La justice américaine désavoue la Fed mais valide son sauvetage de l’assureur AIG

L’ancien numéro un mondial de l’assurance ne devra pas indemniser ses actionnaires, pourtant jugés lésés par sa quasi-nationalisation.
Amélie Laurin
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La fin justifie (presque) les moyens. La justice américaine a refusé lundi d’indemniser les actionnaires d’American International Group (AIG), même si elle estime que la Réserve fédérale (Fed) a outrepassé ses attributions lors du sauvetage de l’ancien numéro un mondial de l’assurance. Selon la cour fédérale de Washington, les actionnaires de la société auraient en effet tout perdu sans l’action de la banque centrale américaine.

Pour autant, l’assureur a subi un «traitement indûment sévère», a déclaré le juge : la Fed avait bien le pouvoir d’accorder un prêt d’urgence à AIG mais pas de s’octroyer en échange 80% des actions de l’entreprise.

En septembre 2008, alors que Lehman Brothers est mis en faillite, et les réassureurs Freddie Mac et Fanny Mae placés sous tutelle, les Etats-Unis décident la quasi-nationalisation d’AIG jugé too big too fail, «trop gros pour faire faillite» sans d’importants dégâts collatéraux. Quelques semaines plus tard, les grandes banques américaines bénéficient du TARP, un programme de soutien moins contraignant. Après une première injection de 85 milliards de dollars (75,5 milliards d’euros), le renflouement d’AIG coûtera au final la somme record de 182 milliards.

La décision rendue lundi déboute Maurice «Hank» Greenberg de sa demande d’indemnisation. Directeur général d’AIG jusqu’en 2005, il avait porté plainte en 2011 via sa société Starr International, qui fut le premier actionnaire du groupe avec 12% des parts. Dans sa croisade contre les autorités fédérales, Hank Greenberg avait enrôlé quelque 270.000 autres actionnaires d’AIG et réclamait 50 milliards de dollars d’indemnités.

En attendant un éventuel appel du ministère de la Justice, la Fed a déclaré que ses décisions pendant le renflouement étaient «légales, adéquates et efficaces». Ses interventions d’urgence ont toutefois été réduites par la loi Dodd-Franck de 2010 qui vise à responsabiliser le monde de la finance en limitant la probabilité de sauvetage des établissements too big to fail. La banque centrale américaine doit encore préciser comment elle va se conformer aux nouvelles règles.

En remboursant ses aides publiques en 2012, AIG a rapporté 23 milliards de dollars à l’Etat fédéral. De son côté, Hank Greenberg n’en a pas fini avec l’assureur. Agé de 90 ans, il doit comparaître devant la justice après une plainte de l’Etat de New York qui l’accuse, avec son l’ex-directeur financier Howard Smith, d’avoir maquillé les comptes de 2000 à 2005.

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