives et de changements attendus, pour les deux-roues surtout (vélos, scooters, vélos électriques…) et quatre-roues, dans la perspective de Paris sans voiture à essence en 2030. Avec près de 3 millions de véhicules assurés en France, Allianz ne peut pas ignorer les évolutions urbaines que le Megacities Institute, dont nous faisons partie, étudie, ni les petites veines de croissance liées aux nouveaux usages et à l’économie collaborative. Parce qu’il faut trouver du chiffre d’affaires de substitution et parce qu’il n’y aura pas de place pour tout le monde.
D’autres assureurs – Axa ou la Maif – ont la même réflexion…
Et peut-être la même conclusion : avec les partenariats, c’est tout ou rien. Allianz France génère ainsi, dans la mobilité, 10 millions de chiffre d’affaires en 2017 avec des partenaires comme CityScoot (scooters électriques en libre-service, NDLR), Drivy ou Luckyloc (location voitures et utilitaires à 1 euro). A cinq ou dix ans, les start-up d’aujourd’hui auront pris de l’ampleur. Et garderont le même partenaire d’assurance en passant les frontières. Allianz ou un autre partenaire mondial pourra les accompagner.
Propos recueillis par Sylvie Guyony
*Squads : équipes multidiscliplinaires colocalisées.
Assurer la mobilité - Allianz France est numéro 4 du marché de l’assurance auto - avec 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires - soit 35 % de son activité dommages.
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Gaza-ville: un exode massif se déroule, alors que Tsahal intensifie ses frappes
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Agriculteurs, syndicats, partis, patrons: Sébastien Lecornu se retrouve déjà sous haute pression
Paris - Revendiquant des «ruptures» dans la politique du gouvernement, le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu se retrouve néanmoins dimanche sous les pressions conjuguées des oppositions, des mouvements sociaux, jusqu’aux agriculteurs et même aux patrons qui menacent de se mobiliser. Dans ses premiers actes, l’ancien ministre des Armées a annoncé samedi l’abandon de la mesure rejetée par les Français de suppression de deux jours fériés. Il a tendu la main à la gauche, hors-LFI, et à l’appui de son changement de méthode, il annonce le lancement d’une nouvelle réforme de décentralisation, et plus symboliquement la suppression des avantages bénéficiant aux anciens ministres. Mais pour des raisons souvent contraires, ce sont les menaces de blocages, sur le terrain politique ou social, ou les avertissements qui ont déferlé dimanche au lendemain de sa prise de parole dans la presse régionale. Le Parti socialiste, qui sera crucial pour la survie du gouvernement et avec qui le Premier ministre souhaite engager une discussion «moderne et franche» sur le budget 2026, a rappelé ses lignes rouges. «Si le Premier ministre souhaite demeurer en poste, il doit comprendre qu’il y a une soif de changement dans le pays. (...) La rupture, c’est suspendre la réforme des retraites, c’est permettre l’augmentation des salaires», a rappelé le député Philippe Brun sur Franceinfo. Les socialistes demandent la mise en oeuvre en France de la taxe sur les plus hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman. «Il y a des questions de justice fiscale, de répartition de l’effort et il faut y travailler sans idéologie, j’y suis prêt», a dit Sébastien Lecornu, avant de mettre en garde: «Attention néanmoins au patrimoine professionnel, car c’est ce qui permet de créer des emplois». Une façon d'évacuer la taxe prônée par le PS qui affirme qu’elle pourrait rapporter 20 milliards d’euros. Pour les macronistes, ce n’est «pas une bonne piste», a réaffirmé la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet sur LCI. Le patronat, de son côté, est monté au créneau dès samedi soir. Le président du Médef Patrick Martin a averti que le gouvernement ferait face à «une grande mobilisation patronale» sous la forme de meetings de milliers de chefs d’entreprises si les impôts sur les sociétés augmentaient. Sébastien Lecornu compte sur les partenaires sociaux pour trouver par la négociation des économies supplémentaires, et compenser l’abandon de la mesure sur les jours fériés qui devait rapporter 4,2 milliards d’euros au budget 2026. «Il n’a rien à faire là» Son prédécesseur François Bayrou tablait sur des économies de 44 milliards d’euros au total, un chiffre qui pourrait être revu à la baisse dans la négociation qui va désormais s’ouvrir. Sans majorité à l’Assemblée, le Premier ministre devra cet automne espérer la non-censure des socialistes ou du Rassemblement national (RN) pour se maintenir. Mais il a clairement indiqué que c’est vers la gauche qu’il se tournerait d’abord. Côté Ecologistes, la réponse est déjà négative. Leur cheffe Marine Tondelier a affirmé qu’elle n’entendait pas négocier avec un Premier ministre qui, a-t-elle dit sur RTL, «n’a rien à faire là» car elle considère qu’Emmanuel Macron aurait dû nommer une personnalité de gauche. Au sein de la coalition sortante, on cherche cependant des voies de passage. Yaël Braun-Pivet a appelé dimanche à un accord autour d’un chiffre de 35 à 36 milliards d'économies dans le budget 2026. La porte-parole des Républicains (LR) Agnès Evren a indiqué sur France 3 que le chiffre de 44 milliards «peut se négocier». Les syndicats de leur côté préparent leurs mobilisations de jeudi prochain, qui devraient entraîner des grèves dans plusieurs secteurs, et être plus massives que la journée de blocage du 10 septembre. «Nous voulons battre le fer pendant qu’il est chaud, envoyer l’ensemble du musée des horreurs du budget Bayrou aux oubliettes de l’histoire», a dit à l’AFP la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet. Et dimanche, c’est le président de la FNSEA Arnaud Rousseau qui a ajouté la voix des agriculteurs aux tensions politiques et sociales du moment. «Une grande journée d’action» aura lieu le 25 septembre autour des questions des échanges internationaux pour les produits agricoles, a-t-il annoncé. Hervé ROUACH © Agence France-Presse -
Le pape Léon XIV célèbre ses 70 ans entouré des fidèles sur la place Saint-Pierre
Cité du Vatican - Le pape Léon XIV, qui a fêté dimanche ses 70 ans, a remercié à l’issue de la prière de l’Angélus les fidèles venus par milliers sur la place Saint-Pierre au Vatican avec des pancartes lui souhaitant un joyeux anniversaire. «Très chers, il semble que vous savez que j’ai 70 ans aujourd’hui», a-t-il lancé souriant aux fidèles. «Je rends grâce au Seigneur, à mes parents et je remercie tous ceux qui ont eu une pensée pour moi dans la prière», a sobrement conclu le souverain pontife, applaudissant la foule. Aucun événement n’est officiellement prévu par le Vatican pour fêter l’anniversaire du pape qui présidera dans l’après-midi une messe pour les martyrs du XXIe siècle. De nombreux messages de voeux sont cependant arrivés à Léon XIV de la part de personnalités politiques italiennes, notamment les présidents de la République, du Sénat et de la Chambre des députés. © Agence France-Presse