Le private equity secondaire s’ouvre lui aussi aux particuliers

Moins développée auprès de la clientèle privée que l’investissement en direct, la stratégie est pourtant plus adaptée aux investisseurs non professionnels.
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 -  Adebestock

Bien que Bpifrance ait fortement contribué à démocratiser le private equity secondaire, à travers ses fonds Bpifrance Entreprises 1 et 2, certaines sociétés de gestion n’ont pas attendu l’initiative de la banque publique pour offrir aux clients particuliers un accès à ce segment très spécifique du capital-investissement.

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Cette stratégie secondaire consiste à prendre des parts dans des fonds de private equity déjà investis, totalement ou partiellement, dans des entreprises. « Nous rachetons des portefeuilles de sociétés déjà sous LBO (leveraged buy-out) depuis plusieurs années et dont la sortie est proche. Et chaque transaction donne accès à des entreprises que l’on connaît et dont on a suivi l’évolution depuis le début du LBO », explique Agathe Bubbe, director dans l’équipe wealth solutions chez Eurazeo.

Alors que la plupart des fonds cherchant à attirer une clientèle retail privilégient des fonds ou des fonds de fonds primaires, le marché secondaire du private equity semble pourtant la catégorie la plus adaptée aux investisseurs non professionnels pour découvrir la classe d’actifs.

La pédagogie est nécessaire et centrale. Le private equity est, de par sa nature illiquide, assez éloigné des standards d’investissement des clients privés
RAPHAËL HASSAN, responsable des relations investisseurs pour les actifs privés chez Oddo BHF

« La pédagogie est nécessaire et centrale auprès des clients particuliers. Le private equity est, de par sa nature illiquide, assez éloigné des standards d’investissement des clients privés. Ceux-ci sont par ailleurs sensibles à la génération de performance en récompense de cette moindre liquidité, ce qui induit de les orienter plus naturellement vers certaines stratégies comme le secondaire, qui vient raccourcir la duration et accélérer les distributions, expose Raphaël Hassan, responsable des relations investisseurs pour les actifs privés chez Oddo BHF. Le private equity secondaire permet également de limiter, voire dans certains cas effacer la courbe en J, et offre une diversification potentiellement plus élevée que des stratégies directes. »

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Trois acteurs seulement

Dans ces deux sociétés de gestion, le fonds retail investit systématiquement aux côtés du fonds dédié aux investisseurs institutionnels. « Le rendement n’est pas le même car contrairement aux institutionnels, l’argent des particuliers est appelé en une seule fois dès le début. Mais on parvient à délivrer en moyenne 8 % à 10 % de rendement annuel », indique Raphaël Hassan.

Outre Bpifrance, trois acteurs privés proposent actuellement cette stratégie d’investissement aux clients particuliers. En 2016, Eurazeo, plus précisément Idinvest avant son rachat, a lancé Idinvest Strategic Opportunities qui en est désormais à son troisième millésime. Puis le groupe a créé Eurazeo Private Value Europe, un véhicule sans durée limitée (evergreen), dont 40 % de la collecte est dédiée au secondaire. Au total, Eurazeo gère plus de 3,7 milliards d’euros pour la clientèle privée dont plus de 1,3 milliard investi en secondaire

Des fonds accessibles pour des montants compris entre 1.000 et 10.000 euros

Oddo BHF Private Assets s’est lancé sur le marché en 2018, en levant 80 millions pour son premier millésime et 240 millions pour le suivant, ce dernier ayant bénéficié de l’ouverture à l’assurance-vie comme canal de distribution avec la loi Pacte. Les troisième et quatrième millésimes sont en cours de commercialisation et les encours d’Oddo BHF pour le secondaire dédié au retail atteignent près 500 millions. Enfin, au début de l’été, Entrepreneur Invest a lui aussi lancé son offre, Entrepreneurs Sélection Secondaire.

Ces différents fonds sont accessibles pour des montants compris entre 1.000 et 10.000 euros. Les offres sont encore peu nombreuses à ce jour mais elles connaissent un certain succès auprès des gérants. « Nous investissons dans des portefeuilles d’entreprises qui ont déjà commencé à rembourser leur dette, en bénéficiant d’une décote. Donc c’est une stratégie moins risquée que le private equity primaire qui intervient en début de cycle. C’est parfaitement adapté aux clients qui veulent découvrir la classe d’actifs », fait valoir Agathe Bubbe.

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Les continuation funds en plein essor

Cette stratégie n’exclut pas pour autant une exposition plus directe et moins diversifiée à des actifs de grande qualité. Le marché secondaire connait en effet un fort développement des transactions initiées par les gérants de fonds eux-mêmes (GP-led) portant sur un ou plusieurs actifs pour lesquels ils souhaitent entamer un nouveau cycle en les gardant sous gestion. L’explosion de ces « continuation funds », qui permettent de faire entrer de nouveaux investisseurs, donne ainsi aux acteurs du secondaire un accès en co-investissement à des sociétés très recherchées.

Si les arguments ne manquent pas pour séduire les investisseurs particuliers, il faut désormais que l’offre suive.

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