
Le marché des ETF diverge entre les deux rives de l’Atlantique

Après un coup de frein en 2022, le marché des ETF a repassé la marche avant l’an dernier des deux côtés de l’Atlantique, les encours sous gestion frôlant les 8.500 milliards de dollars aux Etats-Unis et dépassant les 1.700 milliards en Europe. Mais les ressorts de cette dynamique semblent de moins en moins alignés entre les deux marchés. C’est ce que montrent les résultats de l’enquête réalisée par Trackinsight auprès de plus de 500 investisseurs publiée ce jour (Global ETF Survey 2024).
Plus que jamais, l’Europe apparaît ainsi comme le marché des ETF ESG. Elle capte 402 des 549 milliards d’euros d’actifs sous gestion de ce segment et héberge 70% des 1.800 véhicules répertoriés par Tracksinsight. Selon l’enquête, un tiers des répondants européens allouent plus de 10% de leur portefeuille aux ETF ESG, et près de 70% prévoient d’investir davantage encore dans les deux à trois ans à venir. «L’enthousiasme des Européens vis-à-vis des ETF ESG tranche avec la grande prudence des Américains, freinés par la multiplication des lois anti-ESG promulguées dans les Etats dominés par les Républicains, souligne Rony Abboud, responsable du marketing chez Trackinsight. Cette prudence se voit très nettement dans les flux : alors que leur collecte dépassait les 50 milliards de dollars en 2021 aux Etats-Unis, elle est tombée à 5 milliards en 2022 avant de passer dans le rouge en 2023, à -1,3 milliard.» Ainsi, les investisseurs américains interrogés par Trackinsight ont déclaré à plus de 70% ne tout simplement pas être intéressés par les ETF ESG.
L’histoire récente du marché des ETF outre-Atlantique est en revanche très nettement écrite par les fonds cotés gérés de manière active. Pas moins de 80% des répondants issus d’Amérique du Nord ont déjà investi dans des ETF actifs, ou projettent de le faire. Et 41% leur dédient plus de 10% de leur allocation. Cela se voit d’ailleurs dans les encours puisque leur part de marché est passée de 2,8% à 7,5% entre 2018 et 2023, pour atteindre 631 milliards de dollars. En Europe, seuls 33 des 1.700 milliards de dollars du marché des ETF sont gérés de manière active. Du côté des investisseurs, le plébiscite est en effet moindre : si les deux-tiers voient cette innovation d’un bon œil, pas plus de 28% leur ont donné une place significative dans les portefeuilles. Des coûts plus élevés que pour les traditionnels «trackers» et une offre de produits limitée freinent les velléités des investisseurs.
Cela pourrait toutefois changer : trois investisseurs européens interrogés sur quatre envisagent d’augmenter leur allocation aux ETF actifs dans les deux à trois prochaines années. Les véhicules investis en actions, notamment thématiques, pourraient plus particulièrement en bénéficier. Un tiers des répondants citent enfin l’ESG comme un segment sur lequel les ETF actifs pourraient, selon eux, présenter une valeur ajoutée. Une manière de réunir le meilleur des deux marchés.

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Un décret interdit les sachets de nicotine en France à partir de mars 2026
Paris - Dénoncés pour leur toxicité et leur caractère addictif en particulier pour les enfants et adolescents, les sachets, billes et gommes de nicotine seront interdits en France à partir de mars 2026, une «victoire» pour les associations anti-tabac. Le décret d’interdiction, paru au Journal officiel samedi, fait suite au bannissement des cigarettes électroniques jetables, prohibées à la vente depuis fin février, et à l’interdiction de fumer dans les espaces publics comme les jardins et parcs, les plages ou encore aux abords des écoles en vigueur depuis le 1er juillet. Le bannissement des sachets «vise à protéger la santé publique: la nicotine est désormais considérée comme une substance vénéneuse en raison de ses effets nocifs, et son usage à visée récréative présente un risque d’initiation au tabagisme, notamment chez les jeunes», a justifié à l’AFP le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités. La ministre «Catherine Vautrin confirme ainsi son engagement» contre les «risques liés aux addictions», selon cette source. Le gouvernement Barnier avait annoncé à l’automne 2024 son intention de bannir les sachets de nicotine, également appelés pouches, en raison notamment d’un accroissement des intoxications chez les adolescents. Le marché mondial des pouches a été évalué par Global Markets Insights à 6,6 milliards de dollars (5,6 milliards d’euros) pour l’année 2023, et pourrait atteindre 27,4 milliards de dollars (23,4 mds d’euros) en 2032. Apparus récemment, les sachets de nicotine sans tabac renferment, dans un tissu perméable, des fibres de polymères imprégnées de nicotine et d’arômes et se glissent entre la lèvre et la gencive. L’interdiction prise par le gouvernement vise l’ensemble des «produits à usage oral contenant de la nicotine, à l’exception des médicaments et dispositif médicaux». Elle ne s’applique pas aux tabacs à chiquer. «Eldorado financier» Il s’agit notamment des «sachets portions» ou «sachets poreux», «pâte, billes, liquides, gomme à mâcher, pastilles, bandelettes ou toute combinaison de ces formes», énumère le texte. L’Alliance contre le tabac, une fédération d’associations anti-tabac, a salué une «victoire». «Il s’agit d’une mesure cruciale pour protéger les jeunes et contrer les stratégies pernicieuses d’une industrie qui prospère sur le marché de l’addiction, au détriment de la santé publique», a-t-elle estimé dans un communiqué. «Face à la baisse de la consommation de cigarettes dans les pays développés, les sachets de nicotine et les nouveaux produits nicotiniques (tabac chauffé et cigarettes électroniques) constituent le nouvel eldorado financier des cigarettiers», souligne l’organisation pour qui, «loin d’être des outils de sevrage, les sachets de nicotine et leurs dérivés (billes, perles) n’ont pour objectif que d’étendre le marché de l’addiction à la nicotine». Les fabricants British American Tobacco France et Philip Morris France ont dénoncé l’interdiction. Le premier a critiqué une «approche dogmatique, sans débat ni concertation» de la France, qui «prend le risque (...) de priver les fumeurs adultes d’alternatives encadrées» au tabac. Pour le second, «la France s’entête dans une stratégie d’interdiction inefficace». La confédération des buralistes y voit une «victoire annoncée pour les trafics». En novembre 2023, l’Anses avait appelé à une vigilance particulière» sur ces sachets en soulignant que ces produits, comme les billes aromatiques, entraînaient de plus en plus d’intoxications. «Les enfants et adolescents sont les principales victimes», avait constaté l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Comme les snus (tabac sous forme de sachet à usage oral interdit à la vente en Europe), les sachets de nicotine «peuvent provoquer des syndromes nicotiniques aigus parfois sévères: vomissements prolongés avec risque de déshydratation, convulsions, troubles de la conscience, hypotension ayant nécessité un remplissage vasculaire», selon l'étude qui précise que la majorité des personnes intoxiquées ont entre 12 et 17 ans. Les billes aromatiques présentent aussi un risque d’accident domestique, en particulier pour les enfants de moins de trois ans qui les ingèrent. Le nombre d’appels au centres anti-poisons concernant ces produits était passé de trois en 2020 à 86 en 2022, selon l’Anses. Boris CAMBRELENG © Agence France-Presse