
L’Autorité bancaire européenne tire la sonnette d’alarme sur la rentabilité du secteur
La pérennité de certaines banques européennes est clairement menacée, pointe l’Autorité bancaire européenne (EBA) dans sa dernière revue des risques du secteur, publiée mercredi. De l’aveu même des établissements interrogés, leur coût moyen du capital se situe entre 10 et 12%, bien au-dessus du rendement de leurs fonds propres (ROE). «Les banques ayant un ROE de moins de 8% continuent d’augmenter et représentaient 75% du total des actifs (du secteur, ndlr) en décembre 2013», relève l’EBA.
La part de ces mauvais élèves n’a jamais été aussi forte en quatre ans. Elle dépasse de peu le précédent record de décembre 2012. Le poids des banques au ROE inférieur à 4% était alors proche de 60%. C’est bien plus que les 39% de fin 2013, mais la situation actuelle n’en est pas moins «préoccupante» pour l’EBA.
Les mauvais chiffres de fin d’année découlent du nettoyage des bilans opéré traditionnellement au dernier trimestre. En 2013, les banques européennes ont passé 43 milliards d’euros (+11% sur un an) de provisions additionnelles sur leurs portefeuilles de prêts, en prévision de la revue de la qualité des actifs (AQR) de la Banque centrale européenne (BCE) et des nouveaux tests de résistance de l’Union européenne. Ajouté aux provisions pour litiges, ce phénomène a amputé de 54 milliards d’euros leurs profits du dernier trimestre 2013.
La rentabilité de l’industrie bancaire pâtit aussi de la compression des marges d’intérêt dans un environnement de taux bas conforté, ce mois-ci, par la nouvelle baisse des taux de la BCE. L’environnement macroéconomique devrait également continuer de peser sur les revenus dans les mois qui viennent, indique l’EBA. Les profits des banques souffrent ainsi d’«une forte volatilité couplée à une tendance baissière depuis 2009». Ces cinq dernières années, le ROE médian tournait autour de 5,5%, bien en deçà de l’objectif de 10-12% affiché par les établissements.
Pour améliorer leur rentabilité, ceux-ci ne misent guère sur une hausse des revenus mais plutôt sur la poursuite de la baisse des coûts opérationnels. Cela pourrait «ne pas suffire» et entraîner «des risques prudentiels, principalement opérationnels et stratégiques qui requièrent l’attention des superviseurs», juge l’EBA. L’Autorité ajoute qu’une «sortie (sic) douce des banques les plus faibles et non-profitables contribuerait à la compétitivité dans le cadre du nettoyage» du secteur. La réponse viendra peut-être de l’AQR et des stress tests.
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