La situation des banques russes demeure particulièrement précaire

La baisse du rouble complique l’assouplissement monétaire de la CBR, alors que la récession fait fondre les profits et gonfler les créances douteuses.
Julien Beauvieux

Le nouvel accès de faiblesse du pétrole et du rouble n’arrange pas les affaires du secteur bancaire russe. Déjà en proie à une récession particulièrement sévère, les établissements locaux pourraient ainsi avoir à composer avec un assouplissement monétaire moindre qu’escompté de la part de la banque centrale nationale (CBR) dans les prochains mois, qui constituait une rare bouffée d’oxygène.

Si la CBR a de nouveau opté pour une baisse de son taux directeur le 3 août dernier, jugeant que «l'équilibre des risques penche du côté d’un ralentissement considérable de l'économie», le niveau actuel de 11% représente toujours le double de celui en vigueur début 2014. Un taux particulièrement élevé eu égard à la contraction de 4,6% sur un an du PIB russe au deuxième trimestre, qui provoque une hausse des créances douteuses.

Alors que les deux poids lourds, VTB et Sberbank, devraient publier les 18 et 26 août prochains des résultats semestriels en forte baisse, dus par ailleurs à un coût de financement toujours orienté à la hausse, la santé des acteurs de taille intermédiaire continue en outre d’inquiéter. La semaine dernière, la CBR a ainsi retiré sa licence bancaire à Probusinessbank, qui présentait un trou de 67 milliards de roubles (930 millions d’euros) dans son bilan.

Ce retrait est intervenu deux semaines après la fermeture par la banque centrale de Rossiyskiy Kredit Bank, ainsi que trois de ses filiales. Fin décembre, les autorités avaient également dû voler au secours de Trust Bank, en offrant 127 milliards de roubles de liquidités d’urgence.

Outre la baisse des taux, Moscou a également pris plusieurs mesures pour soutenir le secteur. En sus du doublement du plafond de garantie des dépôts, afin d’éviter les «runs», le gouvernement a notamment injecté 1.000 milliards de roubles en capital dans les 27 plus grandes banques du pays. Si ces mesures ont pour l’heure stabilisé la situation, la crise poursuit son œuvre.

Selon la CBR, les provisions pour risques ont en effet augmenté de 18,6% sur un an sur les sept premiers mois de l’année, à plus de 4.000 milliards de roubles. Alors que VTB a affiché une perte au premier trimestre, les chiffres en normes comptables russes de Sberbank font apparaître une baisse de 56% de son profit semestriel. Le coût de financement de ses prêts a en particulier bondi de 89%, en raison de la fermeture des marchés de capitaux occidentaux.

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