
La Société Générale clôt un nombre record de cessions

Dans un marché des fusions-acquisitions frileux en France et en Europe, les banquiers M&A de la Société Générale n’ont pas chômé cette année. La banque a finalisé 14 cessions d’actifs ces derniers mois, principalement en Europe centrale. Une nouvelle est dans les tuyaux avec la vente, annoncée hier, de SG Finans. Cette filiale de financement d’équipement et d’affacturage emploie 360 personnes en Norvège, en Suède et au Danemark. Elle va être cédée l’an prochain à la banque scandinave Nordea pour 575 millions d’euros. L’opération aura un «impact négatif d’environ 100 millions d’euros sur les résultats du quatrième trimestre 2019 du groupe, principalement en raison de la dépréciation de l'écart d’acquisition et des immobilisations», a ajouté la banque française.
Dépréciations
Cette moins-value s’ajoute aux quelque 500 millions d’euros de dépréciations déjà comptabilisés dans le programme de cessions engagé en 2018 et poursuivi en 2019. La Société Générale n’avait pas révisé les survaleurs de tous ces actifs, achetés pour certains dans les années 2000, à l’époque où le groupe français avait encore des rêves de banque mondiale. Ces filiales n’ayant pas tenu toutes leurs promesses, leur cession pèsera peu sur sa rentabilité. Celles qui sont sorties du périmètre depuis l’an dernier contribuent seulement à hauteur de 190 millions d’euros au résultat net du groupe, en rythme annuel. Cela représente 5% des bénéfices 2018, qui avaient atteint 3,6 milliards d’euros.
Solvabilité de 12,5%
Ces opérations ont en revanche un impact immédiat sur la solvabilité de la Société Générale, que les analystes jugeaient faible au regard de ses pairs européens. «Elles font partie du programme de recentrage qui doit permettre de générer 80-90 points de base (pb) de [ratio de fonds propres durs] CET1 à horizon 2020», rappelle un porte-parole de la banque. En prenant en compte les 10 pb liés à la vente de SG Finans, «le groupe a annoncé depuis 2018 des cessions qui ont ou vont générer 57 points de base au total», ajoute-t-il. Il est trop tôt pour connaître le point d’atterrissage à fin 2019, mais la trajectoire est déjà positive. «La Société Générale affiche à fin septembre une forte progression de son ratio de CET1 à 12,5% (+46 pb sur le trimestre), supérieur à son objectif fixé pour 2020 de 12%», pointaient récemment les analystes crédit de Tullett Prebon.
Partenariats
Outre SG Finans, la Société Générale actera l’an prochain sa sortie de SGBA, son réseau de détail aux Antilles. L’année 2019 aura marqué le recentrage sur trois marchés en Europe centrale et orientale : la République tchèque (avec une filiale en Slovaquie), la Roumanie et la Russie. Après la cession de ses entités ukrainienne, géorgienne et croate, le groupe s’est délesté en quelques mois de ses réseaux en Albanie, Bulgarie, Macédoine, Moldavie, Monténégro, Pologne, Serbie et Slovénie. Autant de pays où il n’avait pas atteint une taille ou une rentabilité suffisantes. Il a aussi vendu ses parts dans sa coentreprise de crédit à la consommation avec La Banque Postale et a finalisé son retrait de sa banque privée en Belgique, de la banque en ligne Self-Trade en Espagne, d’une filiale d’assurance vie en Irlande, de ses services de location de camions en Allemagne, et de ses métiers titres en Afrique du Sud. Sur le continent africain, la Société Générale a choisi de se concentrer essentiellement sur l’Afrique francophone, qui constitue son principal relais de croissance en banque de détail.
Pour contrebalancer ce repli, la Société Générale met en avant les partenariats noués avec certains acquéreurs. Son loueur de longue durée ALD va ainsi travailler avec Nordea, tandis que sa banque de financement et d’investissement doit coopérer avec le groupe hongrois OTP, principal acquéreur de ses filiales des Balkans.
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Selon la Banque de France, une nouvelle baisse de taux de la BCE est "tout à fait possible"
Paris - Le gouverneur de la Banque de France a expliqué vendredi qu’au vu des risques actuels de nature à faire fluctuer l’inflation européenne, une nouvelle baisse de taux de la BCE au cours des prochaines réunions était «tout à fait possible». «Rien n’est prédéterminé à l’avance, mais il est tout à fait possible qu’il y ait une autre baisse de taux dans les réunions qui viennent», a déclaré François Villeroy de Galhau sur BFM Business, estimant que, concernant l’inflation, «les risques sont plutôt à la baisse dans le futur proche». Le gouverneur a tenu ces propos au lendemain du maintien de ses taux directeurs par la Banque centrale européenne. L’inflation «se situe actuellement autour de l’objectif à moyen terme de 2%» et les perspectives d’inflation sont «globalement inchangées», avait observé la banque centrale. M. Villeroy de Galhau a souligné qu’il avait été «beaucoup discuté», au cours de cette réunion, des risques dans les deux sens pesant sur l’inflation. «Nous avons été plusieurs, dont moi, à souligner les risques plutôt à la baisse sur l’inflation dans le futur proche», a-t-il ajouté, et de nature à la faire passer sous 2%. Il a ainsi cité «l’appréciation de l’euro contre le dollar: chaque fois que l’euro s’apprécie de 3 centimes contre le dollar, et c’est à peu près ce qu’on a vu depuis le mois de juin, ça fait au moins 0,1% d’inflation en moins». Il a aussi évoqué «la montée des importations chinoises à relativement bas prix», qui ont «augmenté de 12%» sur un an pendant «les trois derniers mois de 2025". Parallèlement, «nous avons regardé s’il y avait des risques d’inflation à la hausse», a poursuivi le gouverneur, jugeant «clair» que «l’accord (...) conclu avec les États-Unis fin juillet (imposant des droits de douane de 15% aux produits européens entrant aux Etats-Unis, NDLR) n’entraînera pas, lui, d’inflation supplémentaire en Europe». «Donc les risques à la hausse sur l’inflation me paraissent plus faibles que les risques à la baisse». Il a estimé qu’en matière de taux, la BCE devait, «plus que jamais, montrer (...) un pragmatisme agile», c’est-à-dire «décider en fonction des données et des prévisions» mais être «prêt(e) à bouger s’il le faut». Il a relevé que «l’interprétation des marchés» après le statu quo de jeudi avait «peut-être montré une certaine exagération dans l’interprétation restrictive": l’euro a grimpé, les marchés semblant avoir compris que les taux de la BCE seraient sur pause pendant une durée prolongée. © Agence France-Presse -
Xavier Bertrand somme Emmanuel Macron d'expliquer "comment il va réparer la situation"
Paris - Le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand a appelé vendredi Emmanuel Macron à s’exprimer «devant la nation» pour «expliquer comment il voit les choses pour les 19 mois qui restent», avant l'échéance présidentielle en 2027. «Il ne peut pas se laver les mains de cette situation dont il est le responsable (...) Il doit nous expliquer comment il voit les choses pour les 19 mois», a estimé Xavier Bertrand sur RTL, rappelant qu’"un Premier ministre n’est pas un consommable, quand même». Le chef de l'État doit expliquer «comment il va réparer la situation», a-t-il ajouté, l’enjoignant à dire qu’il est «prêt à ce qu’on change fondamentalement de politique». S’il souhaite que le président de la République aille jusqu’au bout de son mandat, «parce que je n’ai pas envie de connaître le chaos», Xavier Bertrand, qui nourrit des ambitions élyséennes et dont le nom a plusieurs fois circulé pour Matignon, a insisté: «je veux que la politique change». «Vous ne pouvez pas continuer à avoir autant de problèmes de pouvoir d’achat (...) Il y a des Français qui aujourd’hui, même des Français qui bossent, n’arrivent pas à faire les repas dont on a absolument besoin», a-t-il souligné. Il a proposé une baisse de l’impôt sur le revenu pour les «catégories populaires, sur les classes moyennes». Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, un très proche d’Emmanuel Macron, a reçu jeudi les dirigeants du «socle commun» ainsi que les présidents des deux chambres, la macroniste Yaël Braun-Pivet et le LR Gérard Larcher. Il doit échanger avec les partenaires sociaux (syndicats et patronat), vendredi - notamment avec la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon - et lundi. La gauche et le RN devraient être conviés dans un second temps. © Agence France-Presse -
Chine : le porte-avions Fujian franchit le détroit de Taïwan, une zone ultra-sensible
Pékin - La Chine a annoncé vendredi que le dernier né de ses porte-avions, le Fujian, avait transité par le détroit de Taïwan pour aller mener des tests en vue d’une future mise en service, qui renforcera considérablement ses capacités dans une zone ultra-sensible. Le Fujian «a transité récemment par le détroit de Taïwan en direction des eaux de la mer de Chine méridionale pour (aller) procéder à des tests de recherche scientifique et des missions d’entraînement», a déclaré un porte-parole de la marine chinoise, le capitaine Leng Guowei, dans un communiqué publié sur le réseau social WeChat. C’est «une part normale du processus de construction d’un porte-avions et ne vise aucune cible spécifique», a-t-il assuré. Pour Collin Koh, spécialiste des questions navales à la S. Rajaratnam School of International Studies (RSIS) à Singapour, il n’y a rien d'étonnant à ce que le Fujian franchisse le détroit, comme l’ont fait avant lui les autres porte-avions chinois. Cela «semble relever de la symbolique visant à montrer l’ascension de la Chine en tant que puissance militaire forte et, de surcroît, grande puissance maritime», dit-il. Les autorités taïwanaises ont indiqué avoir surveillé les mouvements du bateau «pour apprécier pleinement la situation», et avoir «réagi en conséquence». Tous les mouvements à caractère militaire dans le détroit de Taïwan sont sensibles. La Chine considère Taïwan comme une de ses provinces. Elle soumet l'île, sous gouvernement démocratique, à une pression militaire, économique et diplomatique forte et refuse d’exclure le recours à la force pour en prendre le contrôle. La question taïwanaise est une des sources majeures de tension dans la région, théâtre de multiples querelles territoriales et d’une lutte d’influence entre grandes puissances. La marine japonaise a répéré jeudi le Fujian accompagné de deux destroyers et progressant en direction du sud-ouest à environ 200 km au nord-ouest des îles Senkaku, a indiqué le ministère japonais de la Défense dans un communiqué. Au nord-est de Taïwan, les îles Senkaku, Diaoyu pour la Chine, sont administrées par Tokyo mais revendiquées par Pékin. Les garde-côtes chinois ont rapporté avoir patrouillé vendredi dans les eaux de l’archipel, inhabité. Calendrier toujours inconnu La Chine dispose de deux porte-avions en service actif: le Liaoning, acheté à l’Ukraine en 2000, et le Shandong, premier porte-avions à avoir été construit en Chine, mis en service en 2019. Le Shandong a participé en avril à des manoeuvres militaires dans le détroit de Taïwan avec simulation de «blocus», selon le Commandement du Théâtre oriental de l’armée chinoise. Le Fujian, qui tient son nom de la province chinoise située en face de Taïwan, est le plus grand navire jamais construit par la Chine. Il participe au renforcement des capacités chinoises de dissuasion et de projection en Asie-Pacifique, et plus globalement à la montée en puissance de l’armée chinoise dans un contexte de rivalité avec le système d’alliances régionales des Etats-Unis. La Chine assure que ses intentions sont pacifiques. Le Fujian a effectué ses premiers essais en mer en 2024. Il devrait être doté de systèmes de décollage plus avancés, permettant de déployer des avions transportant des charges utiles plus importantes et davantage de carburant, selon les analystes du groupe de réflexion CSIS à Washington. La Chine garde le secret sur la mise en service du Fujian. Les experts spéculent sur une date qui coïnciderait symboliquement avec un évènement historique pour le pays. Song Zhongping, un commentateur militaire chinois, pense que les principaux tests sont achevés et que «l’heure de la mise en service officielle approche». Il en veut pour preuve qu’après avoir été testé en mer de Chine orientale et en mer Jaune, le bâtiment l’est à présent en mer de Chine méridionale, où «l’environnement est plus hostile et les conditions d’essai, par conséquent, plus exigeantes». Un autre expert, Alex Luck, spécialiste du matériel naval, tempère cependant. Il peut s’agir aussi bien d’un essai que d’une préparation à la mise en service, dit-il. «Les deux options sont possibles, en fonction des étapes suivantes. Mais il est trop tôt pour se prononcer. On doit se contenter de ce qu’on voit pour l’instant», insiste-t-il. © Agence France-Presse