Les visées chinoises sur Micron se heurtent au comité CFIUS américain

L’organisme chargé d’approuver les investissements étrangers devrait regarder d’un œil circonspect l’offre en préparation de Tsinghua.
Alexandre Garabedian

L’offre en préparation du chinois Tsinghua Unigroup sur le fabricant américain de puces Micron remet sous le feu des projecteurs le CFIUS. Le Committee on Foreign Investment in the United States, comité composé de 11 agences fédérales et chargé d’évaluer les investissements étrangers aux Etats-Unis, constitue l’un des nombreux obstacles aux visées de l’acquéreur. En déboursant 23 milliards de dollars, Tsinghua signerait là le plus gros investissement d’un groupe chinois hors de ses frontières.

L’offre cumule a priori les handicaps. Tsinghua Unigroup constitue la branche d’investissement de l’université du même nom, pépinière des dirigeants chinois, puisque le président Xi Jinping y a fait ses classes. Le projet de rachat émerge en outre au moment où les dirigeants américains s’inquiètent d’une vague de cyber-attaques dans le pays liées à des pirates informatiques chinois.

Cinquième acteur mondial du marché, Micron fabrique deux types de composants, utilisés dans les PC et smartphones: des mémoires flash Nand et des puces de mémoire vive dynamique (Dram). Les experts sont divisés sur l’attitude à venir des autorités américaines. «Cette transaction pourrait obtenir le feu vert du CFIUS. Bien que les semi-conducteurs soient une technologie importante, celle qui se trouve derrière les produits de Micron est largement diffusée», estime Nova Daly, associé du cabinet Wiley Rein et ancien dirigeant du CFIUS entre 2006 et 2009, cité par Bloomberg. D’autres experts estiment que l’importance des puces de nouvelles générations dans le stockage des données constituera un point bloquant. Le Pentagone pourrait aussi ordonner à ses fournisseurs de cesser de s’approvisionner auprès de Micron.

Avec 54 projets notifiés au CFIUS, la Chine a été le premier pays à l’origine des 322 transactions examinées entre 2011 et 2013 par le comité, selon son dernier rapport au Congrès. Ce sont toutefois le Royaume-Uni (21 deals) et la France (10) qui ont dominé en 2013 les rachats de technologies dites «critiques» aux Etats-Unis. Le CFIUS a déjà bloqué plusieurs projets d’investissement chinois par le passé, comme le rachat de 3Leaf Systems par Huawei en 2011, mais il a aussi autorisé l’an dernier la vente d’une partie de l’activité serveurs d’IBM à Lenovo.

Il se peut que le projet de Tsinghua Unigroup ne passe même pas sous les fourches caudines du CFIUS. Les analystes jugent en effet trop faible le prix de 23 milliards de dollars mis sur la table pour Micron.

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