
Lendix joue la transparence sur les risques du prêt aux PME
«Souvent, dans ce secteur d’activité, les fraudes sont tues, reconnaît Olivier Goy, fondateur et président du directoire de Lendix, première plate-forme française de prêts aux PME. Mais elles font partie des risques du métier. Il faut qu’il n’y ait aucune pudeur. Il y a 5.000 experts comptables inscrits à l’ordre en Île-de-France, et 6.000 experts-comptables illégaux : cela donne une idée de la vigilance à avoir en tant que plate-forme de prêts». La start-up communiquait hier sur ses volumes de prêts en 2016, à 45 millions d’euros, contre 11 millions d’euros en 2015. Elle revendique 17.000 utilisateurs privés. En 2017, elle vise un volume global prêté «d’environ 140 millions d’euros en gardant un taux de défaut le plus raisonnable possible».
A ce jour, elle fait état d’un seul prêt en défaut sur 178 réalisés. «Notre taux de défaut est de 0,16%, se félicite son dirigeant auprès de L’Agefi : un seul emprunteur a un retard à ce jour avec un capital restant dû de 55.000 euros». A terme, Lendix s’attend à un taux de défaut annuel de 1,5%, vu les taux historiques constatés par la Banque de France. Elle propose un rendement moyen pondéré de 6,3%, avec des taux allant de 4 à 9%.
Pourtant, l’année 2016 n’a pas été de tout repos pour Lendix. Elle a failli voir disparaître en fumée les 500.000 euros prêtés par près de 500 clients à la société de location et vente de matériel bureautique Qualiop Dataword. Cette dernière «était montée de toutes pièces par un faux expert-comptable et des personnes crapuleuses, explique Olivier Goy. Elle avait emprunté auprès de plusieurs banques, sociétés de leasing et sur notre plate-forme. Nous avions des doutes suite à une série d’imprécisions de la part des dirigeants, le sentiment d’un manque de franchise». La plate-forme a demandé à un juge d’ouvrir une enquête et de geler le compte bancaire de Qualiop par mesure conservatoire, et elle a finalement pu récupérer les sommes prêtées.
Recouvrer un euro sur deux
Deuxième difficulté surmontée en 2016 : l’intégration de la plate-forme concurrente Finsquare, en très grande difficulté. «Il s’agissait de la quatrième plate-forme active sur le marché. Nous ne voulions pas qu’elle aille dans le mur», explique Olivier Goy. Elle comptait environ 3.500 investisseurs privés, qui, sans repreneur, auraient probablement tous perdu leur mise. «Certains prêts étaient de très mauvaise qualité. Le taux de défaut est monté jusqu’à 25%, il est de 20% aujourd’hui. Nous faisons du recouvrement, et les clients sont tenus au courant en direct. Soit l’entreprise ne peut pas payer et nous essayons d’aménager sa dette, soit elle est de mauvaise foi et pourrait payer mais ne veut pas».
Lendix espère recupérer un euro sur deux sur les prêts en retard du portefeuille de Finsquare, qui était au total de 4 millions d’euros répartis sur une centaine de prêts. Ces crédits étaient accordés en moyenne sur un ou deux ans, aussi la start-up espère-t-elle avoir liquidé totalement le portefeuille d’ici mi-2018 pour le dernier prêt.
L’ironie du sort ? Finsquare payait pour le compte de ses clients une assurance anti-défaillances d’entreprises. Mais celle-ci n’a fonctionné dans aucun des nombreux cas de défaut. Ces assurances sont «peu efficaces, selon Olivier Goy : en investissant dans plus de 50 PME, on mutualise déjà les risques. En outre, comme il est difficile d’estimer les taux de défaut, l’assureur prend des hypothèses très négatives et l’assurance ne marche quasiment jamais en raison des clauses d’exclusion».
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