
Shift Technology se mue en licorne de l’assurtech

La France de l’assurtech compte une nouvelle licorne. L’annonce est relayée ce matin par le secrétaire d’Etat au Numérique Cédric O et le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, mais pourrait aussi l’être par Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux, si l’actualité de la journée le permet. Autour de ce tapage politico-médiatique, Shift Technology, la pépite française de la lutte contre la fraude à l’assurance. Créée en 2013 par trois jeunes ingénieurs férus de code, celle-ci vient de lever 220 millions de dollars dans le cadre de sa série D.
Une somme colossale dont l’écrasante majorité prend la forme d’une augmentation de capital, alimentée par un pool de fonds emmenés par Advent International. Bpifrance, ainsi que les Américains Avenir Growth, Bessemer Venture Partners et General Catalyst Partners, et enfin Iris Capital – présent au capital depuis 2014 – participent à l’opération, aux côtés du gérant originaire de Boston. Accel Partners, contributeur important de l’augmentation de capital de 60 millions de dollars de 2019, n’a en revanche pas réinvesti, pas plus que le français Elaia Partners.
Empreinte internationale
Depuis son lancement, Shift Technology a levé près de 320 millions de dollars auprès d’investisseurs tiers. Mais avec sa dernière augmentation de capital, la start-up voit les choses en grand. Sa feuille de route prévoit notamment la création du plus grand centre de data scientists du monde dédié à l’assurance. Celui-ci sera basé à Paris et pourrait compter près de 300 de ces professionnels, d’ici deux ans, contre une centaine à l’heure actuelle. Shift Technology analyse les sinistres à l’échelle mondiale et se prévaut de détecter les fraudes avec un taux de pertinence de 75 %, grâce à l’intelligence artificielle. Un outil précieux pour la centaine d’assureurs qui travaillent avec la start-up, à l’instar de Axa, Covéa, AG2R La Mondiale, Crédit Agricole Pacifica, Vyv, Harmonie Mutuelle et la Macif.
Mais Shift Technology revendique avant tout son empreinte internationale. Plus de 80 % de ses revenus – tenus confidentiels – sont réalisés hors de France. Une proportion expliquée par la forte présence de la pépite tricolore aux Etats-Unis, d’où découle plus de la moitié de son activité, et par son offensive en Asie, lancée en 2017. Au Japon, deuxième plus important marché de l’assurance au monde, sa percée a également été notable, avec des partenariats signés avec les plus grands acteurs comme Mitsui Sumitomo Insurance.
Sur le Vieux continent, Shift Technology est omniprésent et n’a eu de cesse de multiplier les initiatives, au cours des derniers mois. Que ce soit avec l’assureur espagnol Mapfre, avec lequel il conçoit un nouveau processus de réclamation soutenu par la technologie d’automatisation des déclarations, ou avec l’Insurance Fraud Bureau, pour lequel il prévoit de fournir d’ici un an une plateforme à but non lucratif afin d’associer les assureurs et la police britannique.
Historiquement connu pour ses imposants rachats à effet de levier (LBO), Advent International s’est progressivement ouvert à l’univers de la tech au cours des dernières années. En 2019, il a éclairci sa stratégie d’investissement dans le growth capital en lançant un fonds de 2 milliards de dollars, baptisé Advent Tech (à l’œuvre sur Shift Technology). Mais de plus en plus d’acteurs des opérations à effet de levier s’orientent vers la jeune classe d’actifs, en raison de sa maturité grandissante.
En début d’année, KKR était notamment intervenu en alimentant la série C de 100 millions d’euros d’Ornikar, le « Uber » de l’auto-école. Un an plus tôt, Bridgepoint s’était quant à lui illustré en apportant de la liquidité aux fonds de capital risque engagés chez l’éditeur de logiciels financiers Kyriba, en le rachetant sur la base d’une valorisation de 1,2 milliard de dollars.
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CMA CGM rachète Brut et renforce sa présence dans les médias
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Indonésie : les autorités saisissent partiellement la plus grande mine de nickel au monde
Jakarta - Les autorités indonésiennes ont pris le contrôle d’une partie de la plus grande mine de nickel au monde, en partie détenue de façon indirecte par le groupe minier français Eramet, en raison de l’absence de permis forestier, a déclaré un responsable indonésien. La mine Weda Bay Nickel, critiquée pour ses effets sur la forêt environnante, s'étend sur 45.000 hectares sur l'île de Halmahera aux Moluques (est). Les autorités ont désormais saisi près de 150 hectares qui empiétaient sur des zones forestières sans permis, a déclaré à l’AFP Anang Supriatna, porte-parole du bureau du procureur général indonésien. Les autorités ont «pris le contrôle de la zone (...) et le terrain sera restitué au gouvernement», a-t-il ajouté. Weda Bay Nickel (WBN) est une société commune entre le groupe indonésien Antam et la société singapourienne Strand Minerals, qui a elle-même pour actionnaires le groupe minier français Eramet et le géant chinois de la sidérurgie Tsingshan. Dans un communiqué, Eramet a indiqué que la zone saisie était «une carrière produisant des roches pour les matériaux de construction et d’entretien» et que les opérations minières n'étaient pas affectées. Le gouvernement indonésien examine actuellement d'éventuelles violations de la réglementation forestière dans plusieurs secteurs, notamment ceux de l’huile de palme et des mines. WBN indique représenter 17% de la production mondiale de nickel en 2023. L’exploitation du site fait l’objet de critiques récurrentes en raison du danger que son exploitation fait peser sur la forêt et sur la survie d’une tribu qui y vit sans contcat avec la civilisation moderne. Une enquête de l’AFP menée en juin a ainsi montré les effets sur les membres de l’une des dernières communautés de chasseurs-cueilleurs isolées du pays, la tribu indigène des Hongana Manyawa. Cette communauté affirme que la forêt dont elle dépend depuis toujours pour se nourrir et s’abriter est détruite par la déforestation et la dégradation de l’environnement liées à la mine. WBN rejette les allégations et affirme s’engager en faveur d’une «exploitation minière responsable et de la protection de l’environnement». Des militants pour la protection de l’environnement estiment que cette saisie n’est pas susceptible de modifier l’impact plus large de la concession sur les communautés locales. Ils exhortent le gouvernement à remettre les terres saisies aux résidents concernés. «Si la saisie vise à bénéficier au peuple, alors c’est le peuple qui devrait gérer (le terrain)», a déclaré à l’AFP Melky Nahar, coordinateur du groupe environnemental Mining Advocacy Network. Le nickel est au cœur de la stratégie de croissance de l’Indonésie, qui a interdit les exportations de minerai en 2020 afin de mieux le valoriser. L’Indonésie est à la fois le plus grand producteur mondial de ce minerai et le pays qui en possède les plus grandes réserves connues. Selon des données officielles, l’exploitation minière, dominée par le charbon et le nickel, représentait près de 9% du PIB indonésien au premier trimestre 2025. © Agence France-Presse -
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