Le financement fiduciaire s’étend aux sociétés en croissance

Le groupe audiovisuel PM SA a eu recours à une émission obligataire, sécurisée par des droits, pour réaliser ses prochaines productions.
Virginie Deneuville

Longtemps cantonnée aux entreprises en difficulté souhaitant préserver leurs actifs, la fiducie s’ouvre désormais à des sociétés cherchant à financer leur croissance. Le financement octroyé par Solutions Fiducie au groupe de production audiovisuelle PM SA en témoigne. « Le cinéma est un secteur historiquement très atomisé et aujourd’hui en pleine structuration dans le sillage de la révolution digitale. Il est encore trop méconnu des financiers et demande des modes de financement spécifiques », introduit Jean-Baptiste Frey, PDG de PM SA. « Le secteur audiovisuel est comparable au monde des promoteurs immobiliers, où de petites structures indépendantes peuvent être amenées à financer des projets dont le montant se révèle très supérieur à leurs ressources propres », enchaîne Patrice Panaget, associé chez Solutions Fiducie.

Un premier socle

Le financement fiduciaire apparaît dès lors comme une solution adaptée, en offrant une source de financement de long terme sécurisée par des actifs en fiducie. Dans le cas de PM SA, le financement repose sur une émission obligataire, apportée par le fonds de dette privée de Solutions Fiducie, qui finance des PME et ETI pour des tickets allant de 2 à 6 millions d’euros. Cette émission sera sécurisée par une partie des droits audiovisuels de PM SA, qui donneront lieu à de futurs flux financiers. « L’opération nous aidera à accélérer le financement de nos prochaines productions en toute indépendance. Dans le monde audiovisuel, la première phase, qui peut durer plusieurs années, s’apparente à du capital-risque. Il faut identifier les idées, scenarii… et les développer », explique Jean-Baptiste Frey, ajoutant que cela demande des investissements parfois conséquents sans retours financiers immédiats. « L’objectif est d’intervenir en amont du projet afin de créer un premier socle de financement et d’être plus à l’aise avec les financements suivants, bancaires ou autres », ajoute Jean-Baptiste Frey.

Dans ce type de montage, le taux de couverture (rapport entre le montant du financement et des biens apportés en fiducie), très variable en fonction du risque de la société et du projet, s’échelonne en général entre 150 % et 300 %. Il se situe dans le bas de la fourchette dans le cas du financement accordé à PM SA.

Par ailleurs, si chaque contrat est spécifique, les biens immatériels se montrent généralement bien adaptés à la fiducie car ils se révèlent relativement faciles à transférer. « Des sujets plus complexes peuvent intervenir sur les biens physiques, qu’il faut savoir identifier, inventorier et éventuellement déplacer dans une zone de stockage spécifique, et pour lesquels il peut y avoir une réglementation spécifique », détaille Patrice Panaget, citant par exemple le secteur de la chimie.

Le financement fiduciaire, dont le coût se situe au niveau de celui d’un fonds de dette classique (entre 6 % et 10 % par an), présente plusieurs avantages. « Le remboursement se fait ’in fine’, nous permettant de pleinement utiliser les liquidités sur la période de financement. Le montage est par ailleurs non dilutif pour le management », explique Jean-Baptiste Frey.

Suite à l’opération de financement de PM SA, le fonds de dette, levé en 2017 par Solutions Fiducie et qui devrait atteindre 35 millions d’euros, est désormais largement investi. Un fonds de deuxième génération, d’un montant supérieur, devrait voir le jour en 2020.

p34-0.jpg

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...