« Il est plus pertinent de parler de crypto-actifs »

Annick Masounave

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Ano Kuhanathan, économiste, AXA Investment Managers

Une cryptomonnaie est-elle une monnaie ?

Une monnaie se définit en tant que moyen d’échange, réserve de valeur et unité de compte. Il pourrait être tentant d’assimiler le bitcoin à une monnaie. Cependant, n’ayant pas de statut légal, il n’a pas de cours de change. Il est donc plus pertinent de parler de « crypto-actif », une monnaie étant définie par des facteurs réglementaires.

Comment expliquer la prédominance du bitcoin dans la « jungle » des cryptomonnaies ?

Vous avez raison de parler de jungle. On dénombre plus de 1.500 crypto-actifs, sans compter le dark web. Le bitcoin a vu le jour en 2009 et garde la prépondérance du premier entrant. Il rassemble en outre une communauté très large et des commerçants, notamment au Japon. Ensuite, le réseau a démontré une relative résilience, y compris après l’épisode MtGox, ce qui offre quelques garanties à des investisseurs débutants.

L’ether est la cryptodevise majoritaire dans les ICO, pour quelle raison ?

Le réseau qui supporte le bitcoin n’accepte que des transactions libellées en bitcoin. L’ethereum permet d’utiliser son architecture pour développer tout un écosystème.

La valorisation des « crypto-actifs » repose-t-elle sur des fondamentaux solides, ou obéit-elle à des facteurs émotionnels ?

Cela fait débat. Les « crypto-optimistes » mettent en avant la théorie de la valorisation des réseaux : plus un réseau est utilisé et plus il y a de nœuds, ce qui augmente sa valeur. Les sceptiques considèrent que les cours résultent de mouvements spéculatifs. On peut associer des mouvements récents à des facteurs d’ordre technologique ou réglementaire. Par exemple, la signature d’un accord avec une banque internationale. A l’inverse, l’interdiction des ICO en Chine a provoqué une correction sévère.

Que pensez-vous des initiatives réglementaires ?

Il s’agit de protéger les investisseurs particuliers en apportant de la transparence à ce marché. Il est difficile d’imaginer des investisseurs professionnels se lancer dans ce domaine tant que le cadre réglementaire sera incomplet. Sans oublier le coût en capital que pourrait imposer le régulateur pour un tel investissement...

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