L’industrie du «private equity» se veut réaliste, mais toujours optimiste

Malgré un renchérissement de la dette, une baisse des valorisations et des levées difficiles, les acteurs du secteur réunis à l’occasion du salon Ipem à Paris anticipent des jours meilleurs.
IPEM International Private Equity Market
L'hôtel Westin Vendôme et le Jardin des Tuileries accueillent l'Ipem 2023.  -  photo Ipem

Après une journée réservée aux investisseurs des fonds de non-coté (limited partners, LP), l’Ipem 2023 a ouvert ses portes mardi à toute l’industrie du private equity, à Paris, entre le Jardin des Tuileries, où des centaines de stands ont pris place, et l’hôtel Westin Vendôme, où se sont tenues des conférences.

L’une des plus attendues était la prise de parole de Stephen Schwarzman, le président et cofondateur de Blackstone, le premier acteur mondial du secteur. Et son constat est clair : «Avec l’inflation, l’investissement en equity est devenu moins amusant. Mais il reste des domaines intéressants comme la transition énergétique ou le marché secondaire.»

L’inflation pèse en effet sur l’activité de bon nombre de secteurs, la hausse des taux accentue le poids de la dette dans les opérations à effet de levier (LBO) et l’environnement macroéconomique réduit la visibilité à court ou moyen terme. En conséquence, le marché du large cap ne concerne que de rares pépites pour lesquelles acheteurs et vendeurs parviennent à se mettre d’accord sur un prix.

Prime aux plateformes

Mais, aux dires des gérants, les investisseurs restent magnanimes et ne leur mettent pas (encore ?) de pression pour accélérer les redistributions qui se sont raréfiées ces derniers mois. Cela a néanmoins des conséquences sur les levées de fonds. Si les grandes maisons réussissent pour la plupart à boucler leurs véhicules à la taille voulue, les acteurs plus petits passent beaucoup plus de temps sur la route. «L’environnement des levées de fonds est toujours très compliqué. On souffre de l’effet dénominateur que subissent les LP et de la concurrence de la dette privée qui, avec la hausse des taux, affiche un rendement/risque beaucoup plus attractif», glisse un gérant d’infrastructures entre deux rendez-vous investisseurs. «Nous assistons à une bifurcation du marché avec, d’une part, de gros acteurs, multi-stratégies et multi-géographies, et de l’autre des acteurs de niche qui ont des difficultés à lever des fonds», analyse Benoît Durteste, le patron d’ICG.

Cet effet dénominateur qui, après la correction sur les marchés obligataires et actions en 2022, pousse les LP à réduire leur allocation en non-coté pour ne pas y être surexposés, fait néanmoins des heureux du côté du marché secondaire. «Quand les investisseurs sont suralloués en private equity, ils sont très heureux d’avoir une option de sortie en secondaire», rappelle Dominique Sénéquier, présidente et fondatrice d’Ardian, l’un des plus gros acteurs mondiaux de ce sous-segment.

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La dette privée grande gagnante

Les fonds cherchent donc à élargir leur base de clientèle. La démocratisation de la classe d’actifs aux particuliers, à l’œuvre depuis quelques années, est sur toutes les lèvres. Même si cette manne demeure encore trop contrainte aux yeux de certains. «Il y a 80.000 milliards investis en private equity chez les investisseurs institutionnels, mais les autorités financières veulent encore protéger les particuliers des investissements à succès. C’est en train de changer», ironise Stephen Schwarzman.

Les gérants de private equity ne désarment donc pas. Les vendeurs commencent à accepter que les prix des actifs doivent être revus à la baisse et, historiquement, les meilleures affaires se font en bas de cycle, le coût de la dette ne devant finalement affecter que marginalement les performances des prochaines années.

A contre-courant de cette ambiance mitigée, les fonds de dette privée affichent pour leur part un grand sourire. Cette classe d’actifs qui s’est développée lentement mais sûrement dans les années 2010 à une époque de taux bas profite à plein depuis l’an passé de la hausse de ces derniers, à un moment où les banques se sont retirées du marché. «C’est une très bonne période si vous êtes un investisseur en dette, y compris pour les levées de fonds, puisque les LP rééquilibrent leur portefeuille», souligne Benoît Durteste. «La classe d’actifs délivre un rendement de 10 à 12%. C’est beaucoup mieux qu’il y a deux ans», abonde Dominique Sénéquier, confirmant observer un plus grand appétit des investisseurs.

La grand-messe parisienne du private equity s’achève ce mercredi et les quelque 5.000 personnes venues pour l’événement repartiront sans doute avec la satisfaction de voir que l’optimisme est toujours de mise dans l’industrie.

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