« Les polices cyber sont à la fois hors de prix et vidées de leur substance »

La parole à... Olivier Wild, directeur des risques et des assurances de Veolia et président de l’Amrae*
Morgane Rémy
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Olivier Wild, directeur des risques et des assurances de Veolia et président de l’Amrae*

Sentez-vous un retrait des assureurs dans le domaine du cyber ?

Clairement, oui ! Le marché assurantiel est cyclique. Pendant dix à quinze ans, il a été très compétitif. Cela se sentait sur le cyber, avec des assureurs proactifs et innovants. Puis il y a eu un changement brutal en deux ou trois ans seulement. Les assureurs tentent de morceler leurs risques. Ils y vont avec des capacités de 10 à 12 millions d’euros alors que les grands groupes pouvaient obtenir entre 100 et 150 millions auparavant. De plus en plus d’assureurs refusent même d’y aller en première ligne. Les polices cyber sont désormais à la fois hors de prix et vidées de leur substance. A cela s’ajoute un dialogue complexe entre entreprises et assureurs !

Que voulez-vous dire par là ?

Globalement et particulièrement en cyber, les dernières campagnes de renouvellement ont été très tendues. Pourtant, les grandes entreprises ont traité ce risque très sérieusement. Au sein de l’Amrae, nous constatons qu’il y a une progression fulgurante en la matière et que les dirigeants, très impliqués sur la question du cyber, ont envie d’échanger sur ce qui a été développé dans le cadre de la gestion du risque. Or les équipes de souscription manquent cruellement d’experts capables de comprendre ce que nous avons mis en place. Et elles sont souvent localisées dans des pays anglo-saxons, qui peinent à comprendre nos spécificités européennes.

L’une des solutions est l’auto-assurance, donc la création d’une captive. Est-ce vraiment la panacée ?

Les risk managers de grands groupes, dont je fais partie, ont déjà beaucoup innové avec des captives d’assurance. C’est notre façon de prendre notre part de risques et de le gérer au mieux, en mobilisant l’ensemble de l’entreprise autour de ce projet d’auto-assurance. Mais la gestion du risque est évidemment une chaîne de valeur : prévention, partage mais aussi externalisation de ce risque. C’est avec cet ensemble de solutions que nous serons résilients face à une menace d’une telle ampleur ! Nous avons encore besoin des assureurs. Et nous souhaitons rétablir le dialogue au plus vite.

*Association pour le management des risques et des assurances de l’entreprise.

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