
Euronext lance un nouvel indice boursier sur la défense européenne

Euronext veut jouer un rôle dans le développement de l’industrie européenne de la défense. Alors que de nombreux pays ont annoncé une forte hausse de leurs dépenses en la matière, l’opérateur de marché a dévoilé plusieurs initiatives afin de faciliter l’accès aux entreprises du secteur à de nouveaux financements, qu’il s’agisse de dette ou de fonds propres.
Sans doute encouragé par le succès du premier ETF exposé à la thématique et lancé par WisdomTree en mars dernier, Euronext a ainsi mis sur pied un nouvel indice «Europe Aerospace and Defense». Composé de 14 valeurs, il compte notamment Airbus, les français Dassault Aviation, Safran et Thales ; les britanniques Babcock, BAE Systems et Rolls Royce ; l’italien Leonardo ; l’allemand Rheinmetall ou le suédois Saab.
Euronext a également dévoilé un indice «European Energy Security» qui intègre des entreprises «jouant un rôle essentiel pour garantir la stabilité énergétique de l’Europe dans des secteurs clés, notamment l'énergie conventionnelle, l'énergie nucléaire, l'énergie renouvelable et les infrastructures énergétiques critiques». Beaucoup plus large, il est composé de plus de 80 actions dont les français Engie, GTT, Technip Energies, TotalEnergies et Vallourec.
Un troisième indice baptisé «Euronext Strategic Autonomy» comprend une centaine de sociétés favorisant «l’indépendance stratégique dans les secteurs de la défense, de l'énergie, de la technologie et d’autres secteurs critiques». Parmi les valeurs françaises, il intègre des acteurs très divers, d’ADP à Vinci en passant par Air Liquide, Danone, Dassault Systèmes, Legrand, Nexans, Orange, Schneider Electric, STMicroelectronics ou encore Ubisoft.
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Nouvel ESG
Ces trois indices sur les thématiques de l’énergie, de la sécurité et de la géostratégie forment un nouveau sigle ESG selon le PDG d’Euronext, Stéphane Boujnah. Il a par ailleurs indiqué lors d’une conférence de presse qu’ils avaient été «co-construits avec des grands gérants d’actifs» qui, pour beaucoup d’entre eux, travailleraient déjà au lancement d’ETF sur ces produits.
Au-delà du soutien aux grands groupes cotés de la défense, l’opérateur va également lancer un programme visant à aider les petites et moyennes entreprises du secteur à rejoindre la Bourse. Il est déjà soutenu dans sa démarche par la Banque européenne d’investissement.
Pour favoriser le financement global de ces acteurs, Euronext compte répliquer à l’échelle européenne un modèle mis en place en Italie avec Leonardo et permettant de mettre en contact l’ensemble de la chaîne de valeur de l’industrie. L’opérateur organisera par ailleurs des «Journées du financement» («funding days») dédiées au secteur de la défense les 7 et 8 juillet prochains.
Enfin, Euronext a créé un segment spécifique pour les obligations émises par des entreprises du domaine. Il permettra une admission accélérée de ses produits sur les marchés du groupe et facilitera leur acquisition par les investisseurs, notamment particuliers.
En parallèle de ces annonces, l’opérateur a indiqué qu’il mettait à jour la méthodologie retenue pour construire ses indices ESG traditionnels. Cette nouvelle mouture sera utilisée lors de la revue des compositions de ses indices CAC ESG et MIB ESG dans le courant du mois de juin. Après avoir frôlé la polémique à ce sujet, Euronext indique déjà que, conformément aux «nouvelles lignes directrices de l’Autorité européenne des marchés financiers (Esma)», les nouveaux critères d’éligibilité incluent «le secteur de la défense, pour lequel les exclusions sont strictement limitées aux activités d’armement interdites par les traités internationaux».
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Au Pakistan, les familles cherchent des recettes de cuisine locales pour enrayer la malnutrition infantile
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Vote de confiance : François Bayrou évoque le scénario du renversement de son gouvernement
Paris - François Bayrou s’est projeté vendredi dans l’après vote de confiance du 8-septembre, assurant que son objectif «aujourd’hui» n'était pas de mettre en scène sa sortie dans la perspective de 2027, tout en martelant son message sur l'état catastrophique des finances publiques. Après RMC et BFMTV jeudi matin, France 2 jeudi soir, le locataire de Matignon s’est exprimé vendredi matin sur RTL. «La politique, ce n’est pas du spectacle, Ce n’est pas une tournée d’adieu, comme vous dites. Je suis un responsable politique. Je l'étais avant d'être Premier ministre et je le resterai après», a-t-il déclaré d’emblée à trois jours de la chute probable de son gouvernement. «La question est beaucoup plus simple. Est-ce que notre pays a mesuré la gravité de la situation devant laquelle il se trouve ? Et la situation, elle est de deux piliers, si j’ose dire. Premier pilier: la France est un pays qui ne produit pas assez. (...) La deuxième question, c’est l’endettement du pays», a martelé le président du Mouvement démocrate (MoDem). Lundi après-midi, M. Bayrou engagera la responsabilité de son gouvernement sur une déclaration de politique générale portant sur le «constat» de l’endettement et l’ampleur du remède à administrer dans les budgets 2026. Sa chute semble inéluctable: la gauche, l’extrême droite, la majorité du petit groupe indépendant Liot et quelques députés LR ont promis de ne pas voter la confiance. Cette sortie quasi-programmée de Matignon, un premier acte vers l'Élysée ? «Je serai là en 2027 mais ça ne veut pas dire candidat à l'élection présidentielle. Ca n’est pas dans mon objectif aujourd’hui», a assuré François Bayrou. «C’est toujours possible», a-t-il cependant ajouté. Mais «ça n’est pas mon plan». «Je ne fais pas ça pour obtenir quelque chose qui serait une manière de préparer un autre acte». «Ce que j’ai fait, en prenant ce risque, en effet inédit, c’est de montrer que c’est tellement important que je n’hésite pas à mettre en jeu les responsabilités qui sont les miennes», a-t-il ajouté. Sans parvenir à convaincre les oppositions, M. Bayrou poursuit son offensive médiatique: il sera l’invité de France 5 samedi à 19h00, puis du média en ligne Brut dimanche à 12h00. Il achève ses consultations des chefs de partis politique vendredi après-midi par la réception de la présidente par intérim du Parti radical, Nathalie Delattre. Le RN prompt à censurer Dès jeudi soir, François Bayrou a commencé à évoquer le scénario du renversement de son gouvernement. Qui pour lui succéder à Matignon en cas de chute ? «Je pense que c’est extrêmement difficile», a-t-il répondu vendredi. Le Premier ministre a laissé entendre qu’il pourrait rester quelques temps à Matignon pour expédier les affaires courantes. «Il n’y a jamais d’interruption du gouvernement en France. Et donc oui, je remplirai ma mission avec tout ce que j’ai de conscience et de volonté de préserver les choses, et je serai là pour aider mon pays», a-t-il dit. Interrogé sur l’hypothèse d’une démission d’Emmanuel Macron, réclamée par le Rassemblement national, LFI et même par certains responsables de la droite -Jean-François Copé, Valérie Pécresse, David Lisnard-, François Bayrou estime que «quand quelqu’un est élu, son devoir, sa mission et son honneur est d’aller au bout de son mandat». Mais le RN promet d’ores et déjà de maintenir la pression sur l’exécutif. «Tout gouvernement qui continue la politique de M. Macron ou celle de M. Bayrou, c’est la même, ou celle (du premier secrétaire du PS, Olivier) Faure, parce qu’elle y ressemblera beaucoup, sera censuré par le Rassemblement national», qui souhaite une nouvelle dissolution de l’Assemblée, a déclaré le président délégué du groupe RN, Jean-Philippe Tanguy, vendredi sur TF1. Reçus jeudi par François Bayrou, les socialistes poursuivent leur campagne pour Matignon, encouragés par le souhait d’Emmanuel Macron que le «socle commun» (Renaissance, MoDem, Horizons, LR) travaille à un compromis avec le parti à la rose. «Ce serait éventuellement envisageable si le PS disait +je renverse l’alliance et je gouverne avec le bloc central+", avance un proche de Macron, qui reconnaît toutefois que le président reste muet sur ses intentions. Les socialistes ont reçu les assurances de Laurent Wauquiez, président du groupe Les Républicains (LR) à l’Assemblée, qui n’entend censurer a priori ni un gouvernement PS, ni un gouvernement RN. Une déclaration qui a suscité un certain émoi à droite. Baptiste PACE © Agence France-Presse -
Guerre en Ukraine : Vladimir Poutine menace de cibler les forces occidentales organisées pour la sécurité
Moscou - Le président russe Vladimir Poutine a menacé vendredi les alliés de Kiev de cibler toute force occidentale déployée en Ukraine, au lendemain d’une réunion à Paris consacrée aux garanties de sécurité dans le cadre d’un hypothétique cessez-le-feu. Vingt-six pays, essentiellement européens, se sont engagés jeudi à Paris à soutenir militairement l’Ukraine au sol, en mer ou dans les airs dans cette perspective, une avancée «concrète» saluée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky après plus de trois ans d’un conflit qui a fait a minima des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de morts. «Le jour où le conflit s’arrête, les garanties de sécurité se déploient», a expliqué le président français Emmanuel Macron, que ce soit via un «cessez-le-feu», un «armistice» ou un «traité de paix». Il ne s’agit donc pas «de mener quelque guerre contre la Russie», mais de la dissuader d’attaquer à nouveau l’Ukraine à l’avenir, a insisté M. Macron, sans fournir de précision ni de détail sur les contributions pays par pays. Mais Moscou a aussitôt mis son veto à toute garantie militaire occidentale à l’Ukraine. «Coalition des volontaires» «Les étrangers, en particulier les contingents militaires européens et américains, peuvent-ils fournir et garantir la sécurité de l’Ukraine? Absolument pas, ils ne le peuvent pas», a déclaré vendredi Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, à l’agence Ria Novosti, soulignant que la Russie devait aussi bénéficier de garanties pour sa sécurité. Il a également accusé les Européens d’"entraver» le règlement du conflit à grande échelle déclenché par la décision de la Russie d’envahir l’Ukraine en février 2022. Se faisant plus explicite, Vladimir Poutine a prévenu vendredi que n’importe quelle force occidentale en Ukraine sera une «cible légitime» pour l’armée russe. «Si des forces, quelles qu’elles soient, apparaissent sur place, surtout maintenant, au moment où des combats sont en cours, nous partirons du principe qu’elles seront des cibles légitimes» pour l’armée russe, a déclaré M. Poutine lors d’un Forum économique de l’Est à Vladivostok (Extrême-Orient russe). «Et si des décisions sont obtenues pour aboutir à la paix, à une paix durable, je ne vois tout simplement pas de sens à leur présence» sur le territoire ukrainien, a ajouté M. Poutine, en appelant à ce que «personne ne doute que la Russie respecte pleinement» de futures garanties de sécurité pour l’Ukraine. Le soutien américain, ou «backstop», était l’enjeu d’une visioconférence avec le président Donald Trump dans la foulée du sommet de jeudi à Paris, auquel a aussi en partie pris part son émissaire spécial Steve Witkoff, présent au palais de l’Élysée, la présidence française. Aucune annonce n’a été faite à cet égard. «Nous comptons sur le backstop des États-Unis», a indiqué M. Zelensky jeudi. Depuis mi-février, Paris et Londres, à la tête d’une «coalition des volontaires», multiplient les réunions de planification au niveau des chefs d'état-major, des ministres et des chefs d’État. Les garanties de sécurité, inexistantes dans les accords de Minsk conclus en 2014 et 2015 pour mettre un terme aux combats entre l’armée ukrainienne et des séparatistes prorusses pilotés par Moscou, sont présentées comme un moyen d’empêcher une reprise du conflit. © Agence France-Presse