
Le private equity français s’attend à une baisse des valorisations

Le capital-investissement montre les muscles. A l’occasion de sa 28e étude sur la performance nette du private equity tricolore, France Invest et EY ont rendu publics des chiffres très flatteurs, démontrant une fois de plus la supériorité de la classe d’actifs face à ses concurrentes. Sur quinze ans, elle a affiché un taux de rendement interne (TRI) net de 12,2%, quand le CAC 40 a dû se contenter de 5,1%, en comptant les dividendes réinvestis, et l’immobilier 6,3%. Sur dix ans, le constat reste identique. Le capital-investissement français caracole à 14,5% de TRI net, contre 11,3% pour l’indice phare de la cote parisienne, et 5,7% pour l’immobilier.
«Les performances à long terme de notre profession sont très élevées et traversent les cycles, souligne Magdalena Svensson, administrateur de France Invest et associée chez IK Partners. Nous n’avons pas de boules de cristal pour évoquer les performances à venir, mais lors du Covid-19, les fonds ont travaillé avec leurs sociétés en portefeuille pour les renforcer et les aider à tirer profit de cette crise.» Le fort rebond des marchés cotés observé l’an dernier a aussi contribué à une hausse des performances de court et moyen terme sur tous les segments du non-coté, notamment sur le capital-risque (dont le TRI net est supérieur à 29% sur 3 ans).
Plongeon des multiples
Les indicateurs de performance à court terme sont toutefois à prendre avec des pincettes. La récente chute du Nasdaq a tiré les valorisations de l’ensemble du capital-risque à la baisse, et ce pourrait n'être qu’un début. «Les dossiers qu’on nous présentait à 30 fois le chiffre d’affaires en novembre, nous les voyons aujourd’hui à 4 ou 5 fois. L’ajustement est violent», confie le gérant d’une société d’investissement cotée. Attendue, la décélération du non-coté commence donc bel et bien à se concrétiser.
«Les performances présentées dans notre étude ne prennent pas en compte les incertitudes que nous sommes en train de vivre depuis quelques mois, qu’elles soient macroéconomiques, politiques ou géopolitiques, note Claire Chabrier, présidente de France Invest et directrice associée chez Amundi Private Equity Funds. La guerre en Ukraine, qui entraîne une inflation et des difficultés d’approvisionnement, va amener à des ajustements et nous travaillons auprès de nos participations pour les préparer à un temps moins clément.» A cela s’ajoute la remontée progressive des taux, avec son effet récessif sur les valorisations des entreprises non cotées.
Les membres de l’association des fonds d’investissement l’ont anticipé et pensent pouvoir profiter de cette période pour concrétiser des opportunités d’investissement. Un levier inévitable pour maintenir l’attractivité de la classe d’actifs. Selon France Invest, les deux tiers de la création de valeur des entreprises détenues par des fonds sont aujourd’hui le fruit de leur croissance, dont une partie est alimentée par les acquisitions. Quant à la dette, «elle contribuait à hauteur de 60% de la création de valeur en 2007, mais elle est aujourd’hui nulle, voire négative», affirme Magdalena Svensson. De quoi battre en brèche la récente accusation d’un responsable d’Amundi comparant le private equity à une «pyramide de Ponzi». Un propos depuis corrigé.
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