
Les créanciers de SoLocal menacent d’exiger le remboursement de leur dette

La tension est au maximum chez SoLocal. Au lendemain des déclarations alarmistes du directeur général, Jean-Pierre Remy, menaçant d’annuler l’assemblée générale du 15 décembre, c’est au tour des créanciers de prendre le relais. Le comité ad hoc des créanciers – regroupant Paulson, Monarch et Amber, pesant ensemble 37% de la dette – a confirmé hier soir son intention d’annuler la réunion du comité des créanciers prévu le 30 novembre «dans l’hypothèse où le groupe continuerait à être pris en otage par un groupe d’actionnaires incluant Monsieur Jayet et d’autres et dont l’unique objectif est de maximiser son profit à court terme». Immédiatement après cette annulation, les créanciers demanderaient le remboursement de la dette exigible. Une menace qui a fait chuter l’action SoLocal de 5,87% à 3,125 euros, lanterne rouge du SRD.
De quoi faire revenir au galop le spectre du redressement judiciaire, alors que la confiance était revenue avec l’arrivée d’Alexandre Loussert, de Jacques-Henri David, et d’Arnaud Marion au conseil. D’autant qu’ils sont arrivés à un nouvel accord avec les créanciers. «Il était urgent de renégocier rapidement pour ne pas déstabiliser l’entreprise, explique Arnaud Marion, nouvel administrateur de SoLocal. L’incertitude nuit à l’entreprise. Il est maintenant urgent que ce plan soit validé par les créanciers et par les actionnaires. C’est l’emploi de 4.500 collaborateurs qui est en jeu. Je déplore la stratégie du qui perd gagne car elle coûtera cher aux actionnaires et à l’entreprise.»
Coût de la dette élevé
En attendant, Benjamin Jayet revendique de négocier avec les créanciers comme premier actionnaire de SoLocal avec 7% du capital. Mais selon sa déclaration AMF du 5 octobre, près de la moitié de ses titres sont prêtés. En réalité, les premiers actionnaires seraient plutôt Rothschild et DNCA. De plus, Benjamin Jayet, qui était prêt à vendre ses titres au plus offrant, même aux créanciers, avant l’AG du 19 octobre, chercherait toujours des acheteurs, selon plusieurs sources proches du dossier.
Hier soir, Benjamin Jayet a demandé l’inscription de sept résolutions à l’ordre du jour de l’AG du 15 décembre. Il demande l’octroi de 7 actions gratuites pour 1 détenue (au lieu de 1,5 dans le plan actuel), l’attribution aux actionnaires (et pas seulement aux créanciers comme aujourd’hui) de 2 BSA par action au prix de 2 euros, une clause de «lock-up» de trois ans par tiers pour les créanciers, sa nomination et celle de Dominique Bernard et Jérôme Gallot au conseil, l’instauration d’un ratio d’équité de 25 entre le plus haut et le plus bas salaire de l’entreprise, et la suspension des jetons de présence jusqu’à la première distribution de dividendes.
Pour l’heure, SoLocal doit mettre en œuvre sa restructuration. «S’il est trop tôt pour accueillir des investisseurs industriels, nous voulons convaincre des investisseurs stables, par exemple des family offices à participer à l’augmentation de capital de 35 millions d’euros qui leur est réservée», poursuit Arnaud Marion. Bien que le coût de la dette résiduelle de 400 millions n’ait pas été modifié dans le plan et reste à un niveau élevé de 7 à 8%, «SoLocal devrait pouvoir refinancer sa dette dans les 18 mois suivant la restructuration, à un coût qui ne soit plus celui d’une dette high yield au regard de l’amélioration la rentabilité de l’entreprise», poursuit Arnaud Marion.
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« Aucun regret » : les manifestants népalais blessés fiers d'avoir porté le changement
Katmandou - Le 8 septembre, l’étudiant Aditya Rawal a vu 14 personnes tomber devant lui sous les balles de la police près du Parlement népalais où il manifestait contre le blocage des réseaux sociaux et la corruption du gouvernement. Il s’est précipité, les mains en l’air, pour aider l’un de ses camarades quand il a été lui-même atteint à un bras et au ventre. «J’avais entendu quelque part qu’en levant les deux mains, ils ne nous tireraient pas dessus», raconte à l’AFP ce jeune spécialiste de marketing numérique de 22 ans, depuis son lit d’un hôpital de la capitale Katmandou. «Mais j'étais leur cible», ajoute-t-il. Ce lundi-là, Aditya Rawal avait rejoint le cortège de milliers de jeunes, réunis sous la bannière de la «Génération Z», qui dénonçaient un gouvernement à leur yeux corrompu et incapable de satisfaire leurs exigences, notamment en matière d’emploi. Plus de 20% des jeunes Népalais de 15 à 24 ans sont au chômage, selon les estimations de la Banque mondiale. «Il y avait eu beaucoup de manifestations auxquelles participaient des personnes plus âgées, mais lors de la nôtre, ils ont eu recours à des armes à feu», se désole-t-il. Au lendemain de la manifestation, la colère s’est prolongée dans les rues de la capitale, où les principaux symboles du pouvoir - Parlement, bâtiments gouvernementaux, résidences d'élus - ont été incendiés ou détruits. Selon le dernier bilan officiel, ces émeutes, les plus graves depuis l’abolition de la monarchie au Népal en 2008, ont fait au moins 72 morts. Et 191 blessés étaient encore hospitalisés dimanche, comme Aditya Rawal. Le Premier ministre KP Sharma Oli n’a eu d’autre choix que de démissionner, remplacé vendredi par l’ex-cheffe de la Cour suprême Sushila Kalki, 73 ans, à la tête d’un gouvernement provisoire jusqu’aux élections prévues le 5 mars 2026. «Du courage» L’infirmière Usha Khanal, 36 ans, raconte avoir soigné des blessés avec des gants «imbibés de sang» au milieu des gaz lacrymogènes tirés à proximité par les forces de l’ordre. L’hôpital public de Katmandou a admis 458 manifestants blessés, six y sont morts dont quatre âgés de moins de 30 ans. «Nous voulons un gouvernement transparent, sans corruption et pas une dictature», met en garde Aditya Rawal. «S’il n’y a pas de changement, nous avons encore le temps de nous battre.» La cousine d’Aditya Rawal, Puja Kunwar, 20 ans, reste à son chevet depuis lundi. «Il a agi pour notre pays», assure la jeune femme, «cela me donne vraiment du courage». Dans le même service, Subash Dhakal, un manifestant de 19 ans grièvement blessé aux genoux, a été informé par ses médecins. Il devra rester alité pendant six mois. Les sacrifices des victimes «ne doivent pas être vains», souligne-t-il. «Ce que nous avons fait a fait tomber le gouvernement et permis d’en nommer un autre (...) nous ne voulons pas que le pays retourne en arrière». Sa mère enseignante dans une école publique, Bhawani Dhakal, 45 ans, lui avait donné de l’argent pour rejoindre en bus les manifestations depuis leur ville natale, à 30 km de Katmandou. Elle raconte avoir elle-même manifesté, il y a quelques mois, avec des collègues contre un projet de loi sur l'éducation. Sans résultat. «C’est incroyable qu’ils aient réussi à susciter un tel changement en seulement vingt-quatre heures», se félicite-t-elle. «Nos enfants ont fait partir tous les dirigeants corrompus.» Subash Dhakal est tout aussi fier. «Je n’ai aucun regret,» affirme-t-il. «Je ne l’ai pas fait que pour moi mais pour tout le monde, de ma famille à tous les frères. La douleur (de ma blessure) est éphémère, elle aura surtout permis des changements». Glenda KWEK and Anup OJHA © Agence France-Presse -
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