Deutsche Bank s’apprête à trancher l’épineux cas de Postbank

La banque allemande devrait constater une lourde perte dans l’opération, qui pourrait ne pas suffire à résoudre ses problèmes de rentabilité.
Julien Beauvieux

L’heure de vérité approche pour Deutsche Bank. Sous pression pour améliorer le retour sur capitaux propres (RoE), qui n’a atteint que 6,4% l’an dernier sur une base ajustée, et faire face au durcissement des normes réglementaires, le directoire de la banque présentera vendredi sa nouvelle stratégie. Celle-ci pourrait entériner la vente de sa filiale de banque de détail Postbank (PBK). Des annonces pourraient être faites lors de la présentation le 29 avril des résultats du groupe.

Evoquée depuis des mois, la cession serait néanmoins loin de constituer l’opération idéale, selon les analystes. «Une vente de Postbank (…) ne résoudra pas les problèmes jumeaux de Deutsche Bank», estime ainsi Société Générale qui pointe aussi un ratio de levier de 3,5% toujours faible, «cela va plutôt exacerber ses difficultés étant donné la forte probabilité d’une perte sur la transaction et d’une augmentation des coûts de financement de gros.»

Deutsche Bank a pris le contrôle de 94,1% de sa filiale entre 2008 et 2012 pour plus de 6 milliards d’euros. Le RoE ajusté de PBK s’est établi à 5,2% l’an dernier, pour un ratio de levier de 2,8%. «Tout investisseur rationnel prendrait ces problèmes en compte et paierait substantiellement moins que la book-value», juge Société Générale, qui estime que sur la base d’un prix de 3,5 milliards d’euros, Deutsche Bank devrait passer une dépréciation de 1,8 milliard.

Compte tenu des actifs non stratégiques hérités de la crise, en perte de 2,8 milliards d’euros en 2014, la cession de Postbank ne serait en outre pas suffisante pour redresser la rentabilité. L’an dernier, le RoE de la BFI a atteint 10,1%, contre 16,9% pour la banque transactionnelle et 14,1% pour la gestion d’actifs. JPMorgan estime ainsi que la banque devrait céder le reliquat de ses activités de banque de détail européenne et chinoise. «La BFI doit réduire ses actifs», ajoute-t-il en évoquant une nouvelle baisse de 115 milliards d’euros du levier.

La réduction de la voilure dans la banque de détail pose enfin la question de la perte de dépôts. «Bien que les marchés actions semblent apprécier l’idée d’une BFI en stand-alone, une scission serait néfaste pour les créanciers obligataires», pointe CreditSights. Le spread de la banque sur son obligation senior 2025 a augmenté de 23 points de base en un mois, contre une hausse de 11 points pour l’indice BoA Merrill Lynch.

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