La cybercriminalité cible ses attaques dans le secteur bancaire

Un groupe de hackers serait parvenu à s’introduire dans les systèmes d’une centaine d'établissements, dérobant au moins 300 millions de dollars.
Antoine Duroyon

Ses contours restent encore flous à ce stade mais une attaque informatique d’envergure a touché une centaine de banques et institutions financières principalement en Russie mais aussi en Europe et aux Etats-Unis. Selon les preuves réunies à ce jour, les sommes dérobées sont estimés à 300 millions mais ce montant pourrait tripler, indique l'éditeur d’antivirus Kaspersky Lab qui a publié hier un rapport sur le sujet.

C’est un groupe multinational de cybercriminels russes, ukrainiens, chinois et européens, baptisé «Carbanak» d’après le nom du logiciel malveillant (malware) qu’il déploie, qui serait à l’origine de cette offensive d’une sophistication inégalée.

Loin du «cash and run» traditionnel, leur modus operandi relève surtout d’un effort de patience. Plutôt que de s’en prendre aux clients des banques, les pirates ont envoyé un email contenant le malware «Carbanak» à plusieurs centaines d’employés bancaires, parvenant ainsi à espionner et à prendre le contrôle d’ordinateurs. Plusieurs mois durant, ils ont identifié puis observé les faits et gestes de collaborateurs haut placés ayant la main sur des opérations financières pour le compte de la banque.

Une fois les procédures parfaitement connues et maîtrisées, ils les ont répliquées en virant les fonds, via le réseau Swift dans certains cas, vers des comptes ouverts notamment chez JPMorgan et Agricultural Bank of China, selon les informations recueillies par le New York Times. Plus surprenant, ils ont également réussi à prendre possession de l’argent en pilotant à distance des distributeurs automatiques avec l’aide de complices. L’un des établissements aurait été «siphonné» de plus de 7 millions de dollars via cette technique.

Interpol et Europol enquêtent sur ce dossier. Et le FS-ISAC (Financial Services Information Sharing and Analysis Center), la plate-forme commune lancée par le secteur bancaire à la fin des années 1990, a diffusé auprès de ses membres des éléments sur cette attaque. Dans un rapport publié il y a quelques jours, Kaspersky souligne que le nombre d’attaques du type phishing et malware affectant le secteur financier a diminué l’an dernier. L’une des explications tient au fait que les pirates se détournent des attaques en masse, préférant des actions «ciblées» sur les prestataires des banques ou les établissements eux-mêmes.

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