Les successions mal préparées de patrons coûtent cher à l’actionnaire

Le départ contraint d’un dirigeant d’entreprise coûte en moyenne 1,8 milliard de dollars de plus, en termes de valeur actionnariale, selon PwC.
Donatien Censier-Marty

Les actionnaires ont intérêt à être vigilants sur les plans de succession dans les entreprises cotées. Une succession programmée d’un directeur général réduit déjà en moyenne le rendement total pour l’actionnaire de 3,5% dans l’année, sur la base des données des trois dernières années, selon l'étude annuelle CEO Survey du cabinet PwC menée sur 2.500 capitalisations. Ce qui est loin d’être négligeable, d’autant plus que ces grandes entreprises sont amenées à changer régulièrement de dirigeant.

Mais dans le cas d’une succession forcée, c’est-à-dire en dehors de tout plan de départ et de situation de fusion-acquisition, le coût peut être multiplié par quatre, avec une chute de 13% du rendement total moyen pour l’actionnaire au cours de l’année suivant le changement de dirigeant, pour se redresser d’un peu moins de 0,6% un an plus tard.

Ainsi, les entreprises ayant dû faire face au départ non préparé de leur dirigeant ont subi une perte induite cumulée de l’ordre de 112 milliards de dollars en termes de valeur actionnariale. Ces chiffres ne sont qu’une moyenne, les situations pouvant être très différentes entre deux sociétés faisant face au départ non prévu de leur directeur, selon la stratégie de gestion de crise adaptée par les firmes.

L’étude souligne que, pour faire face à cette réalité boursière, les entreprises font de plus en plus attention à la succession de leur dirigeant. En effet, la part des successions programmées a augmenté de 30%, s’établissant à 82% pour la période comprise entre 2012 et 2014, contre 63% pour la période entre 2000 et 2002. De plus, 78% des entreprises ayant procédé à des successions programmées en 2014 ont opté pour une promotion en interne pour désigner leur nouveau CEO, gage d’une plus grande stabilité selon PwC.

L’actualité récente du CAC 40 a fourni un exemple de ces différences. Sanofi et Total, durant le mois d’octobre 2014, ont tous deux dû gérer un changement de dirigeants. La société pharmaceutique a ainsi connu une période trouble de six mois pendant lesquels elle a recherché un remplaçant à Chris Viehbacher, débarqué le 29 octobre 2014 par le conseil d’administration. S’en est suivi une chute du cours de l’action de la société de 20% en deux jours.

A l’inverse, il n’aura fallu que deux jours à Total pour nommer le tandem Desmarets/Pouyanné à sa tête, après le décès de son PDG Christophe de Margerie le 21 octobre dans un accident d’avion. Après avoir ouvert en baisse, l’action Total avait clôturé en hausse.

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