
Les banques françaises devraient faire état d’un trimestre mitigé

BNP Paribas et la Société Générale donneront vendredi le coup d’envoi des publications de résultats dans le secteur bancaire français, pour les trois premiers mois de l’année. Après un exercice 2017 clos sur un confortable bénéfice de 23 milliards d’euros au total pour les six principaux groupes bancaires de l’Hexagone, le premier trimestre 2018 devrait être le plus «difficile» de l’année, selon les analystes d’UBS.
Ceux-ci invoquent notamment les renégociations de crédits immobiliers dans la banque de détail en France. Ce phénomène avait été très important au premier trimestre 2017, les ménages saisissant l’occasion de la baisse des taux pour refinancer leurs crédits à l’habitat. Conséquence, le taux d’intérêt moyen du portefeuille de prêts immobiliers des banques a diminué, ce qui pèse sur la marge nette d’intérêt qu’elles tirent de la transformation de ressources à court terme en crédits à long terme.
En outre, les revenus des banques ont dû pâtir, de janvier à mars, du retour à la normale des indemnités de remboursement anticipé et autres frais de renégociation de crédits immobiliers, qui avaient été particulièrement élevées sur la même période de l’exercice précédent. Cette base de comparaison défavorable est appelée à s’atténuer au cours des prochains mois.
Les commissions, l’autre grande composante du produit net bancaire (PNB) des banques, avec la marge nette d’intérêt, pourraient en revanche afficher une progression sur les trois premiers mois de l’année. En particulier dans les métiers d’assurance, grâce à la bonne tenue de la collecte nette dans l’assurance-vie. Celle-ci s’est élevée à 5,5 milliards d’euros au premier trimestre, en France, contre moins d’un milliard sur la même période de l’année 2017.
Rebond de la volatilité, à double tranchant
Les activités de banque de financement et d’investissement (BFI) devraient, quant à elles, avoir profité du rebond de la volatilité depuis le début de l’année, une tendance déjà observée dans les comptes des banques américaines. Cet effet positif pourrait toutefois avoir été en partie contrebalancé par la baisse du dollar face à l’euro, environ 35% des revenus des BFI étant libellés dans la devise américaine selon UBS.
Favorable aux activités de courtage, le retour de la volatilité sur les marchés risque en revanche d’avoir desservi le métier de gestion d’actifs. Non seulement une forte volatilité incite les investisseurs à la prudence dans leurs allocations d’actifs, mais les encours souffrent également d’un moindre effet de marché positif. Le retour de la volatilité représente en outre une menace pour les commissions de surperformance des gérants d’actifs. Celles-ci sont appliquées lorsqu’un fonds bat un indice déterminé et s’ajoutent aux frais de gestion annuels.
Produit net bancaire, stable
Au total, les analystes sondés par FactSet anticipent une quasi-stabilité du PNB des banques françaises, au premier trimestre. Celui de BNP Paribas est attendu à 11,1 milliard d’euros, contre 11,3 milliards un an plus tôt. Pour la Société Générale, le consensus table sur des revenus de 6,5 milliards d’euros, contre 6,47 milliards sur les trois premiers mois de 2017. Crédit Agricole SA (CASA) pourrait, pour sa part, publier un PNB de l’ordre de 5 milliards d’euros, après 4,7 milliards au premier trimestre 2017. Chez Natixis, les analystes anticipent des revenus de 2,41 milliards d’euros, contre 2,35 milliards un an auparavant.
Résultat net, fonction des établissements
Au chapitre du résultat net, ceux de BNP Paribas et de CASA sont attendus en baisse, à 1,5 milliard et 790 millions d’euros, contre 1,9 milliard et 845 millions d’euros un an plus tôt, respectivement. A l’inverse, la Société Générale devrait faire état d’un bénéfice net en hausse, à 798 millions d’euros, contre 747 millions un an auparavant, comme Natixis, dont le profit net est attendu à 294 millions d’euros, après 280 millions au premier trimestre 2017.
De la capacité des banques à dépasser ces prévisions dépendra en partie leur éventuel sursaut en Bourse. Exception faite de l’action Société Générale, qui gagne 4,9% depuis le 1er janvier, BNP Paribas, CASA et Natixis ne font pas mieux, voire font moins bien, que l’indice CAC 40, en hausse de 3,3% depuis le début de 2018.
Plus d'articles du même thème
-
Le Crédit Agricole revendique une place dans l’accès aux soins et les services aux plus âgés
A l'heure où Matignon promet un réseau de maisons «France Santé» d'ici à 2027, la banque mutualiste avance ses pions sur ce terrain depuis quelques années. Elle voit dans la santé un nouveau terrain d’échanges privilégiés avec les élus locaux et les collectivités territoriales. Elle veut s’y développer de manière pérenne, et donc rentable. -
UBS envisagerait de s’installer aux Etats-Unis pour éviter les nouvelles règles bancaires suisses
A l’approche d’un vote crucial du Conseil fédéral helvète sur la date d’entrée en vigueur de nouvelles règles prudentielles, UBS, directement concernée, tâte le terrain outre-Atlantique. -
Premières faillites des spécialistes en prêts auto «subprime» aux Etats-Unis
Plusieurs signaux s’étaient déjà allumés sur ce marché, fin 2023 avec la hausse des prix des automobiles post-covid. Depuis le début de l’année survient la fermeture d’autres établissements prêteurs, en l'occurrence plutôt des concessionnaires qui assuraient aussi les financements avant de les titriser via des ABS auto.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

Kraken étend son offre de trading actions et ETF à l'Union européenne
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Zucman contre Mistral, la France qui perd et la France qui gagne
- Mistral AI lève 1,7 milliard d’euros et accueille ASML à son capital
- Sébastien Lecornu commence son chemin de croix budgétaire avec Fitch Ratings
- Armani pourrait se vendre à un groupe français
Contenu de nos partenaires
-
Restons modestes
Croissance : une légère accélération en 2026
L'activité ne devrait progresser que de 0,9 % en 2026, selon les dernières projections de la Banque de France. De quoi limiter les marges de manœuvre budgétaires de Sébastien Lecornu -
Tournez manège
Lecornu consulte à Matignon : un air de déjà-vu
Depuis 2022 et les élections législatives perdues par le camp du Président, les macronistes doivent négocier avec les oppositions. Sébastien Lecornu reçoit à tour de bras pour ses premiers pas à Matignon. Bientôt, il va devoir s'extraire de ce quotidien -
Pesticides : une étude nationale révèle une forte exposition des riverains des vignobles
Paris - Une photographie de l’exposition aux pesticides: les riverains des vignes sont plus imprégnés que les autres Français, démontre une étude nationale inédite, dévoilée lundi par deux agences sanitaires, sans déterminer à ce stade les impacts potentiels sur la santé. Très attendue, dans un contexte d’inquiétudes croissantes mais aussi de tensions avec une partie du monde agricole, l'étude PestiRiv a mesuré la présence de 56 substances dans l’urine et les cheveux de 1.946 adultes et 742 enfants, ainsi que dans l’air extérieur, les poussières et l’air des habitations, plus quelques potagers. D’une ampleur inédite, elle a porté en 2021-2022 sur 265 sites dans six régions viticoles (Grand Ouest, Bourgogne Franche-Comté, Auvergne Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine). Ce travail de Santé publique France et de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a aussi recherché d’autres sources d’exposition potentielles (alimentation, modes de vie). «Cohérents» avec ceux d'études aux Etats-Unis et aux Pays-Bas, selon les deux agences, les résultats montrent que les riverains des vignobles «sont plus exposés aux produits phytopharmaceutiques (fongicides, herbicides, insecticides ndlr) que ce(ux) vivant loin de toute culture». Ils ont été communiqués aux parties prenantes (exploitants, élus locaux, ONG...) La majorité des substances, spécifiques à cette culture (folpel, métirame) ou pas (glyphosate, fosétyl-aluminium, spiroxamine...), ont été retrouvées près des vignes - culture choisie pour sa forte consommation de ces produits et sa proximité des habitations. Enfants plus imprégnés Dans les zones viticoles (à moins de 500 mètres) ont été retrouvés des niveaux de contamination parfois supérieurs de «45% dans les urines», «plus de 1.000% dans les poussières», «12 fois» plus grands dans l’air ambiant, comparé aux zones à plus d’un kilomètre de toute culture, a détaillé à la presse Clémence Fillol (SpF). En période de traitement des cultures, les «niveaux de contamination pouvaient augmenter de jusqu'à 60% dans les urines ou selon les pesticides mesurés», de «plus de 700% dans les poussières, jusqu'à «45 fois dans l’air ambiant», a-t-elle poursuivi. Deux facteurs principaux sont apparus dans cette exposition: elle augmente avec la quantité de pesticides épandue et diminue avec l'éloignement des vignes, a précisé Ohri Yamada (Anses). La durée d’aération du logement et du temps passé à l’extérieur jouent aussi, dans une moindre mesure. Les enfants de 3 à 6 ans étaient plus imprégnés, car «davantage en contact avec le sol» ou portant les mains à leur bouche, «par leur apport alimentaire aussi», a précisé Mme Fillol. Les moins de trois ans n’ont pas été inclus, les scientifiques invoquant des difficultés concrètes (recueil d’urine...). Et trop peu de viticulteurs et ouvriers agricoles ont participé pour établir une imprégnation spécifique. Autre limite: les chercheurs n’ont pas pu accéder aux «données réelles d’utilisation des produits phytopharmaceutiques», et ont dû employer «une méthode très complexe et très chronophage» pour reconstituer les quantités de pesticides épandues. Surtout, cette photographie n'évalue pas les effets de ces expositions sur la santé. «Nous ne disposons pas aujourd’hui de lien entre les niveaux d’imprégnation retrouvés et des éléments cliniques en santé humaine», notamment sur des cancers, a résumé Benoît Vallet, directeur général de l’Anses. D’autant que d’autres expositions environnementales (métaux lourds, particules fines, etc) peuvent influer. Cette étude «ne prétend pas répondre à toutes les questions», a souligné Caroline Semaille, directrice générale de SpF, et «d’autres grandes enquêtes avec l’Anses viendront compléter ses premiers résultats». Même si les niveaux d’exposition ne dépassent pas ceux anticipés dans les autorisations de mise sur le marché (AMM) de pesticides, les agences recommandent, par précaution, de «réduire au strict nécessaire le recours aux produits phytopharmaceutiques», avec notamment une application «ambitieuse» de la stratégie Ecophyto. Autre préconisation: informer les habitants avant les traitements pour qu’ils puissent adapter leur comportement: se déchausser en rentrant chez soi, nettoyer le sol, sécher le linge à l’intérieur, etc. «Cette étude confirme nos craintes», a commenté à l’AFP François Veillerette, porte-parole de Générations futures, inquiet du «peu d’empressement (de l’Etat ndlr) à relancer le plan Ecophyto», qui prévoit de diminuer par deux l’usage des pesticides d’ici 2030. L’ONG appelle à élargir les zones sans traitement (actuellement 10 mètres pour la vigne) et à accélérer la conversion au bio. Le Comité national des interprofessions des vins (CNIV) a insisté sur une amélioration des pratiques du secteur depuis dix ans, appelant aussi les fabricants de pesticides à faire évoluer leurs produits. Rébecca FRASQUET © Agence France-Presse