La guerre en Ukraine confirme son incidence mesurée pour l’assurance

Les provisions des différents acteurs sont comparables à une catastrophe naturelle de moyenne ampleur.
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Pour les assureurs, depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, c'est le secteur de l'aviation qui concentre une grande partie des litiges en termes de montants  -  AdobeStock.

L’ardoise du secteur de l’assurance pour la guerre en Ukraine se dessine. Le Lloyd’s de Londres, la première place de marché mondiale en termes d’assurance et de réassurance pour les risques commerciaux, d’entreprise et spécialisés, a précisé avoir provisionné 1,4 milliard de livres sterling (1,5 milliard d’euros) net de réassurance pour les sinistres liés au conflit, lors de la publication de ses résultats annuels. Cette provision prend notamment en compte le leasing aérien «sur la base des informations actuellement disponibles».

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En riposte aux sanctions occidentales, le Kremlin a publié en mars 2022 une loi autorisant les compagnies russes à faire réimmatriculer dans le pays les avions loués auprès de sociétés étrangères.

Plus de 500 avions financés ou détenus par des bailleurs étrangers - AerCap, SMBC Aviation Capital, Avolon ou encore Aircastle – ont alors été réimmatriculés en Russie. Quelques procédures judiciaires ont déjà été entamées et devront clarifier la répartition éventuelle des indemnisations. «Lloyd’s Europe a actuellement connaissance de neuf plaintes au total qui ont été déposées contre elle en Angleterre et en Irlande et a connaissance d’une autre plainte qui est susceptible d'être émise. Chaque plainte a été déposée par des bailleurs du secteur de l’aviation pour des polices couvrant des aéronefs exploités en Russie et dans des pays apparentés en 2022», explique l’institution dans son rapport annuel.

AerCap Holdings NV, la plus grande société de location d’avions au monde, dont 145 avions sont concernés, réclame déjà 3,5 milliards de dollars à ses assureurs.

Réassurance

Les assureurs, qui profitent de clause d’exclusion en cas de guerre sur la majorité des lignes, ne devraient pas porter la majorité du coût des sinistres dans cette situation non plus. «Il est à noter que Lloyd’s Europe a conclu des accords de réassurance en quote-part à 100% avec les syndicats de Lloyd’s concernés pour les affaires qu’elle a souscrites», précise ainsi le Lloyd’s. Les quatre grands réassureurs européens, Munich Re, Swiss Re, Hannover Re et Scor, ont par exemple passé plus d’un milliard d’euros de réserves en 2022 liées à de potentiels sinistres futurs en lien avec la guerre en Ukraine.

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Mais les sommes en question mettront du temps à être précisées. «Les pertes potentielles affecteront principalement les assureurs de la Lloyd’s et le marché mondial de la réassurance. Il s’agit toutefois d’une situation très complexe - à la fois en termes de politiques, de déclencheurs possibles, de structures de propriété et de bases juridiques - et sans précédent pour les marchés de l’assurance aviation. Elle occupera de nombreux juristes pendant les années à venir», rappelait en 2022 Thomas Sepp, chief claims officer d’Allianz Global Corporate & Specialty (AGCS).

Risque politique

Outre les conséquences sur l’actif des assureurs et des réassureurs, la guerre en Ukraine a aussi eu des effets sur l’organisation du marché. «Les renouvellements se sont concentrés sur les clauses d’exclusion pour la Russie, l’Ukraine et le Belarus ainsi que pour la guerre. Certains assureurs ont cherché à imposer des clauses d’exclusion à blanc pour la Russie, l’Ukraine et le Belarus pour les pertes directement ou indirectement liées à la guerre», écrit par exemple Gallagher Re dans un rapport sur les renouvellements de réassurance pour 2023.

En particulier, l’éclatement de la guerre en Ukraine a changé la dynamique du marché de l’assurance contre le risque politique qui a entamé un durcissement certain. «Les prix ne sont plus ce qu’ils étaient avant la guerre et ils peuvent désormais paraître excessifs», reconnaît Maxime Hayes, souscripteur chez Beazley, dans un livre blanc du courtier Verspieren.

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