La rentabilité technique des réassureurs va se dégrader

Le ratio combiné moyen devrait s'établir entre 95% et 100% en 2014, estime S&P. Les réassureurs doivent s’adapter à un nouvel environnement
Antoine Duroyon

De quelle manière les réassureurs traditionnels peuvent-ils continuer à prouver la pertinence de leur rôle et de leur modèle ? Cette problématique sera largement débattue lors des Rendez-Vous de Septembre, le grand raout de la réassurance mondiale qui s’ouvre samedi à Monte-Carlo. La question se pose dans un contexte plus difficile pour l’industrie, après huit années de stabilité.

L’affaiblissement de la demande intensifie la concurrence et pèse sur les prix (-5% en 2013 et de -5 à -10% cette année), alors que l’offre de capacité reste nettement excédentaire, souligne Standard & Poor’s dans une note publiée en amont de cet événement. «Les capitaux alternatifs (cat bonds, titres assurantiels, ndlr) représentent de plus en plus une menace. Les nouveaux entrants constatent que le marché de la réassurance est rentable», observe Lotfi Elbarhdadi, directeur assurance chez S&P. Selon l’agence de notation, plus de la moitié des réassureurs qu’elle suit sont exposés à ces turbulences.

Si le secteur reste solide, avec «A» comme notation moyenne et un niveau de solvabilité record, l’impact négatif sur la rentabilité technique commence à se faire sentir. S&P anticipe un ratio combiné moyen entre 95% et 100% cette année, puis entre 98% et 104% l’année prochaine. Il s’est établi en moyenne à 92% sur la période 2009-2013. Dans le même temps, le rendement des fonds propres devrait descendre autour de 7% à 9% d’ici à 2015 (contre 14% sur 2009-2013). Avec une duration moyenne de leurs portefeuilles d’actifs de deux ans, les réassureurs ne sont pas les mieux placés pour bénéficier d’une prochaine remontée des taux.

Dans ce nouvel environnement, l’enjeu pour les réassureurs internationaux sera d’ordre technique : réussir à démontrer dans les deux années à venir leur capacité à opérer des baisses de tarifs ciblées tout en maintenant leur discipline de souscription. A plus long terme, les réassureurs les mieux diversifiés se départageront sur leur capacité à exploiter les nouvelles opportunités qu’offrent le «big data», les capitaux alternatifs, le changement climatique ou encore les marchés émergents, estime S&P.

Pour les acteurs les plus fragiles, installés sur des marchés de niche, le salut pourrait passer par des rapprochements.

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