
Le FMI alerte sur les fragilités des néobanques

La montée en puissance des néobanques inquiète le FMI. Dans son dernier rapport sur la stabilité financière, l’institution pointe les «vulnérabilités» de ces banques 100% digitales. Elles ont le vent en poupe : en 2021, on en recensait 350 dans le monde d’après la dernière étude de Syrtals Cards, contre 60 seulement fin 2017. Surtout, les néobanques prennent «une importance systémique» dans leurs marchés respectifs. Le FMI, qui a comparé 37 banques digitales avec 640 banques traditionnelles dans 18 pays, relève que leur valeur talonne parfois celle des acteurs historiques. C’est le cas en Allemagne : valorisée à 9 milliards d’euros dans son dernier tour de table, N26 fait presque jeu égal avec Commerzbank, la deuxième banque du pays.
Un modèle coûteux et peu rentable
Ces valorisations élevées sont tirées par les attentes du marché quant au potentiel de croissance de leur activité de crédit. Mais cette dernière présente des risques accrus, rappelle le FMI. Tout d’abord, sur le plan opérationnel, les canaux digitaux sont plus sensibles aux risques de fraude. N26 s’est, par exemple, vue condamner à une amende de 4,25 millions d’euros par la Bafin pour des déficiences dans son système de lutte contre le blanchiment des capitaux.
Le FMI rappelle, d’ailleurs, que les dépenses opérationnelles de ces nouvelles banques sont plus élevées. Bien qu’elles ne détiennent pas de réseau physique, elles sont «de manière contre-intuitive moins efficientes sur le plan des coûts». Outre les dépenses relatives à la conformité, elles pâtissent du coût élevé d’acquisition de la clientèle, notamment via leurs investissements marketing. En revanche, la rentabilité n’est pas au rendez-vous : leur clientèle étant moins fortunée, leur capacité à proposer de l’assurance ou des produits d’épargne générateurs de commissions est limitée. Leur activité reste centrée sur la banque au quotidien, moins rémunératrice.
Un risque de crédit sous-provisionné
Surtout, les néobanques ne tiennent pas compte du profil de risque accru de leur clientèle composée de jeunes particuliers ou de PME, pointe le FMI. Elles ont tendance à sous-provisionner le risque de crédit, alors même que leur coût du risque est plus élevé. «Il semble que les néobanques sous-tarifient le risque de crédit», ajoute le FMI, «probablement en raison de la concurrence les opposant aux acteurs traditionnels ou aux autres néobanques».
Si elles affichent un rendement des actifs supérieur à celui des acteurs traditionnels, ce n’est donc pas grâce aux taux appliqués sur leurs crédits… mais en raison d’une prise de risque accrue sur leur portefeuille de titres. Cette dernière constitue une sorte de «subvention implicite» à leur activité de crédit, relève le FMI.
L’institution pointe, enfin, «un cadre de gestion de la liquidité inadéquat». Leur clientèle étant plus jeune, elle risque d’être «moins fidèle», et donc les dépôts plus fluctuants. «La prudence devrait conduire les néobanques à opérer avec des ratios de liquidité plus élevés, en ligne avec les exigences de Bâle 3 », estime le FMI. Or, elles affichent un ratio d’actifs liquides rapportés au total des dépôts inférieur à celui des banques traditionnelles, révèle son étude de cas. Les néobanques sont aussi beaucoup plus interdépendantes vis-à-vis du système bancaire, pointe le FMI, la part des prêts interbancaires dans leur portefeuille étant beaucoup plus importante.
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