
La Place reste confiante sur le capital des assureurs vie
Non, les assureurs vie n’ont pas peur. Certes, le niveau des taux durablement bas a contraint certaines compagnies à renforcer leurs fonds propres pour redresser leurs ratios de solvabilité. Mais, il s’agirait d’opérations de refinancement classiques, déclarent en chœur les assureurs et leurs superviseurs. «Le niveau de capitalisation du secteur est adéquat et prudent», a affirmé hier Bernard Delas, vice-président de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), lors de la journée organisée par le pôle commun de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et du régulateur de la banque et de l’assurance. Le constat est partagé par Bercy. «Il n’y a pas lieu d’être inquiet globalement sur le système. Les acteurs et les pouvoirs publics ont des outils pour gérer au cas par cas», a affirmé mardi soir Bertrand Dumont, directeur général adjoint du Trésor, lors des dernières Rencontres de l’industrie Financière de L’Agefi. Premiers concernés, les professionnels se montrent eux aussi confiants sur la santé des acteurs de l’assurance. «La question de la solidité, de la solvabilité, n’est pas d’actualité», a abondé Philippe Brassac, directeur général de Crédit Agricole SA, lors de la soirée de L’Agefi.
La situation mérite toutefois d’être examinée, car le taux de couverture du capital de solvabilité (SCR) des assureurs français est passé de 240% au 31 décembre 2018 à 214% à la fin de mois de septembre 2019. En neuf mois, il a donc baissé de 26 points de base (pb), et ce repli a été encore plus marqué dans l’assurance vie, à -30 pb. Depuis l’entrée en vigueur du régime Solvabilité 2 en Europe, les ratios prudentiels du secteur de l’assurance se révèlent très sensibles à l’évolution des marchés d’actions ou de taux, mais «il s’agit d’indicateurs avancés», souligne Bernard Delas. D’autres facteurs entrent en jeu. «Les recapitalisations des assureurs vie sont parfois la conséquence des dividendes extrêmement élevés qu’ils versent à leur maison mère, rappelle un observateur. Sans ces dividendes versés, ils pourraient tout à fait autofinancer leurs besoins en capitaux.» Une allusion au renflouement surprise de Suravenir, dans lequel le Crédit Mutuel Arkéa a récemment injecté 540 millions d’euros.
Pour répercuter l’effet des taux bas, les assureurs pourraient sabrer significativement le rendement de leurs fonds en euro, après les baisses progressives des dernières années. SwissLife et Generali ont déjà décidé qu’il serviraient seulement 1% à leurs assurés au titre de 2019. «Les taux élevés servis par les fonds en euros ne sont pas soutenables dans la durée, a rappelé le vice-président du régulateur français, le coût de la garantie de ces produits est devenu prohibitif.» Les assureurs, même suffisamment capitalisés, restent confrontés à un réel problème : si leur impératif économique est bien de réévaluer la nature et l’ampleur de la garantie offerte dans les fonds en euros, les épargnants restent très hostiles au risque. «Le fonds en euro continuera d’occuper une place majeure, et les produits uniquement composés d’unités de compte resteront réservés à une clientèle prête à supporter des risques», anticipe Bernard Delas.
Les assureurs doivent faire preuve de «créativité», selon l’ACPR, pour proposer de nouveaux produits aux épargnants, à commencer par la nouvelle mouture du fonds euro croissance et le Plan épargne retraite (PER). Pour ce dernier produit créé par la loi Pacte, «une demi-douzaine d’assureurs ont une offre, le succès est au rendez-vous», assurait mardi soir Jacques Peretti, PDG d’Axa France. Un autre professionnel du secteur reste plus mesuré : «cet engouement pourrait n’être que temporaire et lié à des opérations commerciales très fortes».
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