Le marché demeure hésitant après le profit warning de Deutsche Bank

La profitabilité et la possibilité d’une augmentation de capital inquiètent les investisseurs. La banque détaillera dans 15 jours sa stratégie.
Julien Beauvieux

L’avertissement sur résultats de Deutsche Bank mercredi soir divise les spécialistes. Si l’annonce anticipée d’une perte de 6,2 milliards d’euros au troisième trimestre aura selon eux le mérite de centrer l’attention du marché sur les détails de la stratégie 2020 présentés le 29 octobre, la question d’une augmentation de capital continue de hanter les esprits.

«Nous estimons qu’une augmentation de capital est inévitable, en particulier si notre hypothèse sur provisions pour litiges (…) s’avère exacte», souligne Citi. Tout en dépréciant de 5,8 milliards d’euros ses survaleurs, la banque allemande a provisionné 1,2 milliard, soit 45% des sommes que le marché anticipe d’ici à 2017. Citi estime qu’une levée de 6 milliards d’euros, après celle de 8,5 milliards de juin 2014, est possible en 2017.

Pour Kepler, la réduction ou la suppression du dividende annoncée par Deutsche Bank servira cependant à renforcer les capitaux propres. Alors qu’elle cote environ 0,6 fois l’actif net tangible, l’action pourrait rebondir à 0,8 fois selon Nomura, «si le directeur général John Cryan parvient à convaincre que les profits sous-jacents et le deleveraging peuvent compenser les litiges et l’inflation des actifs pondérés du risque (RWA)».

Dans une présentation aux investisseurs obligataires, Deutsche Bank estimait le mois dernier que ses RWA pourraient gonfler de 80 à 120 milliards d’euros d’ici à 2019 en raison du durcissement de la réglementation en matière de risque. Et ce malgré une baisse de 130 à 150 milliards du bilan de la BFI à 2018.

Pour l’heure, Exane BNP Paribas note que le profit hors charge et provisions dépasse les attentes de 200 millions d’euros. «Il pourrait y avoir eu un gain significatif sur la dette propre», note cependant le courtier, qui estime que «la performance sous-jacente a probablement été plus faible qu’attendu». Ces craintes ont renforcé la baisse de l’action, qui a cédé jusqu’à 3,6%, mais aussi celle des obligations additional tier 1 (AT1).

«Fin 2014, les réserves distribuables s’établissaient à 2,86 milliards d’euros, le plus faible niveau de couverture des coupons parmi les émetteurs d’AT1», souligne ainsi CreditSights. La direction ne devrait cependant pas remettre en question leur paiement, contrairement au dividende. «Deutsche Bank a besoin d’émettre d’autres titres AT1 pour atteindre sa cible de 1,5% des RWA», selon CreditSights.

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