
Le luxe souffre des effets pervers de la baisse de l’euro
Alors que le luxe est traditionnellement un refuge en temps de crise, le secteur a souffert depuis l’année dernière. En témoigne encore la baisse du résultat net de Prada, pour la première fois depuis son introduction en Bourse il y a quatre ans: le groupe italien a publié hier un bénéfice de 451 millions d’euros pour son exercice fiscal clos le 31 janvier 2015, en recul de 28% par rapport à l’exercice précédent. Si une contre-performance était anticipée, son ampleur a néanmoins surpris les analystes: le consensus Thomson Reuters SmartEstimate s’établissait à 476 millions d’euros.
A l’instar de Prada, le secteur a souffert de la campagne anticorruption en Chine (où les produits de luxe étaient utilisés sous forme de rémunération en nature), ainsi que des troubles politiques à Hong-Kong. En outre, les incertitudes économiques n’ont pas permis à l’Europe de contribuer autant que de coutume. Le dynamisme en Amérique du Nord n’a pas compensé la tendance.
En outre, la baisse de l’euro, si elle a pu profiter aux entreprises du Vieux Continent, a également eu des effets pervers. Accroissant le pouvoir d’achat des touristes extra-européens, elle a par ricochet pesé sur les ventes dans les pays d’origine de ces clients. Ce phénomène a poussé les marques à agir sur les prix afin de ne pas laisser s’installer un écart trop important entre l’Europe et le reste du monde. Chanel a exemple augmenté récemment ses tarifs de 10% sur le Vieux continent et les a baissés d’environ 20% en Chine continentale et à Hong-Kong. Selon HSBC, le phénomène pourrait se généraliser en Europe au cours des prochains 12 à 18 mois.
Mais la marge de manœuvre est limitée: étant donné la demande encore faible des consommateurs européens, les groupes doivent rester prudents lorsqu’ils augmentent les prix. «Les évolutions de change extrêmes sont flatteuses en termes de ventes et de résultats, mais elles apportent leur lot de défis importants, comme les problèmes de la revente sur le marché gris [les marchandises acquises sur le Vieux Continent et revendues ailleurs] et les ajustements de prix», confirment les analystes de JPMorgan Cazenove.
Dans ce contexte, «LVMH est plutôt mieux armé grâce à des atouts fondamentaux: son pouvoir important sur la fixation des prix et son importante capacité d’innovation. Mais quoi qu’il en soit, ces défis sont malvenus et nouveaux dans leur magnitude», poursuit le courtier, même pour un groupe comme LVMH.
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Gurdaspur - La saison s’annonçait prometteuse mais les inondations causées par les fortes pluies de la mousson ont dévasté les champs dans le nord de l’Inde, où récoltes et bétail tué en décomposition dégagent une odeur nauséabonde. L’Etat du Pendjab, considéré comme le grenier à blé du pays, a connu cette année des niveaux de précipitations supérieurs de 34% à la moyenne, selon les services de météorologie. Leur bilan est sans précédent: au moins 52 morts, plus de 400.000 habitants sinistrés. Et des dégâts considérables des deux côtés de la frontière qui sépare les Pendjab indien et pakistanais. «Les cultures ont été entièrement détruites», a constaté le ministre indien de l’Agriculture, Shivraj Singh Chouhan, lors d’une récente visite. Le Premier ministre Narendra Modi a annoncé une aide d’urgence de 150 millions d’euros. «Il s’agit des plus graves inondations que nous traversons depuis des décennies», a insisté le chef de l’exécutif du Pendjab, Bhagwant Mann. Un sentiment partagé par les anciens. «La dernière fois que nous avons connu des inondations aussi dévastatrices, c'était en 1988", se souvient Balkar Singh, 70 ans, dans son petit village de Shehzada, à une trentaine de kilomètres de la grande ville d’Amritsar. Les pluies diluviennes de la mousson ont transformé ses rizières en marais et ouvert d'énormes fissures dans les murs de sa maison. Investissements noyés Les inondations et les glissements de terrain sont fréquents de juin à septembre en Inde. Les scientifiques assurent que le changement climatique, combiné au développement mal planifié des infrastructures, a augmenté leur fréquence, leur gravité et leur impact. Coincé entre le fleuve Ravi et la frontière du Pakistan, le village de Toor n’a pas échappé au déluge. Récoltes détruites, bétail noyé et maisons démolies, il n’est plus qu’un champ de ruines. «L’eau a déferlé après minuit le 26 août», témoigne un agriculteur, Surjan Lal. «Son niveau a atteint au moins trois mètres en quelques minutes», poursuit-il. «On s’est retrouvés sur les toits pendant près d’une semaine, impuissants, à regarder l’eau tout emporter, du bétail à nos lits.» Dans le village voisin de Lassia, collé au Pakistan, Rakesh Kumar compte ses pertes. «En plus de celles dont je suis propriétaire, j’ai pris d’autres terres en bail et je me suis lourdement endetté cette année», explique cet agriculteur âgé de 37 ans. «Tous mes investissements sont partis avec l’eau des inondations...» Et comme si ça ne suffisait pas, il y a peu de chance pour que le blé qu’il a planté dans ses champs pour l’hiver lui rapporte grand-chose. «Il faudrait d’abord que toute cette boue sèche», fulmine-t-il, «ce n’est qu’après que les machines pourront évacuer le limon». Et encore, acheminer ces engins sur place relève du défi logistique. Pour ceux qui ne possèdent pas leur terre comme Mandeep Kaur, 50 ans, la situation s’annonce encore plus délicate. Menaces sur le basmati «On gagnait notre vie en travaillant pour les grands propriétaires mais ils sont tous partis», constate l’ouvrière agricole. Sa maison a été entièrement détruite par les eaux, elle est désormais contrainte de dormir sur un matelas posé sous une bâche dans la cour. Le Pendjab est le principal fournisseur du riz et du blé livrés dans le cadre des programmes alimentaires d’urgence réservés aux Indiens les plus modestes. Quelque 800 millions mangent grâce à eux, soit plus de la moitié de la population du pays le plus peuplé de la planète. Les experts estiment que les pertes attendues cette année ne menacent pas encore ces programmes, qui disposent d’importants stocks. «La baisse des récoltes dans le Pendjab indien et pakistanais va lourdement peser sur les prix et les exportations de riz basmati», alerte toutefois Avinash Kishore, de l’Institut international de recherche sur la politique agricole de New Delhi. A l’heure où la hausse des droits de douane imposés à l’Inde par les Etats-Unis a rendu son riz basmati bien moins compétitif, les inondations risquent de lui porter un nouveau coup. Pour les producteurs du Pendjab, la route du redressement s’annonce d’autant plus difficile que les autorités locales se sont retirées d’un programme d’assurance fédérale jugé trop cher. Alors Balkar Singh a bien du mal à rester optimiste. «J’ai toujours de l’eau jusqu’au genou dans ma ferme», rappelle l’agriculteur, «je ne sais pas trop ce que l’avenir nous réserve». Arunabh SAIKIA © Agence France-Presse -
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