
Laure Peyranne Rovet, construire des ETF en Espagne

Laure Peyranne-Rovet a ce qu’on appelle communément la bosse des maths. Depuis l’enfance, la professionnelle excelle dans cette matière : «l’étude des mathématiques apporte une façon de structurer l’organisation mentale» indique la quadragénaire.
Après son bac obtenu au lycée français de Londres, elle opte pour un master de maths pures à la prestigieuse université britannique UCL puis enchaîne par l’EM Lyon en France avant d’entamer sa carrière professionnelle à la Société Générale, à Paris puis à Madrid dès 2008. Début 2010, elle rejoint Amundi et rencontre alors Valérie Baudson, qui l’invite à monter avec elle une équipe dans les ETF. Elle accepte sans hésiter : «cette experience a été particulierement inspirante et determinante dans ma carriere», souligne-t-elle.
L’aventure Invesco démarre il y a cinq ans : «Invesco avait sondé le marché espagnol pour connaître l’identité des personnes qui travaillaient dans les ETFs», relate Laure Peyranne, «nous étions très peu nombreuses dans ce cas et mon nom est sorti assez vite». La mission est exigeante : il faut construire en totalité l’activité d’ETFs dans la région ibérique mais aussi en Amérique latine et dans les Etats-Unis offshore, un défi que Laure s’emploie à relever région après région, avec une équipe réduite. Le succès est finalement à la clé : après seulement cinq ans, Invesco ETF est devenu le troisième fournisseur d’ETFs en Espagne et a levé plus de 12 milliards de dollars sur l’ensemble de sa région.
J’ai opté pour l’humour pour désamorcer les attaques… mais clairement, il ne fallait pas être susceptible
Questionnée sur sa capacité à naviguer dans un monde très masculin, Laure répond qu’elle a été élevée avec deux frères tout en multipliant les activités sportives qu’elle n’a jamais abandonnées : quelques jours avant notre rencontre, elle décrochait un titre au volley-ball avec son équipe : «quand j’ai démarré ma carrière en 2004, les blagues sexistes fusaient mais j’ai très vite appris à affiner mon sens de la répartie», se souvient-elle, «j’ai opté pour l’humour pour désamorcer les attaques… mais clairement, il ne fallait pas être susceptible.» Comme beaucoup de professionnelles, elle est d’abord rattrapée par le syndrome de la bonne élève qui doit travailler dur pour réussir sans pour autant le montrer : «il m’a fallu du temps pour intégrer l’idée qu’il était aussi important de promouvoir mes résultats que de les obtenir» explique-t-elle, «cela n’était pas naturel pour moi et cela représente toujours un défi. Mais il est pourtant crucial d’y parvenir pour moi comme pour toutes les femmes».
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Pour Laure, sa réussite professionnelle est avant tout une question d’équilibre : «les tâches domestiques sont bien réparties entre mon mari et moi», explique-t-elle, «il est par exemple, bien meilleur en cuisine...». Et pas question de tout céder au boulot : «je suis tout aussi exigeante dans ma vie professionnelle que personnelle» souligne-t-elle, «trop souvent, on reste accroché à des définitions rigides du succès et on finit par ne pas s’épanouir dans le travail».
Engagée, Laure l’est à plusieurs titres : cette maman de trois enfants en primaire et au collège est membre d’une association de parents d’élèves au sein du LFM (Lycée français de Madrid) et milite activement pour la non-utilisation du smartphone chez les plus jeunes. Elle s’est aussi engagée auprès de l’association Inspiring Girls qui a pour mission de promouvoir l’ambition professionelle des jeunes filles et au sein d’Invesco. Elle participe aussi au groupe de travail qui promeut la neurodiversité.
Je ne dors souvent que quatre à cinq heures par nuit
Amatrice d’arts, elle confie sa fascination pour les musiciens : «comment leur cerveau fonctionne-t-il ?» s’interroge-t-elle. Pas queen bee pour deux sous, son engagement s’étend aussi au soutien des autres femmes : «je suis en train d’intégrer un groupe de business angels feminin qui selectionne uniquement des projets pilotés par des femmes en Espagne, détaille-t-elle, c’est aussi une façon pour moi de découvrir d’autres secteurs et les modalités de l’entrepreneuriat».
Infatigable, cette hyperactive bénéficie d’un atout singulier : «je ne dors souvent que quatre à cinq heures par nuit» déclare-t-elle, «ce qui me permet de travailler mes dossiers avant huit heures et de profiter de mes equipes après». Le futur, Laure y songe sans urgence : «j’aime beaucoup le management et voir mes équipes grandir » indique-t-elle, « aurai-je vraiment envie de perdre plus tard le contact avec le terrain ? Je ne suis pas sûre.». L’avenir le dira.
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