Les écarts de performance se creusent dans le secteur de la banque d’affaires

Depuis la crise, le secteur est soumis à de nombreux défis qui militent pour une spécialisation et une différenciation des acteurs, selon le BCG.
Julien Beauvieux

Les banques d’affaires n’ont pas toutes réagi avec la même efficacité depuis le déclenchement de la crise financière de 2007-2008. Selon une étude du BCG, qui s’appuie sur le concours de plus de 250 divisions de «corporate banking», l’écart de rendement sur fonds propres réglementaires du quartile le plus performant comparé au quartile le moins efficace a ainsi augmenté de 14 à 21 points de pourcentage entre 2007 et 2013.

Le mouvement est en outre décelable aux deux extrémités du spectre. La rentabilité sur fonds propres du premier quartile a baissé de 9% à 5% maximum, quand celle du troisième quartile a augmenté de 23% à 26%. «Bien que la crise de 2007-2008 ait été une ligne de fracture majeure qui a poussé de nombreux acteurs au bord du précipice, le retournement des marchés a camouflé des changements plus radicaux», souligne le BCG. Outre le durcissement réglementaire, le cabinet cite également la mutation des besoins des clients, la digitalisation, la désintermédiation et la globalisation bancaire.

Face à ces évolutions, les acteurs qui se sont le mieux adaptés ont pu préserver la création de valeur. Aux Etats-Unis, les banques d’affaires ont certes vu la performance maximum du troisième quartile refluer de 32% à 29%, mais celle du premier quartile a augmenté de 17% à 18%, légèrement au-dessus du taux de rendement minimal («hurdle rate») incorporé dans la méthodologie du BCG.

En Europe de l’Ouest, la performance des meilleurs s’est à l’inverse stabilisée à 17%, tandis que le premier quartile engrange un retour sur capital maximum de -1%. La médiane se situe elle à environ 12%. «Malgré des mesures de redressement dans de nombreuses banques, l’Europe de l’Ouest compte quelque 65% d’acteurs affichant des profits économiques (calculé sur la base d’un ratio de fonds propres de 10,5%, ndlr) négatifs et déclinants», souligne ainsi le BCG.

Cette dynamique négative, certes limitée à 25% aux Etats-Unis et à 44% au niveau mondial, constitue un véritable challenge pour le secteur. «Les banques ne peuvent plus se payer le luxe de tout faire, partout et pour tous les clients», analyse le BCG, qui plaide en particulier pour «une spécialisation et une différenciation». Dans un monde où la liquidité devient précieuse, elles devront aussi «créer de nouvelles capacités d’origination de crédit mieux adaptées à un environnement d’après-crise».

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