
L’essor des marketplaces BtoB attire l’attention des trésoriers

La pandémie de Covid-19 a accéléré l’adoption de l’e-commerce et du paiement en ligne. Le secteur du B2B suit la tendance : en 2022, 40 % des ventes B2B sont réalisées en ligne et génèrent a minima 50 % du revenu des vendeurs, d’après une étude publiée par Salesforce (1).
Parmi les solutions e-commerce B2B, le modèle de marketplace est le plus porteur de croissance. Plus qu’un canal de distribution supplémentaire, c’est un levier de différenciation en permettant la mise en relation d’un grand nombre de vendeurs et d’acheteurs professionnels. Pour le client, l’offre de choix est plus large qu’un site e-commerce classique. Pour l’opérateur, c’est l’occasion de se positionner comme leader ou référent sur son marché et de capter une plus large clientèle avec de plus gros volumes de transactions et d’accélérer la croissance de ses revenus.
Preuve de l’intérêt du modèle, les volumes d’affaires ont crû de 38 % à l’échelle mondiale en 2022 contre +6 % pour l’e-commerce, selon Mirakl (2). Mais avec un potentiel estimé à 4.000 milliards d’euros d’ici à 2025, le modèle de la marketplace B2B n’a pas encore atteint sa maturité.
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Les marketplaces B2B demandent un haut niveau de personnalisation, compte tenu de la dimension relationnelle et de la structuration du processus de décision. Les processus de vente entre entreprises sont complexes, d’abord parce que les prix unitaires sont généralement plus élevés, mais aussi parce que les conditions et délais de paiement font partie intégrante de la transaction.
Leparcours d’achats est transformé grâce à une grande flexibilité, un large catalogue de produits et une expérience paiement fluide. Alternative intéressante aux méthodes de sourcing et de procurement traditionnelles chronophages, coûteuses et sources d’erreurs, elles offrent aussi un écosystème complet de vendeurs qui proposent de nouveaux services, des fonctionnalités innovantes et des produits difficiles à trouver par ailleurs. Les acheteurs trouvent ainsi des réponses à leurs besoins (financement, assurance), en autonomie et de façon plus efficace.
Côté vendeurs, la marketplace B2B constitue un levier d’efficacité opérationnelle et de rentabilité. Parmi les bénéfices, les vendeurs B2B citent une meilleure satisfaction client face à une offre diversifiée et l’optimisation des délais pour conclure des transactions. Cela contribue à la croissance du chiffre d’affaires. En complément, la hausse de la productivité des équipes, la réduction des coûts de service, ainsi que l’optimisation des achats et de la gestion des stocks induites par le modèle marketplace sont des leviers de rentabilité.
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Une expérience de paiement fluide et sécurisée
L’enjeu est de proposer une expérience aussi fluide et différenciante que les grandes plateformes du B2C dont les marketplaces B2B se sont inspirées. Le marché B2B est en retard sur la digitalisation comparé au B2C, notamment pour ce qui est des paiements. Ce retard relatif engendre une perte de revenu considérable : selon une étude de Wunderman Thompson en 2021 (3), plus de 40 % des directeurs financiers estiment que leur entreprise perd chaque mois 5 % de ses revenus en raison de lacunes dans le traitement des paiements, tandis que 52 % des acheteurs se disent frustrés par l’expérience client au moment du paiement. Prenons l’exemple du crédit commercial, moteur économique et plus grande source de financement sur le marché, qui implique à la fois des agences de recouvrement et des assureurs crédit. Le processus conçu pour prévenir les défauts est complexe et alourdit des cycles de vente déjà longs. Idem pour les virements, mode de paiement populaire, mais source d’erreurs en matière de saisie, de remboursement et de rapprochement.
En ce sens, les entreprises ont intérêt à s’emparer des dernières innovations. Leur marketplace pourra ainsi gérer efficacement le paiement pour le compte de tiers grâce à des solutions de rapprochement des paiements, une ventilation et un pilotage des flux optimal pour les bénéficiaires, et proposer des processus d’octroi de crédits commerciaux courts. De quoi simplifier le parcours des acheteurs et vendeurs, le tout aux meilleurs standards de conformité et sécurité.
Créer une marketplace, c’est moderniser son modèle de distribution et l’adapter à l’évolution des nouveaux usages B2B. Soutenue par l’alliance des acteurs traditionnels et des fintechs, la marketplace se fait le moteur de la transition digitale et de la croissance des entreprises B2B.
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(1) Source : Focus sur l’e-commerce, Salesforce, 2023. (2) Source : «2023 Enterprise Marketplace Index”» by Mirakl ; «One-stop shop platforms», Roland Berger Mirakl, 2023. (3) Source : rapport «The B2B Future Shopper Report 2021», Wunderman Thompson, septembre 2021.
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Chili: violents affrontements et arrestations lors de la marche en mémoire des victimes de Pinochet
Santiago du Chili - Au moins 57 personnes ont été arrêtées lors d’affrontements avec la police dimanche à Santiago du Chili durant la marche annuelle en mémoire des victimes de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), a rapporté la police. Le cortège s’est déroulé quelques jours avant le 52e anniversaire du coup d'État dirigé par Augusto Pinochet le 11 septembre 1973, qui avait fait tomber le gouvernement du socialiste Salvador Allende. Quelque 2.000 manifestants se sont réunis aux abords du palais présidentiel de La Moneda, dans le centre de Santiago, et ont ensuite marché vers le Cimetière général, situé à environ quatre kilomètres au nord. «Après différents incidents sur le parcours, 57 personnes (dont 11 adolescents) ont été arrêtées», a annoncé la police sur les réseaux sociaux, sans faire état de blessés. Ces personnes ont été arrêtées pour des délits tels que la fabrication et le jet d’engins incendiaires, des troubles à l’ordre public, des dégradations et port d’arme blanche. Les manifestants ont lancé des pierres, des fusées éclairantes et des cocktails Molotov, tandis que la police a riposté avec des gaz lacrymogènes et des lances à eau. Les affrontements entre des dizaines de manifestants cagoulés et des agents des forces de l’ordre ont eu lieu près du palais de La Moneda, à des carrefours et aux abords du cimetière. «Le pays n’a pas de mémoire. Nous devons créer cette mémoire, parce que (...) le négationnisme est très ancré», a déclaré à l’AFP pendant la marche Ana María Carreño, une femme de 68 ans, dont le père, Manuel Antonio, et le frère, Iván Sergio, sont toujours portés disparus. La dictature au Chili a fait environ 3.200 victimes, mortes ou disparues. © Agence France-Presse -
Argentine: Javier Milei défie l’opposition après sa défaite électorale à Buenos Aires
La Plata - Le président argentin Javier Milei a subi dimanche un net revers lors d’une élection dans l’importante province de Buenos Aires, à valeur de test en vue des législatives de mi-mandat en octobre, mais a pour autant promis «d’accélérer» le cap de ses réformes ultralibérales. Selon des résultats officiels à 93% des votes décomptés, La Libertad Avanza (LLA), parti libertarien de M. Milei, a obtenu un peu moins de 34% des voix, contre plus de 47% à l’opposition péroniste de Fuerza Patria (centre-gauche) dans la province de Buenos Aires, qui compte plus du tiers de l'électorat argentin. La province étant un fief péroniste, une victoire de LLA au scrutin n'était guère envisagée, mais l'écart a priori important, de l’ordre de 13 points de pourcentage voire plus, a fait mentir la plupart des sondages, qui prévoyaient une course serrée. Il s’agissait du premier grand test électoral pour Javier Milei, depuis le début de sa présidence en décembre 2023, sur un programme de relance d’une économie engluée dans une inflation et un endettement chroniques, en sabrant dans les dépenses publiques. Pour autant, le parti de Milei, qui pour cette élection provinciale avait fait alliance avec le parti PRO de l’ex-président libéral Mauricio Macri (2015-2019) devrait gagner du terrain au sein de l’assemblée de la province de Buenos Aires, que ce scrutin renouvelait. Il devrait y doubler son contingent de 12 sièges (sur 92). Javier Milei a reconnu sans détour dimanche que «sur le plan politique (c'était) une claire défaite». Mais «le cap pour lequel nous avons été élus en 2023 ne va pas changer (...) nous allons l’approfondir et accélérer», a-t-il lancé au QG électoral de son parti à La Plata (sud de Buenos Aires). «Il faut qu’on apprenne de ça», déclarait à l’AFP Diego Valenzuela, un candidat LLA. Estimant que le résultat «tient à la volonté (de Milei) de ne pas faire de populisme en économie, ce qui est nouveau en Argentine». L’ambiance atone, décalée, au QG de LLA, avec quelques partisans rapidement dispersés après le discours du chef de l’Etat, contrastait avec l’exubérance au QG péroniste, où le gouverneur de la province, Axel Kicillof, a été accueilli aux cris de «Ca se sent, ça se sent, Axel président !», en référence à l'élection présidentielle de 2027, a constaté l’AFP «Accélérer» ou «changer» de cap «Il va devoir changer de cap !» a lancé M. Kicillof en réponse directe au président, «Milei, le peuple vient de te donner un ordre (...) gouverne pour le peuple !». Axel Kicillof, 53 ans, un des chefs de file de l’opposition, est perçu comme son seul présidentiable possible, a fortiori depuis que l’ex-présidente et icône de la gauche argentine, Cristina Kirchner, 72 ans, purge à domicile depuis depuis juin une peine de prison et d’inéligibilité à vie, après sa condamnation pour administration frauduleuse pendant ses mandats (2007-2015). Le scrutin de dimanche survenait dans une période délicate pour le gouvernement Milei, malgré ses résultats éloquents --bien qu'à un fort coût social-- depuis deux ans contre l’inflation, ramenée à 17,3% sur sept mois depuis janvier, contre 87% sur la même période en 2024. L’exécutif a été secoué en août par un scandale de présumés pots-de-vin au sein de l’Agence nationale pour le Handicap, qui implique Karina Milei, sœur du président et secrétaire générale de la présidence. Qui à ce stade n’a toutefois pas été directement mise en cause par la justice. Mais Javier Milei a aussi subi un important revers législatif jeudi, lorsque le Parlement, pour la première fois de sa présidence, a annulé un veto présidentiel, sur une loi de financement accru des personnes handicapées. Au nom, selon l’exécutif, d’un sacro-saint équilibre budgétaire, qu’il a de nouveau promis dimanche de ne sacrifier en rien. En outre, sur le plan économique, le gouvernement, en un virage notable, a commencé cette semaine à intervenir sur le marché des changes pour enrayer la dépréciation du peso, qui s'était accélérée récemment, sur fond de nervosité pré-électorale des marchés financiers. Leur réaction lundi au revers électoral de M. Milei était une des inconnues post-scrutin. Pour autant, le résultat provincial de dimanche ne préfigure pas nécessairement des élections nationales d’octobre (qui renouvelleront un tiers du Sénat et la moitié des députés). Les sondages suggèrent avec constance un noyau dur d’approbation de Javier Milei autour de 40% voire davantage. Tomás VIOLA © Agence France-Presse -
Affaire des assistants parlementaires du FN: menacée d'inéligibilité, Le Pen va être fixée sur les dates de son procès en appel
Paris - Marine Le Pen va connaître lundi les dates de son procès à la cour d’appel de Paris dans l’affaire des assistants parlementaires européens, une échéance judiciaire et politique cruciale avant la présidentielle de 2027 pour la patronne de l’extrême droite, actuellement inéligible. Le 31 mars, le tribunal correctionnel de Paris a condamné la cheffe des députés du Rassemblement national (ex-Front national, FN) à quatre ans d’emprisonnement dont deux ferme, 100.000 euros d’amende et, surtout, une peine d’inéligibilité de cinq ans avec exécution immédiate. La justice l’a reconnue coupable, ainsi que 24 anciens eurodéputés, assistants, expert-comptable et le parti d’extrême droite en tant que personne morale, d’avoir mis en place un «système» entre 2004 et 2016 pour payer des salariés du parti avec l’argent du Parlement européen pour un préjudice économique évalué au final à 3,2 millions d’euros. Seules douze des personnes condamnées ainsi que le parti ont fait appel - notamment le maire de Perpignan Louis Aliot, le député Julien Odoul, l’eurodéputé Nicolas Bay, Wallerand de Saint-Just et Bruno Gollnisch, deux cadres historiques du RN - laissant entrevoir un procès plus court que le premier, lequel avait duré deux mois à l’automne 2024. La condamnation de Marine Le Pen à une peine d’inéligibilité avec exécution provisoire, l’empêchant en l'état de se présenter à toute élection, avait provoqué de vives réactions politiques, tant dans son camp que parmi ses adversaires, le Premier ministre François Bayrou faisant publiquement part de son «trouble». Elle avait en outre ouvert la voie à l’hypothèse d’un «plan B comme Bardella» pour représenter le parti à la flamme à la présidentielle de 2027. Malgré les stocks vertigineux de dossiers en attente de traitement à la cour d’appel de Paris, celle-ci a accéléré son calendrier pour ce dossier afin d'être en mesure de rendre son arrêt à l'été 2026. En parallèle, le RN est sous le coup d’une autre procédure après l’ouverture en juillet 2024 d’une information judiciaire notamment pour escroquerie au préjudice d’une personne publique et financement illicite des campagnes électorales, qui a entraîné une perquisition de son siège début juillet. L’enquête porte principalement sur des prêts de particuliers au parti pour financer ses campagnes présidentielle et législatives de 2022 et celles des européennes de 2024, selon le parquet de Paris. Recours devant le Conseil d’Etat Au-delà de l'échéance présidentielle, Mme Le Pen ne pourrait théoriquement pas se présenter en cas de dissolution de l’Assemblée nationale. Elle entend ainsi multiplier les recours pour tenter de faire déclarer inconstitutionnel le caractère immédiat de son inéligibilité. En juillet, l’ancienne avocate a formulé deux requêtes distinctes au Conseil d’Etat. La première, contre un jugement du tribunal administratif de Lille du 4 juin qui confirme sa démission d’office de son siège de conseillère départementale du Pas-de-Calais prononcée deux mois plus tôt par le préfet de ce département. La seconde, contre la décision du Premier ministre de ne pas accéder à sa demande d’abroger des dispositions du Code électoral qui prévoient sa radiation des listes électorales, précisément en raison de l’"exécution provisoire» de sa condamnation pénale. A l’appui de chacun de ces recours, la triple candidate malheureuse à la présidentielle a également déposé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), estimant que son inéligibilité immédiate est notamment contraire à «la liberté de candidature» et «la liberté des électeurs», selon elle protégées par le texte fondamental. Elle a pourtant déjà connu un revers: lors de l’audience devant le tribunal administratif de Lille, une première QPC a été rejetée, les magistrats ayant relevé que les articles de loi qui ont permis sa condamnation à l’inéligibilité immédiate ont déjà été reconnus conformes à la Constitution par le Conseil constitutionnel dans de précédentes décisions. Alexandre MARCHAND © Agence France-Presse