Les groupes d'énergie russes penchent de plus en plus vers la Chine

Vladimir Poutine a inauguré hier le chantier du gazoduc reliant Gazprom à la Chine. Et a proposé au pays d’investir dans le grand projet Vankor de Rosneft
Olivier Pinaud

Vladimir Poutine connaît la puissance symbolique de l’image. En pleine crise ukrainienne et avec les risques de déstabilisation du marché européen de l’énergie qu’elle fait peser, le président russe a signé hier à Iakutsk le lancement du chantier du gazoduc «Force de Sibérie». Longue de 4.000km, l’infrastructure doit permettre à Gazprom de fournir depuis la Sibérie 38 milliards de m3 de gaz par an pendant 30 ans à la Chine, conformément au contrat de 400 milliards de dollars signé en mai dernier entre Gazprom et China National Petroleum Corporation (CNPC). L’investissement s’élevera à 70 milliards de dollars. Le gazoduc devrait transporter ses premiers m3 de gaz en 2019.

Pour la Russie l’objectif est clair: réduire la dépendance de Gazprom vis-à-vis de l’Europe. Le groupe gazier russe assure à lui tout seul le tiers environ des besoins en gaz de l’Europe. La moitié transite par l’Ukraine. Dans le contexte actuel, la signature du contrat entre Russes et Chinois est aussi une façon pour Moscou de montrer sa capacité à se passer des Occidentaux. Au risque de créer une nouvelle dépendance, chinoise cette fois.

Hier, Vladimir Poutine a invité ses partenaires chinois à prendre une participation dans Vankor, le deuxième plus gros projet pétrolier développé par le groupe public Rosneft. «Nous sommes toujours très prudents à faire entrer des partenaires étrangers mais, évidemment, nous n’avons aucune restriction pour nos amis chinois», a lancé Vladimir Poutine. «La Chine est un partenaire fiable», lui a répondu le vice-Premier ministre chinois. La Russie détient 69,5% du capital de Rosneft, BP étant le second actionnaire avec environ 20%.

Moscou risque d’avoir de plus en plus besoin de la Chine, alors que les sanctions financières occidentales pèsent sur ses plus grandes entreprises. Depuis juillet, Rosneft ne peut plus se financer au-delà de 90 jours sur les marchés de dette ou de capitaux occidentaux. En mars 2013, le groupe pétrolier a signé un contrat de financement de 270 milliards de dollars sur 25 ans avec CNPC, dont un prépaiement de 70 milliards. Rosneft aurait récemment puisé 63 milliards de dollars dans ce contrat pour couvrir une partie de ses besoins de financement pour 2014. Le pétrolier va devoir faire face à 26,2 milliards de dollars de remboursements d’ici à décembre 2015, dont 80% sont concentrés entre octobre 2014 et mars 2015.

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