La solvabilité des banques grecques se trouve à nouveau menacée

Même en cas d’accord entre Athènes et ses créanciers, le retour en récession dégradera le bilan des établissements de crédit du pays.
Alexandre Garabedian

Pour les actionnaires des banques grecques, il est peut-être déjà trop tard. La mise en place d’un contrôle des capitaux au moins jusqu’à la tenue du référendum convoqué par le Premier ministre Alexis Tsipras le 5 juillet, et les incertitudes qui entourent l’avenir de la Grèce en zone euro, menacent la solvabilité des prêteurs du pays. Ceux-ci pourraient devoir se recapitaliser même en cas d’accord entre Athènes et ses créanciers.

Un vote «non» au référendum risquerait de forcer la BCE à réduire le montant de la ligne d’urgence (ELA) accordée aux banques grecques, qui financent aujourd’hui par ce biais un tiers de leurs actifs. Et si la Grèce devait faire défaut, «la valeur des emprunts d’Etat grecs et de la dette garantie détenue par les banques locales et les autres institutions qui les portent en mark-to-market plongerait. Les banques grecques deviendraient de fait insolvables», note Willem Buiter, le chef économiste de Citigroup.

Même en cas de «oui», chaque jour qui passe sans accord dégrade l’état de l’économie grecque, et donc les perspectives des prêteurs. Avec un ratio de solvabilité common equity tier one moyen de 12,8% à fin mars, Alpha Bank, Piraeus Bank, Eurobank et NBG apparaissent aujourd’hui bien capitalisées. «Le taux de créances douteuses agrégé du pays atteignait cependant 33% au premier trimestre, et il a sans doute continué à augmenter alors que les incertitudes sur les négociations avec les créanciers montaient», relève Alberto Gallo, stratégiste crédit chez RBS.

Mi-juin, Moody’s estimait que le pic des créances douteuses dans le pays ne se produirait plus au premier trimestre 2006, mais plus tard dans l’année, alors que l’économie replonge en récession. «Il existe un gros risque que les prêts restructurés se retrouvent à nouveau en défaut. Il est possible que les banques aient besoin d’une autre salve de recapitalisations», indiquait l’analyste de l’agence, Nondas Nicolaides.

Le sujet intéresse les pays voisins de la Grèce, où les filiales des banques grecques continuaient hier leur activité comme si de rien n'était. Certains hedge funds sont aussi de la partie. Wilbur Ross menait le consortium qui avait investi 1,3 milliard d’euros dans Eurobank en mai 2014. «La Grèce se dirige vers une forte récession voire une dépression. Je peux me permettre cette perte, pas le peuple grec», a reconnu hier l’investisseur. Greenlight Capital, le fonds de David Einhorn, détient pour sa part un ticket dans Alpha Bank.

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