
Magnificent 7 : comment le marché des ETF s’adapte à la concentration croissante des indices

Elle a beau être qualifiée de « passive », la gestion indicielle ne reste pas inactive face au phénomène de polarisation des marchés sur la poignée de valeurs stars que sont les « 7 magnifiques ». Le marché des ETF s’organise pour fournir aux investisseurs qui le souhaitent, des solutions pour gérer le risque de concentration inhérent aux grands indices. A commencer par le S&P 500, au sein duquel Nvidia, Microsoft, Apple, Alphabet, Amazon, Meta et Tesla pèsent désormais 26 %, du fait du gonflement rapide de leur capitalisation boursière.
L’équipondération : une réponse drastique
Parmi ces solutions, la plus en vue est celle des ETF « equal weight », qui répliquent des indices – en l’occurrence le S&P 500 – dans lesquels chaque valeur est pondérée de la même manière, sans tenir compte du niveau de sa capitalisation. En Europe, ces véhicules sont notamment proposés par des acteurs comme Xtrackers (DWS), iShares (BlackRock), Amundi ou Invesco. Selon les données de Trackinsight, ils ont attiré près de 6 milliards d’euros de collecte depuis le début d’année, pour un encours qui s’élève, mi-octobre, à un peu plus de 17 milliards d’euros. A lui seul, le fournisseur historique de ce type de produits, Xtrackers, a capté 3,5 milliards de ces souscriptions pour un encours de plus de 10 milliards. « Les ETF «equal weight» sont sans doute l’outil le plus drastique pour gérer le risque de concentration, souligne Lukas Ahnert, senior product specialist chez Xtrackers. Ils sont principalement utilisés par des investisseurs professionnels, comme des gérants de fonds de fonds, mais sont aussi récemment devenus plus populaires parmi les particuliers. »
Il présente l’avantage d’être facile à appréhender. « Si l’on pense que la concentration des indices est le résultat d’une bulle et que l’on anticipe un retour des valorisations de ces grandes capitalisations à la moyenne du marché, les ETF «equal weight» sont une solution simple car ils reviennent à donner du poids aux 493 autres valeurs du S&P 500 », complète Franklin Morin, directeur des investissements pour la plateforme d’épargne en ligne Nalo qui utilise les ETF comme briques d’investissement. Certains fournisseurs (Xtrackers et Amundi) ont même décidé de le lancer sous un format ESG. « Le coût d’opportunité d’ajouter un filtre ESG sur l’ETF S&P 500 «equal weight» est plus facile à supporter pour certains investisseurs, avec un écart de performance de l’ordre de 2,6 % sur les deux dernières années, à comparer avec une progression du marché de 45 %, signale Lukas Ahnert. C’est un écart bien plus faible que lorsqu’on applique ce type de filtre aux stratégies pondérées par la capitalisation. Cet ETF répond à une demande : nous l’avons lancé fin 2022, cet ETF ESG de Xtrackers cumuledéjà de 2 milliards de dollars. »
Les ETF thématiques comme alternative
Ces ETF équipondérés peuvent toutefois manquer de finesse aux yeux de certains investisseurs. « Ils introduisent de multiples biais, vers les petites capitalisations, les secteurs industriels ou de services aux collectivités (utilities), vers des facteurs comme la value ou encore les dividendes, liste Franklin Morin. Nous avons préféré adopter une approche «barbell» avec d’un côté une exposition principale à la tech pour profiter de sa performance et de l’autre une exposition plus défensive avec plusieurs composantes distinctes (value, secteur financier, industrie, small cap…), le tout investi via différents ETF. » Une approche granulaire qui permet de mieux cibler les enjeux spécifiques de chaque investisseur. « Le risque de concentration ne se limite pas à la question du poids des 7 magnifiques, pointe Lukas Ahnert. On constate aussi une forte concentration sectorielle, avec l’IT qui représente 30 % des indices dans de nombreuses régions. L’enjeu peut également être vu au niveau géographique : les actions américaines pèsent par exemple 70 % du MSCI World. En fonction du type de concentration qui le touche le plus, un investisseur optera pour une solution ou pour une autre. »
Pour rééquilibrer le portefeuille d’un point de vue sectoriel, les ETF sectoriels sont une solution naturelle mais pas unique. « On constate un intérêt des investisseurs pour les ETF thématiques, notamment sur l’intelligence artificielle (IA) : tout en étant proches du secteur IT, ils pondèrent différemment les valeurs et peuvent inclure un plafond d’exposition qu’aucun titre individuel ne doit dépasser », poursuit Lukas Ahnert. Une option retenue par Nalo. « Pour notre exposition à la tech, nous utilisons un ETF automation & robotics afin de profiter de la propagation de l’IA au-delà des seuls acteurs qui la conçoivent », précise Franklin Morin.
Exclure les Etats-Unis ?
La concentration géographique a, quant à elle, fait l’objet de plusieurs lancements récents d’ETF. Ainsi, Xtrackers et Amundi ont successivement coté, cette année, des véhicules répliquant l’indice mondial MSCI World mais en retirant les volumineuses actions américaines. « L’ETF MSCI World ex USA facilite le rééquilibrage géographique des portefeuilles, met en avant Lukas Ahnert. Il n’est plus nécessaire, à côté de son allocation aux actions américaines, de cumuler des briques différentes pour l’exposition aux actions européennes, japonaises ou asiatiques hors Japon. C’est désormais possible avec un seul véhicule. » Le même raisonnement est également en train d’apparaître sur les indices émergents auxquels est retirée la poche chinoise qui pèse désormais 27 % du MSCI Emerging Markets.
Les solutions pour atténuer la concentration des indices ne manquent donc pas sur le marché des ETF, et la collecte suit. Mais cela reste une goutte d’eau dans l’océan des flux vers les supports pondérés par la capitalisation : depuis le début de l’année, ceux répliquant basiquement le S&P 500 dépassent ainsi les 30 milliards d’euros.
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Donald Trump rebaptise le Pentagone en « ministère de la Guerre » pour afficher la puissance américaine
Washington - Donald Trump a signé vendredi un décret visant à rebaptiser le ministère américain de la Défense en «ministère de la Guerre», ajoutant qu’il voulait par là envoyer un «message de victoire» et «de force» au reste du monde. Le président américain a laissé entendre qu’il pouvait se passer d’un vote du Congrès pour procéder à ce changement d’appellation. «Les mots comptent», a dit le chef du Pentagone Pete Hegseth, présent aux côtés de Donald Trump dans le Bureau ovale, assurant que cette nouvelle appellation devait permettre de «restaurer une éthique guerrière». Formellement, il s’agit pour l’instant d’une appellation «supplémentaire», selon un document distribué dès jeudi par la Maison Blanche. Un haut responsable du ministère a indiqué que le coût de cette opération, potentiellement très dispendieuse, deviendrait «plus clair» au fur et à mesure de sa mise en place. Peu après la signature du décret présidentiel, les mots «ministère de la Défense» ont été immédiatement retirés d’un mur dans le Pentagone, devant des caméras de télévision. Le site du ministère a été renommé et Pete Hegseth se présente désormais comme «ministre de la Guerre» sur X. «Nous allons soumettre (ce changement de nom) au Congrès», a prévenu Donald Trump. «Je ne sais pas (si les parlementaires voteront en ma faveur, ndlr), nous verrons bien, mais je ne suis pas sûre qu’ils aient besoin de le faire». «Trop défensif» Ce n’est pas la première fois que le républicain de 79 ans impose ses idées sans passer par la case législative. Son second mandat est marqué par une volonté assumée d'étendre le pouvoir présidentiel, à coups de décrets et de décisions empiétant sur les prérogatives du Congrès. Il a signé vendredi son 200e décret depuis son retour à la Maison Blanche en janvier. Le président des Etats-Unis avait déjà fait part de ce projet qui restaurerait une appellation ayant existé de 1789 à 1947. «Défense, c’est trop défensif, et nous voulons aussi être offensifs», avait-il déclaré. Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a mobilisé l’armée pour imposer une image de puissance spectaculaire et combler son appétit de fastes militaires. Il a organisé un rare défilé le jour de son anniversaire, déployé la Garde nationale dans des villes dirigées par ses opposants, et ordonné une frappe exceptionnelle sur un bateau dans les Caraïbes dans le cadre de la lutte affichée contre le narcotrafic. Les démocrates dénoncent régulièrement ce recours aux militaires, révélateur selon eux d’une dérive autoritaire. Contre le «politiquement correct» Le président américain avait eu pendant son premier mandat une relation plutôt contrariée avec l’armée. Son ancien chef d'état-major, le général Marc Milley, l’a qualifié d’"aspirant dictateur». Des articles de presse avaient également attribué à Donald Trump des propos méprisants pour des militaires américains morts au combat. Cette fois, le dirigeant républicain a remanié l'état-major américain pour s’entourer de hauts gradés choisis par ses soins, et a nommé en la personne de Pete Hegseth un ministre à la loyauté farouche. Le chef du Pentagone, adepte d’un discours viriliste et d’opérations de communication musculeuses, a dit vendredi que l’objectif de l’armée américaine était d’atteindre «une létalité maximale, pas une létalité tiède». Il a dit vouloir aller à l’encontre du «politiquement correct». Aurélia END © Agence France-Presse