
John Cryan réécrit le plan stratégique de Deutsche Bank
Les 19 membres du conseil de surveillance de Deutsche Bank ont passé les trois derniers jours dans le cadre idyllique du lac Tegern, à 50 kilomètres au sud de Munich, dans les Alpes bavaroises. Mais le contenu de leurs discussions s’est révélé bien plus austère: la stratégie de la banque allemande. John Cryan, le nouveau directeur général, qui a remplacé le tandem Jain/Fitschen avant l’été, y a peaufiné les détails du plan qui devrait être dévoilé le 28 octobre, en même temps que les résultats du groupe au troisième trimestre.
Selon plusieurs sources citées par Reuters, le nouveau patron de Deutsche Bank, qui avait approuvé l’actuel plan stratégique 2020 lorsqu’il siégeait au conseil, devait s’abstenir de présenter des réformes révolutionnaires. Pas de cessions massives de portefeuilles de trading qui pourraient conduire le groupe à afficher une perte, pas de régime sec dans la banque de financement et d’investissement comparable à ceux annoncés chez Barclays ou, en 2012, UBS. Dès son arrivée, John Cryan a d’ailleurs donné le ton dans un message interne: il compte s’attaquer à la machine «bureaucratique» qu’est devenue Deutsche Bank, et tenir les promesses de réduction de coûts faite par le groupe. Le dirigeant souhaiterait notamment supprimer le comité exécutif.
Les investisseurs sont du même avis. «A la différence de comparables européens exposés à la banque d’investissement, Deutsche Bank a pour principale activité la BFI. Il n’existe pas d’autre activité importante vers laquelle elle pourrait se recentrer», rappellent les analystes actions de Berenberg. «Comme John Cryan l’a bien identifié, Deutsche Bank a un problème structurel de coûts, avec un modèle opérationnel trop complexe, qui est lié à une plate-forme technologique ancienne, fragmentée et incomplète», poursuit le courtier. Le défi du nouveau patron est de réduire la facture sans obérer la génération de revenus des métiers.
La position en capital de Deutsche Bank suscite aussi beaucoup d’interrogations. Au renforcement des exigences de fonds propres réglementaires s’ajoute le coût des litiges en cours, estimé par certains analystes à 3 milliards d’euros. Ces doutes se lisent dans le cours de Bourse, qui valorise le groupe à 0,66 fois son actif net comptable estimé pour 2015, selon Berenberg.
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Affaire Legrand-Cohen: la patronne de France Télévisions accuse CNews d'être «une chaîne d'extrême droite»
Paris - CNews est «une chaîne d’extrême droite», a accusé la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, dans une interview au Monde publiée jeudi, en plein conflit entre l’audiovisuel public et les médias de la galaxie Bolloré au sujet de l’affaire Legrand-Cohen. «Il faut admettre que CNews est un média d’opinion. Qu’ils assument d'être une chaîne d’extrême droite!», a déclaré la dirigeante du groupe public, qui emploie pour la première fois ce qualificatif au sujet de la chaîne info, première de France en part d’audience. Mme Ernotte Cunci et son homologue de Radio France, Sibyle Veil, ont été entendues mercredi par l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, au sujet de l’affaire Legrand-Cohen. Les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen sont accusés de connivence avec le PS après la diffusion début septembre, par le magazine conservateur L’Incorrect, d’une vidéo les montrant en pleine conversation avec deux responsables socialistes. Cette affaire a provoqué un conflit inédit, à un an et demi de la présidentielle de 2027. D’un côté, les médias privés dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, dont CNews et la radio Europe 1, accusent l’audiovisuel public de parti pris pour la gauche. De l’autre, France Télévisions et Radio France contre-attaquent et en appellent à l’Arcom et aux pouvoirs publics. «La galaxie médiatique de Vincent Bolloré veut la peau de l’audiovisuel public, réclame sa privatisation, et l’exprime avec violence (...). A un moment, il faut dire stop», tonne Mme Ernotte Cunci dans Le Monde. «Ce qui m’inquiète désormais, c’est qu’une partie du personnel politique prend pour argent comptant ce qui est affirmé, et repris sur les réseaux sociaux, sans vérifier ce qui s’est vraiment passé ; c’est ce qu’on appelle la post-vérité», poursuit-elle, en faisant le parallèle avec les Etats-Unis de Donald Trump. Interrogée sur le fait de savoir si l’audiovisuel public était suffisamment soutenu par l’Etat et les politiques, elle a répondu: «Je pose la question». «Si ce soutien consiste à garantir l’indépendance de l’audiovisuel public, donc un financement pérenne, alors on ne l’a pas», a-t-elle développé, dans un contexte de fortes restrictions budgétaires. Par ailleurs, Mme Ernotte Cunci a affirmé qu’elle n'était plus favorable au projet de rapprochement des entreprises de l’audiovisuel public sous une holding commune, porté par la ministre de la Culture sortante Rachida Dati. «J’ai toujours défendu l’union, mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir que les conditions ont changé. L’urgence est de donner des garanties sur notre indépendance», a expliqué la patronne de France Télévisions pour justifier ce revirement. © Agence France-Presse -
Journée de grève: Bruno Retailleau annonce qu'un «sabotage» a été déjoué dans le Morbihan
Paris - Une tentative de sabotage sur le réseau d’eau dans le Morbihan a été déjouée et «des points de blocage débloqués» en région parisienne, a annoncé jeudi Bruno Retailleau, promettant d'être «intraitable» en cas de débordements lors de la journée de grève du 18 septembre. «Dans le Morbihan, il y a eu une tentative de sabotage sur un réseau d’eau, il y a une vanne qui était fermée», a expliqué le ministre démissionnaire de l’Intérieur à la presse lors d’un déplacement porte d’Orléans. «On a eu des tentatives de blocages sur Paris. Autour de Paris, c’est des dépôts de bus à Aubervilliers, par exemple, à Saint-Denis. On a déjà débloqué un certain nombre de blocages. D’autres tentatives sont en cours, elles subiront le même sort: nous débloquerons les dépôts partout en France», a encore assuré Bruno Retailleau. Entre 5 et 8.000 «individus dangereux» «venus mettre le désordre» sont attendus lors de cette journée de mobilisation à travers la France, où jusqu'à 900.000 personnes pourraient descendre dans la rue, une première depuis le mouvement contre les retraites de 2023, qui avait régulièrement réuni un million de manifestants. «La consigne est très très claire: dès qu’il y a le moindre dérapage, il faut que les forces de l’ordre aillent au contact pour interpeller, pour remettre les individus à la justice. La consigne, elle est simple. C’est de ne supporter aucun blocage quand il y a blocage, c’est de ne supporter aucun blocage. Quand il y a blocage, on débloque», a poursuivi le ministre de l’Intérieur. «Nous serons intraitables.» Environ 80.000 policiers et gendarmes sont mobilisés sur l’ensemble du territoire, appuyés par vingt-quatre Centaures (dont huit à Paris), les véhicules blindés de la gendarmerie, et dix engins lanceurs d’eau (deux à Paris). Les points d’attention pour les forces de l’ordre restent, comme lors du mouvement «Bloquons Tout» du 10 septembre, les villes de Rennes, Nantes, Toulouse, Dijon, Lyon, Montpellier ou encore Bordeaux. Les organisations syndicales appellent à faire grève et à manifester pour contester des mesures budgétaires qualifiées de «brutales» annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu n’a pour l’heure pas écartées. © Agence France-Presse -
Etats-Unis: l'expulsion de l'étudiant pro-palestinien Mahmoud Khalil ordonnée par une juge
Washington - Une juge américaine a ordonné l’expulsion du militant pro-palestinien Mahmoud Khalil vers l’Algérie ou la Syrie, selon un arrêt rendu public mercredi. Cette décision est susceptible d’appel. Le leader du mouvement de contestation pro-palestinienne de l’université Columbia, à New York, devra «être expulsé des Etats-Unis vers l’Algérie, ou à défaut vers la Syrie» en raison d’une irrégularité dans sa demande de titre de séjour, a statué une juge de Louisiane, Jamee Comans, dans un arrêt prononcé le 12 septembre. Né en Syrie de parents palestiniens et titulaire d’une carte de résident américain, Mahmoud Khalil avait été arrêté le 8 mars à New York par la police fédérale des frontières (ICE) et incarcéré en Louisiane. Il avait été libéré le 21 juin, mais sa procédure d’expulsion était toujours en cours. Devenu le symbole de la volonté du président américain Donald Trump de museler le mouvement de soutien à la Palestine sur les campus, Mahmoud Khalil a été accusé par l’administration Trump d'être un «soutien du Hamas». Fraîchement diplômé de Columbia et marié à une dentiste née au Michigan, qui a donné naissance à leur fils alors qu’il était en détention, Mahmoud Khalil dispose d’une carte verte de résident permanent. Dans son arrêt, la juge estime que les irrégularités reprochées à M. Khalil dans sa demande de titre de séjour ne relevaient pas d’un oubli provenant d’une personne «mal informée ou insuffisamment éduquée», mais d’une démarche visant à «présenter délibérément de manière inexacte des faits». Dans une déclaration à l’Union américaine pour les libertés civiles (Aclu), M. Khalil a réagi à son ordre d’expulsion en estimant qu’"il n’est pas surprenant que l’administration Trump continue d’adopter des mesures de rétorsion à mon encontre parce que j’exerce ma liberté d’expression». © Agence France-Presse