
Les banques européennes repassent sur le gril de l’EBA

Pour sa troisième série de «stress tests» bancaires au niveau européen, l’Autorité bancaire européenne (EBA) a décidé de se passer d’un niveau de capital minimum commun. Il n’y aura donc aucune banque recalée à l’issue de ces tests de résistance. L’EBA publiera toutefois au début du troisième trimestre l’ensemble des résultats sur le niveau des ratios de capital dans le cas des scénarios basique et de crise. 51 banques seulement sont cette fois-ci concernées, dont 37 sises dans la zone euro, contre 124 lors des derniers tests en 2014, l’EBA ayant choisi de se concentrer sur les banques «significatives», représentant entre elles 70% du secteur bancaire européen.
Publiés hier, les scénarios retenus par l’autorité ont tenu compte de certaines critiques qui leur avaient été faites lors des derniers tests, tout en conservant un scénario de crise aux hypothèses suffisamment sévères pour crédibiliser l’exercice. Principal point de reproche il y a deux ans, la déflation à grande échelle est incluse dans le scénario noir, avec une inflation négative sur les trois années modélisées pour l’Union européenne. Autre lacune réparée, le coût des litiges est désormais intégré dans les tests, à partir d’une moyenne historique associée à un coefficient multiplicateur. Les résultats publiés par l’EBA ne donneront cependant pas le détail de l’impact de chaque risque évalué.
Evaluer les vulnérabilités restantes
L’absence d’un ratio de capital minimum à respecter pour les banques est lié à des objectifs différents aujourd’hui d’il y a deux ans, explique l’EBA : «comme les banques ont aujourd’hui atteint un état de plus grande stabilité, l’objectif de l’exercice 2016 est d’évaluer les vulnérabilités restantes et de comprendre l’impact hypothétique de dynamiques de marchés adverses sur les banques».
La Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre avaient déjà assuré ces derniers mois qu’elles considéraient le secteur bancaire suffisamment capitalisé. Danièle Nouy, présidente du mécanisme de supervision unique européen (SSM), avait de nouveau rassuré l’industrie le 23 février en déclarant «toutes choses égales par ailleurs, les exigences réglementaires ne seront pas augmentées».
Les résultats des tests serviront néanmoins comme base de discussion entre chaque banque et son superviseur pour le Srep (Supervisory review and evaluation process), processus qui devra aboutir à calibrer banque par banque les exigences dites de pilier 2 en fonction de leurs risques.
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Paris - Une photographie de l’exposition aux pesticides: les riverains des vignes sont plus imprégnés que les autres Français, démontre une étude nationale inédite, dévoilée lundi par deux agences sanitaires, sans déterminer à ce stade les impacts potentiels sur la santé. Très attendue, dans un contexte d’inquiétudes croissantes mais aussi de tensions avec une partie du monde agricole, l'étude PestiRiv a mesuré la présence de 56 substances dans l’urine et les cheveux de 1.946 adultes et 742 enfants, ainsi que dans l’air extérieur, les poussières et l’air des habitations, plus quelques potagers. D’une ampleur inédite, elle a porté en 2021-2022 sur 265 sites dans six régions viticoles (Grand Ouest, Bourgogne Franche-Comté, Auvergne Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine). Ce travail de Santé publique France et de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a aussi recherché d’autres sources d’exposition potentielles (alimentation, modes de vie). «Cohérents» avec ceux d'études aux Etats-Unis et aux Pays-Bas, selon les deux agences, les résultats montrent que les riverains des vignobles «sont plus exposés aux produits phytopharmaceutiques (fongicides, herbicides, insecticides ndlr) que ce(ux) vivant loin de toute culture». Ils ont été communiqués aux parties prenantes (exploitants, élus locaux, ONG...) La majorité des substances, spécifiques à cette culture (folpel, métirame) ou pas (glyphosate, fosétyl-aluminium, spiroxamine...), ont été retrouvées près des vignes - culture choisie pour sa forte consommation de ces produits et sa proximité des habitations. Enfants plus imprégnés Dans les zones viticoles (à moins de 500 mètres) ont été retrouvés des niveaux de contamination parfois supérieurs de «45% dans les urines», «plus de 1.000% dans les poussières», «12 fois» plus grands dans l’air ambiant, comparé aux zones à plus d’un kilomètre de toute culture, a détaillé à la presse Clémence Fillol (SpF). En période de traitement des cultures, les «niveaux de contamination pouvaient augmenter de jusqu'à 60% dans les urines ou selon les pesticides mesurés», de «plus de 700% dans les poussières, jusqu'à «45 fois dans l’air ambiant», a-t-elle poursuivi. Deux facteurs principaux sont apparus dans cette exposition: elle augmente avec la quantité de pesticides épandue et diminue avec l'éloignement des vignes, a précisé Ohri Yamada (Anses). La durée d’aération du logement et du temps passé à l’extérieur jouent aussi, dans une moindre mesure. Les enfants de 3 à 6 ans étaient plus imprégnés, car «davantage en contact avec le sol» ou portant les mains à leur bouche, «par leur apport alimentaire aussi», a précisé Mme Fillol. Les moins de trois ans n’ont pas été inclus, les scientifiques invoquant des difficultés concrètes (recueil d’urine...). Et trop peu de viticulteurs et ouvriers agricoles ont participé pour établir une imprégnation spécifique. Autre limite: les chercheurs n’ont pas pu accéder aux «données réelles d’utilisation des produits phytopharmaceutiques», et ont dû employer «une méthode très complexe et très chronophage» pour reconstituer les quantités de pesticides épandues. Surtout, cette photographie n'évalue pas les effets de ces expositions sur la santé. «Nous ne disposons pas aujourd’hui de lien entre les niveaux d’imprégnation retrouvés et des éléments cliniques en santé humaine», notamment sur des cancers, a résumé Benoît Vallet, directeur général de l’Anses. D’autant que d’autres expositions environnementales (métaux lourds, particules fines, etc) peuvent influer. Cette étude «ne prétend pas répondre à toutes les questions», a souligné Caroline Semaille, directrice générale de SpF, et «d’autres grandes enquêtes avec l’Anses viendront compléter ses premiers résultats». Même si les niveaux d’exposition ne dépassent pas ceux anticipés dans les autorisations de mise sur le marché (AMM) de pesticides, les agences recommandent, par précaution, de «réduire au strict nécessaire le recours aux produits phytopharmaceutiques», avec notamment une application «ambitieuse» de la stratégie Ecophyto. Autre préconisation: informer les habitants avant les traitements pour qu’ils puissent adapter leur comportement: se déchausser en rentrant chez soi, nettoyer le sol, sécher le linge à l’intérieur, etc. «Cette étude confirme nos craintes», a commenté à l’AFP François Veillerette, porte-parole de Générations futures, inquiet du «peu d’empressement (de l’Etat ndlr) à relancer le plan Ecophyto», qui prévoit de diminuer par deux l’usage des pesticides d’ici 2030. L’ONG appelle à élargir les zones sans traitement (actuellement 10 mètres pour la vigne) et à accélérer la conversion au bio. Le Comité national des interprofessions des vins (CNIV) a insisté sur une amélioration des pratiques du secteur depuis dix ans, appelant aussi les fabricants de pesticides à faire évoluer leurs produits. Rébecca FRASQUET © Agence France-Presse