M6 ferait un pari risqué en basculant Paris Première du payant vers le gratuit

Le groupe estime le modèle actuel de la chaîne condamné à terme. Mais le passage au gratuit l’enverrait immédiatement dans le rouge
Olivier Pinaud

Alors que de nombreux médias tentent de revenir vers des offres payantes, M6 va essayer de faire le chemin en sens inverse pour Paris Première. Détenue à 100% par le groupe de télévision depuis 2004, la chaîne est actuellement diffusée par abonnement, avec quelques plages en clair dans la journée.

Comme la loi l’autorise, Nicolas de Tavernost, le président du directoire de M6, a réaffirmé dans les Echos sa volonté de demander au Conseil supérieur de l’audiovisuel d’examiner le passage de Paris Première en offre totalement gratuite. Il espère obtenir un feu vert dans les prochains mois afin de supprimer les verrous de l’abonnement en janvier 2015.

Selon Nicolas de Tavernost, le modèle payant de Paris Première n’est plus viable en l'état. La chaîne est prise en ciseau entre la pression des plates-formes de distribution comme CanalSat qui verse plus de 10 millions d’euros par an et la baisse des recettes publicitaires. La création fin 2012 de six nouvelles chaînes de TNT gratuites (HD1, 6Ter, RMC Découverte, Chérie 25, Numéro 23 et L’Equipe 21) a un peu plus chamboulé le marché de la publicité à la télévision, de nombreux annonceurs basculant vers ces nouvelles chaînes, à l’audience plus large. Sans compter les effets négatifs sur les tarifs engendrés par cette afflux de concurrence. Selon les comptes sociaux de Paris Première, la chaîne a déjà perdu près de 5 millions d’euros de chiffre d’affaires entre 2005, année du lancement de la TNT en France, et fin 2012.

Paris Première représente environ 0,6% de l’audience des foyers recevant la télévision par le câble, le satellite ou l’ADSL, contre une part d’audience de l’ordre de 3,5% pour D8, la chaîne de TNT gratuite du groupe Canal +. En passant en gratuit, Paris Première pourrait espérer accroître son audience. En revanche, elle se priverait mécaniquement des redevances des diffuseurs, dont CanalSat avec lequel le contrat est en cours de renégociation.

Le résultat de l’équation serait immédiatement négatif. Selon Nicolas de Tavernost, le coût de la grille devrait être doublé pour monter à près de 50 millions d’euros par an. Lors d’une première demande de gratuité de Paris Première au CSA en 2011, finalement refusée, le groupe M6 avait chiffré à près de 20 millions d’euros les pertes cumulées de la chaîne les trois années suivantes. TF1 réfléchit également de son côté à basculer LCI en mode gratuit.

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