Les Gafa constituent une menace pour le secteur bancaire

Les géants du numérique pourraient fragiliser la rentabilité des banques, en baisse depuis 2008.
Pauline Armandet

Depuis quelques années, les grandes entreprises du numérique (Gafa, pour Google, Apple, Facebook, et Amazon) se sont lancées à la conquête du secteur bancaire, en proposant des produits en direct, sous forme de partenariats (Apple Card avec Goldman Sachs), ou en projetant de lancer leurs propres cryptomonnaies (projet librade Facebook). «Les Gafa pourraient devenir des banques à part entière. Alibaba a lancé sa filiale bancaire qui propose même des services de gestion de patrimoine. Si eux le font, je ne vois pas pourquoi les Gafa s’en priveraient», estime Julien Affret, consultant chez Darwin X, qui publie une étude sur les liens entre les Gafa et le secteur bancaire. Pour lui, Amazon, qui veut lancer un compte-courant en 2020, serait le premier Gafa à ouvrir une filiale bancaire.

Une réelle avance technologique

Face au secteur bancaire, ces entreprises disposent de trois ajouts majeurs. D’une part, leur expérience client est complète et très accessible. D’autre part, elles disposent d’une base clients très forte (Facebook compte 2 milliards d’utilisateurs, Google 900 millions contre, par exemple, 90 millions de clients chez JPMorgan ou 21 millions de clients chez BNP Paribas). Enfin, les Gafa jouissent d’une réelle avance technologique. «Les banques sont condamnées à avoir un train de retard technologique. Amazon a eu un budget de recherche et développement (R&D) de 22,6 milliards de dollars en 2018. On voit mal comment les banques vont réussir à générer ces budgets de R&D. Par exemple, BNP Paribas a un budget IT de 6 milliards d’euros à l’année», explique Julien Affret.

Pourtant, les Gafa souffrent encore d’un manque de confiance des utilisateurs, notamment sur la gestion des données. Par ailleurs, si les régulateurs sont rassurés par les partenariats entre les institutions bancaires et les Gafa, «ils restent inquiets de l’ampleur que ces entreprises technologiques pourraient prendre dans ce secteur», indique Julien Affret. L’enjeu, pour les régulateurs, sera «de ne pas être simplement en réaction, comme cela a été le cas sur la protection des données, mais d’intervenir avant que les Gafa ne s’attaquent aux part de marché des banques.»

Ce mois-ci, le FSB a alerté sur l’offensive des Gafa dans la banque. «Ce n’est pas le rôle des autorités de protéger les établissements financiers de la concurrence, mais régulateurs et superviseurs devraient se montrer particulièrement vigilants à l’impact d’une telle concurrence sur la viabilité des modèles économiques existants», estime l’institution. En conquérant les clients des banques, les Gafa pourraient donc fragiliser leur rentabilité, qui baisse depuis 2008.

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