
La France cultive sa singularité sur le marché des prêts non performants

Ce sera peut-être pour 2023. Dans sa dernière étude annuelle sur les prêts non performants (NPL), European Debt Sales Report 2022, KPMG estime que cette année « les banques seront vraisemblablement contraintes d’accélérer leur stratégie de désendettement ». En France, ce mouvement, attendu depuis plusieurs années, tarde à se concrétiser. Le stock de créances douteuses au bilan des banques françaises se monte à 130 milliards d’euros, sur un stock total en Europe d’environ 420 milliards d’euros. Mais les ratios de NPL restent bas, à 2% des encours, conformes à la moyenne européenne.
Les ventes à des tiers de blocs de portefeuilles de prêts non performants sont donc assez rares dans l’Hexagone, les banques n’éprouvant aucune urgence à alléger leurs bilans. Une situation qui pourrait évoluer, selon KPMG. «Le volume élevé de prêts non performants en France n’a pas été matériellement traité en raison du faible ratio global de NPL, mais on s’attend à ce que les banques soient sous pression pour s’attaquer bientôt [à ces] actifs», peut-on lire dans l’étude.
Cependant, relativise Arnaud Deméocq, associé deal advisory – restructuring chez KPMG France, «certaines banques françaises sont très internationales et bien plus que d’autres banques européennes». Seulement la moitié des 130 milliards de NPL concernent des prêts sur le territoire, le reste étant situé à l’international. Le marché français est donc moins profond qu’il en a l’air. Ensuite, même lorsqu’une décision de cession est prise, sa mise en œuvre n’est pas immédiate. «Cette année, nous pensons que les banques françaises pourraient vendre quelques gros blocs, mais nous anticipons plutôt des blocs de crédits à la consommation. Sur les crédits sécurisés, comme l’immobilier, les cessions requièrent beaucoup de préparation. Pour ces prêts-là, les transactions pourraient avoir lieu probablement plus dans la seconde partie de l’année, voire début 2024», déclare Arnaud Deméocq.
Les banques n’étant pas pressées de vendre, les prix qu’elles obtiendront resteront déterminants pour faire décoller les transactions. La décote sur les portefeuilles de prêts peut atteindre entre 50% et 70%. «Certaines opérations peuvent échouer si les données concernant les prêts sous-jacents ne sont pas d’assez bonne qualité. Dès lors que l’information est défaillante ou insuffisante, les investisseurs ne veulent pas prendre de risque et cela se ressent fortement dans les valorisations», précise Arnaud Deméocq.
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