Le Crédit Agricole fonde sa croissance 2025 sur la diversification

Le groupe mutualiste veut pousser les feux en assurance dommages et santé mais aussi dans le leasing et le crédit à la consommation.
Aurélie Abadie
Crédit Agricole, CASA, Banque verte
Le Crédit Agricole a annoncé ce mercredi 22 juin 2022 le lancement de «Crédit Agricole transitions et énergies» et «Crédit Agricole santé et territoires».  -  Photo SP/Crédit Agricole.

Dans un environnement bouleversé par la guerre en Ukraine et les incertitudes macro-économiques, le Crédit Agricole préfère s’inscrire dans le temps long. La banque verte, née il y a 140 ans pour répondre aux besoins de financement des agriculteurs avant de se muer en véritable banque globale, présente de l’assurance à la gestion d’actifs en passant par la banque de financement et d’investissement, souhaite réitérer cette recette gagnante à l’horizon 2025 avec de «nouveaux métiers».

Elle a ainsi annoncé ce mercredi 22 juin le lancement de «Crédit Agricole transitions et énergies» et «Crédit Agricole santé et territoires», deux métiers qui seront portés par sa structure de tête CASA et «animés de manière transversale par ses caisses régionales».

Des investissements coûteux dans de nouveaux métiers

La banque mutualiste veut, dit-elle, «accompagner les nouvelles transformations sociétales» que sont la décarbonation de l’économie et le vieillissement de la population. Elle compte ainsi pousser les feux sur l’assurance et les services d’assistance dédiés aux aidants et à la prise en charge de la dépendance. Le groupe créera au premier janvier prochain une nouvelle compagnie d’assurance dédiée à la retraite, filiale de Crédit Agricole Assurances, pour laquelle il vise 23 milliards d’euros d’encours. Il ambitionne également d’augmenter de 40% le nombre de ses bénéficiaires en assurance santé, en mettant notamment l’accent sur la collective.

Ces nouveaux métiers ne généreront toutefois pas de revenus dans les trois prochaines années, mais «des charges supplémentaires prises en compte dans notre trajectoire financière », a prévenu le directeur général du groupe Philippe Brassac, sans livrer davantage de précisions.

En attendant le déploiement de ces nouveaux métiers à long terme, le Crédit Agricole a dû se livrer à l’exercice habituel du plan stratégique, sobrement baptisé «Ambitions 2025». Des ambitions d’ailleurs jugées modestes par les marchés qui ont sanctionné l’action CASA en Bourse mercredi (-1,6%).

Mettre le paquet sur l’assurance

S’ils considèrent les cibles de distribution de dividendes comme décevantes, les analystes ont tout de même salué les annonces de la banque mutualiste en matière de croissance des revenus. Le Crédit Agricole table sur une hausse annuelle de 3,5% en moyenne de son produit net bancaire (PNB) sur la période. Elle sera essentiellement tirée par la croissance organique, grâce à «l’élargissement de notre offre et à la hausse du taux d’équipement de notre clientèle», a précisé le directeur général délégué Xavier Musca. Et d’ajouter : «nous allons continuer à augmenter le taux de pénétration de l’assurance parmi notre clientèle». Le groupe vise notamment à engranger 2,5 millions de contrats supplémentaires en assurance dommages en France.

Cette stratégie de multi-équipement sera au service de la conquête dans le réseau des caisses régionales et LCL en France, ainsi que de Crédit Agricole Italia et Polska. Au total, le groupe ambitionne de conquérir un million de clients supplémentaires à horizon 2025.

Devenir un leader sur la mobilité

La croissance sera également tirée sur la période par les services financiers spécialisés (+ 8 à 9%). En s’appuyant notamment sur sa coentreprise exclusive avec le constructeur automobile Stellantis, le Crédit Agricole veut s’imposer comme «le leader européen de la mobilité» et vise à financer plus d’un million de véhicules en location longue durée (LLD) en 2026. Dans le crédit à la consommation, il poussera également les feux sur le très controversé paiement fractionné, ou «buy now pay later». Crédit Agricole Consumer Finance devrait accroître ses encours gérés de 20 milliards d’euros sur la période.

L’activité de grandes clientèles devrait connaître une croissance annuelle de ses revenus de l’ordre de 4 à 5%, le groupe ambitionnant notamment d’accentuer la pénétration de Crédit Agricole CIB sur les ETI. Le cash management et les services de financement de la supply chain devraient permettre de dégager des revenus en hausse de 15% par an.

Un marché italien en croissance

Le groupe tirera également parti de son ancrage en Italie, son second marché après la France, qui contribue à hauteur de 15% à son résultat. Son activité de banque de proximité dans la péninsule devrait dégager des revenus en hausse de 4 à 5%. Le Crédit Agricole y misera sur plusieurs segments : l’agriculture et l’agroalimentaire, mais aussi l’assurance dommages où il vise une croissance des primes supérieure à 10 % par an. Le groupe a d’ailleurs engagé des discussions avec Banco BPM en vue de la reprise de ses activités d’assurance. «Le processus est ouvert, BPM a demandé à des assureurs de lui faire des propositions pour la reprise de ses partenariats en vie et en non-vie. BPM n’est pas encore décidée sur les modalités de cette reprise», a précisé Xavier Musca, invitant à se montrer «prudent» sur la valorisation de 1,5 milliard d’euros ayant circulé dans la presse. «Tout dépendra des modalités de la reprise de ces activités : incluent-elles l’ensemble, la vie ou la non-vie ?», a-t-il ajouté.

Enfin, le Crédit Agricole continuera à profiter de la force de son gestionnaire d’actifs Amundi qui déclare disposer de 2 milliards d’euros pour des acquisitions. Le groupe s’est dit « ouvert à des opportunités de croissance externe sur la gestion d’actifs en Europe, mais nous avons aussi la capacité de faire de la croissance organique ».

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