
Guillaume Piard : À bord de l’aventure fintech

Pour arriver là où il en est aujourd’hui, Guillaume Piard a suivi un parcours tout sauf linéaire, notamment d’un point de vue géographique. « J’ai passé une grande partie de ma vie à l’étranger, relate-t-il. Mes parents avaient le virus de la découverte des cultures et les postes de mon père dans la banque nous ont fait beaucoup bouger. » Né à New York, il a ensuite vécu à Chicago jusqu’à ses 6 ans avant que son père ne soit muté au Japon à Tokyo, où il restera jusqu’à ses 12 ans. « Mon enfance s’est partagée entre les États-Unis et le Japon dans deux cultures très différentes, raconte le jeune entrepreneur. Cette diversité est une richesse incroyable et le plus beau cadeau que mes parents ont pu me faire. » Il loue l’état d’esprit américain, souvent caricaturé, mais bien réel selon lui et vecteur de beaucoup de positivisme et de dynamisme. Il évoque également le culte du perfectionnisme nippon, la discrétion dont les japonais font preuve et le profond respect pour autrui qui y règne. La ville de Tokyo, où Guillaume Piard a passé 6 années de son enfance Rentré à Paris à l’âge de 12 ans, il y intègre un collège puis un lycée international. En 1999, son Bac en poche, il décide de quitter la France pour aller faire ses études à Londres à l’Imperial College. « Je voulais absolument retrouver cette ambiance internationale et continuer à côtoyer de nombreuses cultures différentes », explique-t-il. Guillaume Piard se lance dans des études de Physique, une matière qui le passionne depuis son adolescence. « Je suis encore aujourd’hui un lecteur frénétique de Science et Vie, s’enthousiasme-t-il. Lorsque je le reçois sur le palier je suis comme un gosse et je parcours le magazine en long et en large. » « J’ai toujours eu besoin de construire des choses utiles » Pendant 4 ans, le jeune homme se passionne pour ses cours de physique quantique, de thermodynamique des fluides ou encore de cosmologie. Cependant, ce sont surtout ses cours de biophysiques et plus particulièrement de biophysique moléculaire qui le marquent. « J’ai pensé à une époque continuer mes études pour devenir chercheur mais je n’avais pas la patience nécessaire, reconnait-il. De plus, j’ai toujours eu besoin de construire des choses utiles, et j’avais peur de perdre mon temps dans un laboratoire pour peut-être ne jamais découvrir quelque chose d’applicable. » En 2003, Guillaume Piard sort donc diplômé de l’Imperial College et est embauché dans la foulée chez Lehman Brothers en tant que structureur à Londres. Il y restera jusqu’à la chute de l’établissement financier en 2008. S’il assure ne pas avoir touché aux subprimes, il reconnait volontiers que le système est allé trop loin et préfère conserver les bons aspects du métier, comme sa technicité, « intellectuellement très stimulante», souligne-t-il. «Je mettais en musique les demandes et besoins des clients avec les contraintes des différentes équipes (sales, juridique, traders…). C’était très enrichissant. » Sur le pont du Jeanneau Sunfast 37, lors de l’arrivée à La BauleEn 2008, Nomura reprend une partie des activités de Lehman Brothers et intègre Guillaume à ses équipes. Il évolue sur un poste de consultant, spécialisé sur la question des risques et la régulation, qui se transforme peu à peu sur la gestion de relations institutionnelles. « J’ai toujours cherché à être au contact des clients, une partie de mon travail que j’appréciais beaucoup, et j’ai fini par reprendre le portefeuille client des grandes banques françaises à Paris. » En 2009, il rallie donc la capitale où il s’occupe du portefeuille bancaire de Nomura dans l’Hexagone. Trois ans plus tard, il décide de quitter le secteur bancaire. « J’avais passé près de 10 ans dans ce secteur et l’atmosphère post-crise des subprimes devenait irrespirable, se rappelle-t-il. J’avais besoin de changer d’air et de me sentir à nouveau utile. » Back to Chicago Souhaitant parfaire sa formation, Guillaume postule à l’école de Chicago et est accepté en MBA. Il y suit notamment des cours de stratégie opérationnelle qui le passionnent. « C’est un peu la physique du business, s’amuse-t-il. Il y a des équations, des schémas théoriques, bref j’étais dans mon élément ! » Un an après avoir débuté son MBA, Guillaume découvre les robo-advisors et c’est la révélation. « Depuis 10 ans je cherchais une manière efficace de gérer mon épargne, explique-t-il. J’avais tout essayé, entre les conseillers en agence et les brokers en ligne, en faisant toutes les erreurs du débutant. Tout était compliqué et chronophage. Exaspéré, j’avais fini au fil du temps par recycler mes connaissances acquises en salle de marché pour créer une véritable usine à gaz dans Excel avec du VBA et du C++, aux résultats bien plus satisfaisants ! » Il décide alors de se lancer et commence à travailler sur son business plan avec l’aide du Polsky Center (la pépinière de l’Université de Chicago). En juin 2015, fraichement diplômé, il décide de rentrer en France pour trouver un associé. « Je m’étais laissé 3 mois après mon MBA pour trouver un associé, faute de quoi j’aurais repris un travail salarié, se souvient-il. J’ai rencontré Hugo en 6 semaines et le déclic a été instantané. » Trois ans plus tard, la société compte 10 collaborateurs et est sur le point de s’agrandir à nouveau. Une passion pour la voile Si Guillaume avoue ne pas avoir assez de temps pour sa vie personnelle, il arrive tout de même à aller courir le long de la Seine tôt le matin ou le week-end en compagnie d’un de ses meilleurs amis. Cependant, c’est surtout sa passion pour la voile qu’il parvient, même difficilement, à maintenir éveillée. Au large d’Aracaju (Brésil)lors d’une traversée Salvador de Bahia - Martinique en 2012Petit mousse à l’âge de 6 ans, il a découvert les joies de la voile en Bretagne avec ses parents et n’a depuis plus jamais passé une année sans en pratiquer. « Je suis devenu moniteur à l’âge de 18 ans et lorsque j’étais étudiant, je passais deux mois l’été à transmettre cette passion, évoque-t-il. Depuis j’ai moins de temps, mais je suis devenu administrateur de l’école de voile Les Glénans pour rester au contact de cette pédagogie. » De l’optimiste au catamaran en passant par le bateau de croisière mais également, la planche à voile, le surf ou le kite surf, il a pratiqué tous les sports se rapprochant de l’univers marin. Mais la navigation sur un voilier reste irremplaçable à ses yeux. Son plus beau souvenir ? Une traversée de Salvador de Bahia au Brésil jusqu’en Martinique. Seize jours en haute mer à plus de 500 miles des côtes sur un Pogo 40 avec deux compères. « Je conserve des souvenirs incroyables de cette traversée, raconte-t-il. Je me revoie barrer à deux heures du matin avec un oiseau migrateur à bout de souffle récupéré sur mon genoux, et qui a fait une partie de la nuit à mes côtés. » Aujourd’hui, Guillaume pratique plus souvent le bateau en croisière entre amis. Mais attention, pas question d’acheter un bateau car c’est un « très mauvais investissement patrimonial », assure-t-il avec humour.
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