L’héritier de la famille Lee renforce de justesse son contrôle sur Samsung

Le projet de réorganisation, contesté par le fonds Elliott, a été approuvé d’une courte tête en assemblée générale. Le conflit laissera des traces.
Alexandre Garabedian

Le vent du boulet est passé tout près. Les actionnaires de Samsung C&T, une filiale de construction du conglomérat sud-coréen, ont finalement approuvé vendredi matin à 69,5% l’offre de rachat déposée le 26 mai par la société sœur Cheil Industries. La famille Lee, qui va pouvoir grâce à cette transaction renforcer son contrôle sur le groupe, a donc remporté la victoire d’une courte tête sur le fonds activiste Elliott. Celui-ci aurait pu faire capoter l’opération en réunissant un tiers de votes défavorables. Le soutien du National Pension Service, le fonds de pension coréen, actionnaire à 11,2% de Samsung C&T, s’est révélé déterminant pour faire passer le projet lors d’une assemblée générale houleuse.

La fusion des deux sociétés, prévue en septembre, renforce le poids de Lee Jae-yong, fils du patriarche Lee Kun-hee et premier actionnaire de Cheil Industries, au sein de la complexe structure de gouvernance de Samsung. L’enjeu de l’opération était notamment le contrôle des 4% que C&T détient dans Samsung Electronics, le vaisseau amiral du groupe et numéro un mondial des smartphones. Elle s’inscrit dans un processus de succession provoqué par l’accident cardiaque dont a été victime Lee Kun-hee en mai 2014, qui a forcé ce dernier à prendre du champ. La prochaine étape du processus pourrait consister, selon les analystes, en une restructuration de Samsung Electronics, avec une scission entre une société opérationnelle et une holding contrôlée par la famille Lee.

La bataille laissera cependant des traces. Elliott a réussi à s’attirer le soutien d’investisseurs internationaux, comme Aberdeen AM et le fonds de pension Canada Pension Plan, mais aussi domestiques, tous échaudés par le traitement réservé aux actionnaires minoritaires. La fronde a surpris Samsung, qui a dû se livrer à une campagne de lobbying intense en Corée du Sud les jours précédant l’AG, y compris en dépêchant des salariés du groupe au domicile de petits porteurs. Elle a renforcé le camp de ceux qui critiquent la gouvernance opaque des chaebols et leur poids démesuré dans l’économie, hérité du modèle coréen du 20e siècle – le chiffre d’affaires de Samsung pèse un quart du PIB du pays.

Elliott va par ailleurs continuer le combat, notamment devant les tribunaux. Une part de 3% de l’entité combinée Cheil-C&T lui permettrait aussi de faire convoquer des assemblées générales.

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