
Les régulateurs européens et britanniques s’emparent du scandale Wirecard

La Commission européenne va saisir l’Autorité européenne de supervision des marchés financiers (Esma) pour vérifier d'éventuels manquements de la part du régulateur financier allemand dans le scandale Wirecard.
« Nous demanderons à l’Esma d’enquêter sur d'éventuelles défaillances en matière de surveillance et, si elles sont avérées, de définir un éventuel plan d’action », a déclaré Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne, dans une interview accordée au Financial Times.
Selon les résultats de l’enquête préliminaire, l’exécutif européen pourrait lancer une enquête formelle pour déterminer si la BaFin, le régulateur financier allemand, a enfreint la loi européenne sur les rapports financiers, a expliqué Valdis Dombrovskis. « Nous devons clarifier ce qui n’a pas fonctionné », a-t-il souligné, ajoutant que l’Esma devra apporter une réponse d’ici la mi-juillet.
L’Esma a confirmé avoir été prié d’enquêter sur la BaFin.
La FCA britannique se saisit du sujet
Le scandale Wirecard fait tâche d’huile outre-Manche. Dans un communiqué publié vendredi matin sur son site internet, la Financial conduct authority (FCA) a annoncé avoir suspendu les activités régulées du groupe allemand via sa filiale locale Wirecard Card Solutions Limited en raison des « événements en cours en Allemagne ».
Wirecard Card Solutions Limited est autorisée et supervisée par le régulateur financier britannique dans le cadre de l’émission de monnaie électronique (cartes prépayées…) et de services de paiement. A partir de ce jour, la FCA demande ainsi à Wirecard de ne pas se délester d’actifs ou de fonds, de ne plus exercer d’activités réglementées et de faire une déclaration sur son site internet pour prévenir ses clients.
Wirecard exerce également en France via sa filiale Wirecard Bank. Elle dispose pour cela d’une autorisation de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) dans le cadre du passeport européen. Sollicitée par L’Agefi, l’ACPR a indiqué qu’elle « ne commente pas les cas particuliers ».
Le scandale Wirecard a conduit à la démission de Markus Braun, président du directoire de l’entreprise depuis 2002, soupçonné par la justice allemande d’avoir gonflé le bilan du groupe afin de le rendre plus attractif aux yeux des investisseurs et des clients. Il a depuis été remis en liberté conditionnelle contre une caution de 5 millions d’euros.
Jan Marsalek, l’ancien directeur général adjoint de Wirecard, en charge des finances, qui fait également l’objet de soupçons, a quitté mercredi les Philippines, où se joue une partie du scandale, pour se rendre en Chine, a annoncé vendredi le ministère philippin de la Justice.
EY se défend
Jeudi soir, EY, l’auditeur de Wirecard, qui fait également l’objet de critiques, a déclaré dans un communiqué avoir « des indications claires qu’il s’agissait d’une fraude élaborée et sophistiquée impliquant de multiples parties dans le monde entier ». Chargé de l’audit du groupe de paiements depuis 2011, EY a expliqué qu’au moment de son travail sur les chiffres de 2019, elle a reçu de fausses confirmations concernant des comptes bloqués et les a signalées aux autorités compétentes.
Selon Der Spiegel, SoftBank réfléchirait à poursuivre EY. Le groupe japonais avait garanti en septembre 2019 l'émission d’obligations convertibles de 900 millions d’euros réalisée par Wirecard.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse